Khan Oros

Extraits du roman de Grigori TOMSKI, Les amis d’Attila, Editions du JIPTO, 2005, 360 p.
ISBN : 2–35175–003–9

Les steppes sur l’autre rive du Danube présentaient un contraste saisissant avec les provinces de l’Empire connues par Salvien et avec une partie de la Pannonie occupée par les Huns. On ne voyait plus ni villes, ni fermes en pierre, ni jardins. En revanche, le pays était rempli de troupeaux de chevaux et de vaches. On voyait des hameaux de maisons octogonales et de yourtes rondes en feutre. Les ateliers métallurgiques et les fabriques de briques et de poterie fumaient. Les détachements de guerriers et les convois de chariots sillonnaient les chemins. Sur les lacs et les rivières, des pêcheurs en bateaux légers, parfois en écorce de bouleaux, vérifiaient leurs filets.

Enfin, après avoir monté un col entre de hautes collines, les voyageurs aperçoivent un panorama extraordinaire, une ville circulaire de neuf enceintes concentriques faites de hautes palissades de troncs peints et vernis. Des tours de bois coiffées de toits de couleur aux formes curieuses, ronds et pointus comme les casques des guerriers huns, les surmontent. Salvien ne comprend pas si c’est pour renforcer la défense ou par souci esthétique. A l’intérieur des neuf enceintes se blottit une ville de maisons rondes en bois, ressemblant aux yourtes des Huns, disposées le long des rues circulaires. Dans l’espace central de cet ensemble architectural impressionnant s’élève le palais royal, composé de plusieurs constructions rondes. Les camps militaires, les stationnements des caravanes de commerçants et les marchés, les villages des artisans sont dispersés autour de cette ville.

L’ambassade s’arrête non loin de la ville et les Romains montent leur tentes dans un des endroits, situés sur le bord d’une rivière, aménagés pour les délégations étrangères. Puis Salvien et Sabir entrent en ville. Les maisons rondes sont en réalité des maisons octogonales bien construites, certaines sont sculptées et laquées. Par les fenêtres ouvertes, Salvien voit des murs décorés de tentures de soie et de fourrures, des planchers couverts de tapis et de peaux, des tables basses, rondes ou ovales.

La majorité des hommes sont en veste de laine, dans de larges pantalons blancs, chaussés de bottes en cuir munies de ceinturons à hauteur de la cheville. Salvien remarque que les femmes sont vêtues de façon élégante et soignée, portent des gilets brodés et des jupes bleues avec ou sans bordure claire, des chemises blanches un peu longues avec des jabots autour du cou et des bras, parfois décorés de dentelles. Les jeunes filles, tête nue, décorent leurs cheveux de monnaies. Toutes les filles, même les plus petites, portent des boucles d’oreilles, des bracelets et des bagues. Le Romain remarque la politesse des habitants, leurs sourires sincères et leur intérêt pour les étrangers.

Ils traversent deux murs et entrent dans une grande tour près de la troisième porte. Sabir discute avec les officiers de garde dans la tour et se tourne vers Salvien :

- Khan Oros est au courant de notre arrivée. Il nous recevra demain à midi. Attila est parti pour l’Oural effectuer une inspection. Il doit rentrer dans un mois. On a préparé pour votre ambassade une maison en ville, vos tentes vous serviront de résidences secondaires. Mon détachement reste là-bas garder le camp.

***

Le khan principal des Huns reçoit l’ambassade dans son palais. Les Romains entrent dans une grande salle de réception, encadrée de panneaux de bois d’un poli remarquable, ornés de dessins en relief et de tentures et sculptures. De grandes colonnes rondes soutiennent le plafond. Khan Oros, vêtu d’une chemise de soie, est assis sur un siège élevé sur une estrade avec trois marches. Il porte une ceinture composée de plaques rectangulaires en or avec des reliefs et des dessins fins. Les officiers et les autres chefs qui l’entourent, ont des armes et même des chaussures décorées de plaques d’or incrustées de pierres précieuses et semi-précieuses.

La cérémonie de remise de la lettre et des cadeaux se déroule dans une atmosphère détendue et passe vite. Le khan rappelle le rôle des armées hunes dans la défense de l’Empire romain d’Occident et son titre honorifique de général de l’Empire romain d’Orient :

- Je suis devenu le khan des Huns après la mort de Mundzuc, mon frère aîné. Depuis, pendant vingt ans, nous n’avons pas eu de conflits sérieux avec les Romains. Le prince Uldin, fondateur de cette ville, a aidé à plusieurs reprise les Romains à repousser les invasions des Goths. Après la mort de mon frère Octar, je suis devenu le khan principal des Huns du Danube à l’Oural et plus loin. Le prince Attila, après son retour d’Italie, a fait preuve de capacités brillantes et a fait beaucoup pour la consolidation de notre El divin - Union des peuples et tribus huns. C’est pourquoi, il a reçu récemment le titre de khan. Mon frère cadet Oer-Bars est khan des Huns de Caucase. Par la volonté du Dieu unique et tout puissant, les Goths, les Gépides et les autres peuples germaniques, les Alains, les Sakas et les autres tribus scythes, ainsi que les Ougres et les Slaves sont entrés dans notre El. Je crois que la paix entre les empires romains et notre Grande union contribuera à la paix entre les peuples de l’Afrique et l’Espagne à la Sibérie et la Bactriane.

Oreste répond brièvement et modestement :

- La régente Galla Placidia m’a demandé de vous transmettre une lettre de la part de l’empereur Valentinien III avec l’expression de l’amitié et l’espoir du renforcement des relations pacifiques entre nos Etats. Nous estimons beaucoup les guerriers huns et rémunérons correctement leurs services dans notre Empire. Votre sage décision d’envoyer le prince Attila faire ses études en Italie et l’autorisation aux détachement huns de servir dans nos troupes rapproche nos peuples.

Salvien sent que la réponse du jeune et noble Romain plaît au roi hun, qui a l’âge du père de l’ambassadeur. Le khan conseille gentiment à l’ambassadeur d’attendre le retour d’Attila :

- Il connaît bien vos us et coutumes, je lui demanderai de composer une réponse à la régente de ma et de sa part. Donnez la lettre pour Attila à Kere-ko, épouse du jeune khan. Elle gère toutes ses affaires et peut envoyer cette lettre à son mari par un messager. Je partirai demain pour le Caucase rencontrer le khan Oer-Barse. Vous pouvez vous déplacer librement dans notre pays accompagné par mes hommes qui garantiront votre sécurité.

Oros sourit :

- Vous, les Romains, ne pouvez pas vous passez de bains. Je vous permets de visiter les bains et la piscine du palais. Il y a aussi, dans la ville, une bibliothèque créée sur la base des livres rapportés d’Italie par Attila. Bientôt, vous pourrez assister à notre Grande fête.

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