"Dans la Chanson des Nibelungen, Etzel est un puissant roi, "de haute renommée" et "de grandes richesses" (str. 1146), dont la résidence se trouve à Gran, sur le Danube, dans l'actuelle Hongrie (str. 1497). Sa cour est plus brillante, plus riche que la cour des rois burgondes à Worms, il a de même plus de terres et de vassaux que les princes burgondes, puisque "du Rhône jusqu'au Rhin, de l'Elbe jusqu'à la mer, il n'est point de roi aussi puissant que lui", comme le dit de lui Giselher, qui conseille à sa soeur Kriemhild d'accepter sa demande en mariage (str. 1244).

La religion d'Etzel n'est pas mise en question; il est représenté par le poète de la Chanson comme le modèle même de la tolérance, puisque "près de lui se rencontraient en tout temps - chose qu'on ne reverra guère - la foi des chrétiens et la loi religieuse des païens. Quel que fût le mode de vie de chacun, la générosité du roi faisait en sorte que tous fussent comblés de ses dons" (str. 1335). Il permet qu'on baptise "selon la règle chrétienne" l'enfant que lui donne Kriemhild (str. 1388). Il y a à Gran une cathédrale, où l'on dit la messe, et selon l'usage chrétien on sonne les cloches (str. 1850) cependant "chrétiens et païens chantaient différemment" (str. 1851).

C'est un roi sage, magnifique, hospitalier, cordial. A sa cour vivent des guerriers venus de tous les horizons, "de hardis guerriers de langages divers, de nombreuses et vastes troupes de chrétiens et de païens" (str. 1338 sqq.), de nombreux chevaliers "soumis à la loi chrétienne" (1262); mais héros chrétiens et héros païens observaient leurs coutumes propres (1353). Des Germains chrétiens se sont mis à son service: ainsi le margrave Rüedeger, qui administre au nom d'Etzel la marche occidentale du royaume d'Etzel, et qui a sa résidence à Bechelaren, ou encore Dietrich von Berri, qui a trouvé refuge à sa cour après avoir été chassé de son pays." (Actes, p. 10).

"On le voit, le personnage d'Attila s'est conquis une place de choix dans les arts, la musique et surtout dans la littérature, notamment dans la littérature germanique, dans laquelle, à côté de l'Atli féroce, sauvage et assoiffé de sang et d'or de la tradition scandinave, c'est surtout le roi pacifique, tolérant, généreux et hospitalier qui domine et reste dans la mémoire, comparable à Charlemagne ou au roi Artus." (Actes, p. 14)