Scène 7
Palais d’Attila.
Une épée
en or est suspendue sur un mur
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MARC : L’épée
d’or de la Victoire ! Racontez-moi, prince, encore une fois
cette trouvaille miraculeuse.
ELLAK : Un berger hun de la steppe, à l’est du Don,
voit boiter une de ses génisses. Il examine les pieds
de l’animal et voit une blessure. Suivant avec attention
la trace sanglante, il découvre avec une immense surprise
la pointe d’un glaive d’or, qui sort de la terre. Il
comprend tout de suite que c’est un message divin. La rumeur
de cette découverte se répand rapidement du Danube
jusqu’à la frontière chinoise. Des feux de
joie s’allument chez toutes les tribus hunniques, qui considèrent,
elles-aussi, la trouvaille de l’épée d’or
comme un message de Tangra. Dieu donnait à Attila la victoire,
il l’informait qu’il était de son côté
pour toutes ses affaires.
MARC : Sans aucun doute ! Pour les Romains aussi, c’est
un miracle qui confirme l’origine divine du pouvoir de votre
père. Après la mort d’Oros, il a été
proclamé khan principal des Huns et maintenant, après
la trouvaille de l’épée d’or de la Victoire,
il est proclamé empereur du Nord. Aetius en personne est
arrivé pour féliciter son ami de ce grand évènement.
Il est intéressant de voir une foule de rois de différents
peuples qui accompagnent Attila, épiant ses gestes.
Entrent Attila et Aetius.
AETIUS : Les habitants de la
Gaule sont très impressionnés par les victoires
de mes cavaliers huns sur les Burgondes, qui ont tenté
d’envahir la Belgique, et la libération de Narbonne
assiégée par les Wisigoths.
ELLAK : On dit, qu’après un long siège, les
habitants de Narbonne, ont été réduits par
la famine aux dernières extrémités. Les
murs ont commencé à céder aux coups de béliers
et aux tirs des catapultes.
AETIUS : Mon armée hune est venue à temps après
la défaite des Burgondes. Chaque cavalier transporte,
sur la croupe de son cheval, deux sacs de farine pour les citadins
terriblement affamés. Les Wisigoths ont fui et les habitants
nous ont accueilli avec des fleurs. Salvien, évêque
de Marseille a été ému par ses évènements
et a écrit : «Nous plaçons notre espoir dans
les Huns et les Huns placent le leur en Dieu».
ATTILA : C’est beau : «Nous plaçons notre espoir
dans les Huns et les Huns placent le leur en Dieu» ! Je
suis maintenant plus sûr que la création de l’Empire
romano-hunnique est effectivement possible.
AETIUS : Il faut nous presser. Le temps passe vite. Valentinien
a épousé la fille de Théodose et commence
à se sentir un vrai empereur, il n’écoute
plus toujours mes conseils. Mes adversaires se lèvent
la tête. Un d’eux, le préfet Albin, est proclamé
patrice d’Occident et intrigue beaucoup contre moi.
ATTILA : Aujourd’hui mon attention est attirée vers
l’Orient. Constantinople ne respecte pas toutes les conditions
du traité de Margum. Ma patience touche à sa fin.
Encore un incident grave et l’Empire romain d’Orient
sera puni ! |
Scène 8
Une salle du palais
impérial de Constantinople
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HONORIA : Comme sont tristes
les années d’exil ! Je suis dans la compagnie étrange
des sœurs de Théodose et leur suite de nobles vierges.
Moi, habituée aux parures, je suis obligée de porter
des vêtements sobres. Tous rivalisent dans l’ardeur
religieuse, y compris l’empereur Théodose, et consacrent
plusieurs heures du jour et de la nuit à prier et à
réciter des psaumes. Le palais impérial est devenu
semblable à un couvent. L’entrée est interdite
aux hommes, excepté les prêtres, les gardes et de
rares employés. Cela n’empêche cependant pas
les intrigues du palais. Les sœurs ont réussi à
brouiller Théodose avec l’impératrice Eudoxie,
belle et joviale. Elle est maintenant en exil, ses ami sont exécutés.
Comme je souffre dans cette atmosphère de meurtres, d’intrigues
et d’hypocrisie ! Je rêvais de gens honnêtes
et courageux. Je ne parle même pas avec ma mère
car elle est entièrement absorbée par les intrigues
contre Aetius, si puissant grâce au soutien des Huns.
Les Huns ! Enfants des grands espaces ! Je les ai vus pour la
première fois à huit ans. Les détachements
de leur cavalerie, dans un ordre irréprochable avec les
armures et les armes étincelantes au soleil, ont passé
en fier défilé devant la colline où je me
trouvais à côté de mon frère, qui
venait de devenir empereur, et ma mère devenue régente.
Je sentais la nervosité de ma mère et de son entourage.
J’ai compris ensuite que les Huns ne sont que des hommes
braves et courageux, mais que leurs rois mènent une grande
politique. Comme tout le monde, j’ai été éblouie
par la nouvelle de la trouvaille par Attila de l’épée
d’or . de la Victoire. Puis la guerre a éclaté
par la faute des diplomates de Constantinople car l’Empire
d’Orient est gouverné par des femmes et des eunuques
sans aucune sagesse politique. Pendant les années de cette
guerre Théodose ne s’est pas montré une seule
fois sur un champ de bataille, toutes ses armées sont
maintenant décimées.
J’ai vu dans mon rêve Attila sur un cheval blanc avec
une épée d’or. Cela fait longtemps que je
ne suis avec un homme. Et je veux tellement aimer un vrai homme
! Mais Attila est, quand même, un Barbare. Eh bien, quoi
alors ? En effet, ma mère Galla Placidia était
marié au roi barbare Ataulphe. Mais elle a fait cela dans
les intérêts de Rome. Le noble Oreste est passé
au service d’Attila, d’après lui, aussi dans
les intérêts de Rome ! Mais si moi, Honoria, me
mariais avec Attila, je ferais pour Rome beaucoup plus. Ataulphe
était un petit chef en comparaison de l’empereur
Attila derrière lequel suit la foule des rois ! Alors
cesseront les intrigues du perfide Aetius. Rome recevra la cavalerie
invincible et les frontières de l’Empire romano-hunnique
s’étendront jusqu’à la Chine !
Mais Attila aime beaucoup Kerka. On dit qu’elle est très
belle et très intelligente. Devenir la deuxième
femme ? Elle, princesse romaine, qui était Augusta et
avait donc avec son frère Valentinien presque les même
droits sur l’Empire romain d’Occident ! Non, Honoria
ne peut être que la première !
On entend de grands bruits
et des grondements.
HONORIA : Jacinte, qu’est ce qui se passe !
Entre Jacinte.
JACINTE : C’est de nouveau un tremblement de terre mais
plus faible qu’il y a quelque mois. Alors cinquante huit
tours ont été endommagées et une énorme
panique a commencé à Constantinople. Les habitants
ont pensé que Dieu les punit pour leurs péchés
et leur aide aux Huns qui étaient, après leurs
victoires, non loin.
HONORIA : En effet, pourquoi Attila n’a-t-il pas achevé
la victoire sur l’Empire d’Orient par la prise de Constantinople,
quand Dieu, lui-même, était de son côté?
JACINTE : Peut être, le succès militaire n’est-il
pas l’élément principal de ses conquêtes.
HONORIA : Comment est-ce possible ?
JACINTE : Il me semble qu’Attila est avant tout un grand
diplomate. Ses actions montrent qu’il tient à la
vie de ses guerriers. Le diplomate se réjouit de la possibilité
d’accorder aux guerriers le repos, tout en observant attentivement
les actions de l’ennemi. Pourquoi se battre quand il peut
obtenir sans batailles ce qu’il lui faut maintenant ?
HONORIA : Merci. Je me suis calmée, tu es libre.
Jacinte sort.
HONORIA : Ce jeune serviteur est très positif à
la différence des autres eunuques et éprouve pour
moi une sympathie et une amitié sincère. Dommage
qu’Attila n’ait pas pris Constantinople ! Je serais
alors en captivité honorifique comme ma mère lorsqu’elle
a été capturée par les Goths après
la prise de Rome. Alors aurait pu commencer une nouvelle vie,
plus libre et, peut-être, heureuse. |
Scène 15
Palais impérial
à Rome
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VALENTINIEN : J’ai été
obligé toute ma vie de supporter Aetius. Pendant de longues
années j’ai dû m’humilier devant ce personnage
! Il est mon ennemi qui voulait avec son ami Jean l’Usurpateur
me supprimer enfant. Combien de fois j’ai vu dans mes rêves
ces gens me tuer et je me réveillais en criant et je ne
pouvais plus dormir jusqu’au matin ! Ma pauvre mère
a dû se réfugier à Constantinople. Je n’oublierai
jamais ses mots prononcés à plusieurs reprises
avec les larmes aux yeux comme un serment : «Un jour viendra,
où Aetius répondra de ses crimes ! » Pourtant
Aetius n’était qu’une créature politique
d’Attila. Sans le soutien des Huns sa tête aurait
dû tomber avec celle de Jean et il aurait dû être
oublié par tout le monde. Sans l’aide de son ami
Attila il aurait dû être puni cruellement pour le
meurtre de Boniface.
Entre Aetius.
AETIUS : Cher Valentinien,
ma patience touche à sa fin.
VALENTINIEN : Que se passe-t-il?
AETIUS : Gaudentius attend depuis trois ans la main de votre
fille ! Vous m’avez promis plusieurs fois de donner la princesse
Eudoxie à mon fils. Récemment, de nouveau, vous
avez juré solennellement fidélité à
notre amitié. Je compte maintenant que vous exécutiez
votre promesse, donnée il y a longtemps, et depuis plusieurs
fois confirmée.
VALENTINIEN : Maintenant ton ami Attila et même son Empire
n’existent plus. Tu ne peux plus rien obtenir en parlant
d’un tel ton. Je peux ordonner d’effectuer une enquête
sur ton amitié criminelle avec les Huns, sur le meurtre
du comte Boniface et sur tes autres affaires douteuses. Sors
vite d’ici, avant que je ne me fâche plus fort!
AETIUS : Vous avez osé offenser un vieux général
qui a consacré toute sa vie à la défense
de l’Empire! Vous-même, n’avez jamais sorti votre
épée du fourreau !
Valentinien sort son épée
du fourreau et l’enfonce dans la poitrine d’Aetius.
VALENTINIEN : La coupe de la
patience a débordé. Le jour est venu de répondre
pour tes crimes !
Aetius chancelle.
AETIUS : Attila … mon ami … pardonne-moi.
Aetius tombe. |