Pulchérie et Honoria

Extraits du roman de Grigori TOMSKI, Les amis d’Attila, Editions du JIPTO, 2005, 360 p.
ISBN : 2–35175–003–9

Eugène, l’ami de la princesse Honoria, est tué par un des agents secrets de l’empereur Valentinien. Mais qui a donné l’ordre ? Honoria savait que dans un tel cas de meurtre sans jugement, on donne à l’agent un ordre écrit, pour qu’il soit protégé ensuite contre toute poursuite judiciaire.

Aetius et Valentinien ont entouré cette affaire d’un brouillard épais. Ils ont dit que la princesse était soupçonnée de la préparation d’un coup d’Etat avec Eugène. Honoria voulut effectuer une enquête afin d’apprendre la vérité sur la mort d’Eugène et s’est trouvée aussitôt sous le coup d’une arrestation domestique. On lui refusait même d’assister au mariage de son frère Valentinien. Afin d’éviter l’accroissement du scandale on lui proposa de partir pour Constantinople et de prier Dieu pour qu’il pardonne ses péchés, de mener une vie pieuse et de ne pas se marier. Honoria sentit que sa vie était en danger et après une période durable de désespoir et de souffrances décida de rejoindre à Constantinople sa mère et son bon oncle Théodose, l’empereur de l’Empire romain d’Orient.

Honoria se trouve ainsi dans la compagnie, étrange pour elle, des soeurs de Théodose et leur suite de nobles vierges. La princesse, habituée aux parures, est obligée de porter des vêtements sobres. Malgré la fragilité de l’alimentation dans le palais, les jeûnes durent souvent plusieurs jours. On emploie une partie du temps à des ouvrages de broderie. Tous rivalisent dans l’ardeur religieuse, y compris l’empereur Théodose, et consacrent plusieurs heures du jour et de la nuit à prier et à réciter des psaumes.

Honoria assiste à la lutte acharnée entre Pulchérie et Eudoxie. Après le mariage de sa fille avec Valentinien, l’impératrice fait un pèlerinage à Jérusalem. Pendant ce voyage elle donne au moins vingt mille quatre cents livres d’or (environ huit tonnes!) à l’église à des buts de bienfaisance. Assise sur un trône d’or orné par des pierres précieuses, elle prononce un discours devant le sénat de la ville d’Antioche et accepte que les habitants reconnaissants lui érige une statue. Elle revient à la capitale avec les chaînes de saint Pierre, trouvées par elle, la main droite de saint Etienne et le portrait de la Vierge, peint par saint Luc. Après ce voyage, Eudoxie voudrait commencer à gouverner l’empire, sans porter attention aux ambition de Pulchérie, et les deux Augustes commencent une lutte cruelle.

Pulchérie ordonne l’exécution du beau Poline, maître d’office et ami d’Eudoxie. On fait circuler la rumeur, qu’il était un amant de l’impératrice. Honoria est bouleversée par cette affaire qui lui rappelle la mort de son beau et gai Eugène.

Cyrus, un autre ami d’Eudoxie, qui était préfet du prétoire d’Orient, est disgracié. Ainsi Pulchérie réussit refroidir les sentiments de son frère envers Eudoxie, belle et talentueuse, mais trop ambitieuse.

Honoria rêvait de gens honnêtes et courageux, directs comme elle. Elle souffrait dans cette atmosphère des meurtres, des intrigues et de l’hypocrisie. Elle tentait de parler avec sa mère, mais Galla Placidia était entièrement absorbée par les intrigues contre le perfide Aetius, si puissant grâce au soutien des Huns.

***

Elle entendait tout le temps parler des Huns. Honoria les avait vus pour la première fois en 425, année d’angoisse pour sa famille, quand les détachements de leur cavalerie, dans un ordre irréprochable avec les armures et les armes étincelantes au soleil, ont passé en fier défilé devant la colline où elle se trouvait à côté de son frère, qui venait de devenir empereur, et sa mère devenue régente. La princesse avait alors huit ans. Elle sentait la nervosité de sa mère et de son entourage. C’était Aetius qui commandait ce défilé, il venait ensuite à Ravenne toujours accompagné de ses officiers et des gardes huns.

On parlait beaucoup du passage de l’ambassadeur Oreste au service d’Attila. Alors Honoria comprit, que les Huns ne sont que des hommes braves et courageux, mais que leurs rois mènent une grande politique. Comme tout le monde, Honoria était éblouie par la nouvelle de la trouvaille par Attila de l’épée d’or de la Victoire. Elle comprend qu’Attila est aussi un empereur au même titre que les empereurs romains, qu'il n’est pas faible et sans caractère comme son bon oncle Théodose mais, tout au contraire, qu'il a des projets intéressants et la volonté de les réaliser. Honoria n’attendait pas de son oncle un héroïsme militaire ou de l’art stratégique. C’était un bon juriste, un grand codificateur du droit romain, mais il n’utilisait même pas cette compétence pour la gestion de son pays. L’empire était dirigé par deux Augusta en lutte et les Grands eunuques. Honoria voyait que la cour de Constantinople copiait les moeurs de la cour persane, étrangères à elle. Par exemple, les eunuques ne jouaient pas un grand rôle à Ravenne, tandis qu’à Constantinople, ils étaient organisés en puissante corporation selon le modèle persan. Il leur était facile de trouver une entente avec Pulchérie qui limitait l’accès au palais des hommes.

Honoria voit dans son rêve Attila sur un cheval blanc avec une épée d’or. Elle n’était pas depuis longtemps avec un homme. Et elle veut tellement aimer un vrai homme ! Mais Attila est, quand même, un Barbare. Eh bien, quoi alors ? En effet, sa mère Galla Placidia était marié au roi barbare Ataulphe. Mais elle a fait cela dans les intérêts de Rome. Le noble Oreste est passé au service d’Attila, d’après lui, aussi dans les intérêts de Rome ! Mais si elle, Honoria, se mariait avec Attila, elle ferait pour Rome beaucoup plus. Ataulphe était un petit chef en comparaison de l’empereur Attila derrière lequel suit la foule des rois ! Alors cesseront les intrigues du perfide Aetius. Rome recevra la cavalerie invincible et les frontières de l’Empire romano-hunnique s’étendront jusqu’à la Chine !

Mais Attila aime beaucoup Kerka. On dit qu’elle est très belle et très intelligente. Devenir la deuxième femme ? Elle, princesse romaine, qui était Augusta et avait donc avec son frère Valentinien presque les même droits sur l’Empire romain d’Occident ! Non, Honoria ne peut être que la première !

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