Théâtre

Grigori TOMSKI, Attila et Aetius, Editions du JIPTO, 2005
ISBN : 2–35175–013–6
Prix : 12 €

Ce livre est composé du drame théâtral «Attila et Aetius» et des commentaires historiques.
Aetius était le premier grand ami romain d’Attila. Ensuite Oreste devient beaucoup plus proche. Sans Attila, Aetius et Oreste n’auraient pas existés comme hommes politiques et chefs militaires importants.
L’estime profonde de ses amis romains issus des familles nobles et orgueilleuses, l’amour de la princesse Honoria parlent d’Attila davantage que ses actions militaires.

Scène 7

Palais d’Attila.

Une épée en or est suspendue sur un mur

 

MARC : L’épée d’or de la Victoire ! Racontez-moi, prince, encore une fois cette trouvaille miraculeuse.
ELLAK : Un berger hun de la steppe, à l’est du Don, voit boiter une de ses génisses. Il examine les pieds de l’animal et voit une blessure. Suivant avec attention la trace sanglante, il découvre avec une immense surprise la pointe d’un glaive d’or, qui sort de la terre. Il comprend tout de suite que c’est un message divin. La rumeur de cette découverte se répand rapidement du Danube jusqu’à la frontière chinoise. Des feux de joie s’allument chez toutes les tribus hunniques, qui considèrent, elles-aussi, la trouvaille de l’épée d’or comme un message de Tangra. Dieu donnait à Attila la victoire, il l’informait qu’il était de son côté pour toutes ses affaires.
MARC : Sans aucun doute ! Pour les Romains aussi, c’est un miracle qui confirme l’origine divine du pouvoir de votre père. Après la mort d’Oros, il a été proclamé khan principal des Huns et maintenant, après la trouvaille de l’épée d’or de la Victoire, il est proclamé empereur du Nord. Aetius en personne est arrivé pour féliciter son ami de ce grand évènement. Il est intéressant de voir une foule de rois de différents peuples qui accompagnent Attila, épiant ses gestes.

Entrent Attila et Aetius.

AETIUS : Les habitants de la Gaule sont très impressionnés par les victoires de mes cavaliers huns sur les Burgondes, qui ont tenté d’envahir la Belgique, et la libération de Narbonne assiégée par les Wisigoths.
ELLAK : On dit, qu’après un long siège, les habitants de Narbonne, ont été réduits par la famine aux dernières extrémités. Les murs ont commencé à céder aux coups de béliers et aux tirs des catapultes.
AETIUS : Mon armée hune est venue à temps après la défaite des Burgondes. Chaque cavalier transporte, sur la croupe de son cheval, deux sacs de farine pour les citadins terriblement affamés. Les Wisigoths ont fui et les habitants nous ont accueilli avec des fleurs. Salvien, évêque de Marseille a été ému par ses évènements et a écrit : «Nous plaçons notre espoir dans les Huns et les Huns placent le leur en Dieu».
ATTILA : C’est beau : «Nous plaçons notre espoir dans les Huns et les Huns placent le leur en Dieu» ! Je suis maintenant plus sûr que la création de l’Empire romano-hunnique est effectivement possible.
AETIUS : Il faut nous presser. Le temps passe vite. Valentinien a épousé la fille de Théodose et commence à se sentir un vrai empereur, il n’écoute plus toujours mes conseils. Mes adversaires se lèvent la tête. Un d’eux, le préfet Albin, est proclamé patrice d’Occident et intrigue beaucoup contre moi.
ATTILA : Aujourd’hui mon attention est attirée vers l’Orient. Constantinople ne respecte pas toutes les conditions du traité de Margum. Ma patience touche à sa fin. Encore un incident grave et l’Empire romain d’Orient sera puni !

Scène 8

Une salle du palais impérial de Constantinople

 

 

HONORIA : Comme sont tristes les années d’exil ! Je suis dans la compagnie étrange des sœurs de Théodose et leur suite de nobles vierges. Moi, habituée aux parures, je suis obligée de porter des vêtements sobres. Tous rivalisent dans l’ardeur religieuse, y compris l’empereur Théodose, et consacrent plusieurs heures du jour et de la nuit à prier et à réciter des psaumes. Le palais impérial est devenu semblable à un couvent. L’entrée est interdite aux hommes, excepté les prêtres, les gardes et de rares employés. Cela n’empêche cependant pas les intrigues du palais. Les sœurs ont réussi à brouiller Théodose avec l’impératrice Eudoxie, belle et joviale. Elle est maintenant en exil, ses ami sont exécutés.
Comme je souffre dans cette atmosphère de meurtres, d’intrigues et d’hypocrisie ! Je rêvais de gens honnêtes et courageux. Je ne parle même pas avec ma mère car elle est entièrement absorbée par les intrigues contre Aetius, si puissant grâce au soutien des Huns.
Les Huns ! Enfants des grands espaces ! Je les ai vus pour la première fois à huit ans. Les détachements de leur cavalerie, dans un ordre irréprochable avec les armures et les armes étincelantes au soleil, ont passé en fier défilé devant la colline où je me trouvais à côté de mon frère, qui venait de devenir empereur, et ma mère devenue régente. Je sentais la nervosité de ma mère et de son entourage. J’ai compris ensuite que les Huns ne sont que des hommes braves et courageux, mais que leurs rois mènent une grande politique. Comme tout le monde, j’ai été éblouie par la nouvelle de la trouvaille par Attila de l’épée d’or . de la Victoire. Puis la guerre a éclaté par la faute des diplomates de Constantinople car l’Empire d’Orient est gouverné par des femmes et des eunuques sans aucune sagesse politique. Pendant les années de cette guerre Théodose ne s’est pas montré une seule fois sur un champ de bataille, toutes ses armées sont maintenant décimées.
J’ai vu dans mon rêve Attila sur un cheval blanc avec une épée d’or. Cela fait longtemps que je ne suis avec un homme. Et je veux tellement aimer un vrai homme ! Mais Attila est, quand même, un Barbare. Eh bien, quoi alors ? En effet, ma mère Galla Placidia était marié au roi barbare Ataulphe. Mais elle a fait cela dans les intérêts de Rome. Le noble Oreste est passé au service d’Attila, d’après lui, aussi dans les intérêts de Rome ! Mais si moi, Honoria, me mariais avec Attila, je ferais pour Rome beaucoup plus. Ataulphe était un petit chef en comparaison de l’empereur Attila derrière lequel suit la foule des rois ! Alors cesseront les intrigues du perfide Aetius. Rome recevra la cavalerie invincible et les frontières de l’Empire romano-hunnique s’étendront jusqu’à la Chine !
Mais Attila aime beaucoup Kerka. On dit qu’elle est très belle et très intelligente. Devenir la deuxième femme ? Elle, princesse romaine, qui était Augusta et avait donc avec son frère Valentinien presque les même droits sur l’Empire romain d’Occident ! Non, Honoria ne peut être que la première !

On entend de grands bruits et des grondements.
HONORIA : Jacinte, qu’est ce qui se passe !

Entre Jacinte.
JACINTE : C’est de nouveau un tremblement de terre mais plus faible qu’il y a quelque mois. Alors cinquante huit tours ont été endommagées et une énorme panique a commencé à Constantinople. Les habitants ont pensé que Dieu les punit pour leurs péchés et leur aide aux Huns qui étaient, après leurs victoires, non loin.
HONORIA : En effet, pourquoi Attila n’a-t-il pas achevé la victoire sur l’Empire d’Orient par la prise de Constantinople, quand Dieu, lui-même, était de son côté?
JACINTE : Peut être, le succès militaire n’est-il pas l’élément principal de ses conquêtes.
HONORIA : Comment est-ce possible ?
JACINTE : Il me semble qu’Attila est avant tout un grand diplomate. Ses actions montrent qu’il tient à la vie de ses guerriers. Le diplomate se réjouit de la possibilité d’accorder aux guerriers le repos, tout en observant attentivement les actions de l’ennemi. Pourquoi se battre quand il peut obtenir sans batailles ce qu’il lui faut maintenant ?
HONORIA : Merci. Je me suis calmée, tu es libre.
Jacinte sort.
HONORIA : Ce jeune serviteur est très positif à la différence des autres eunuques et éprouve pour moi une sympathie et une amitié sincère. Dommage qu’Attila n’ait pas pris Constantinople ! Je serais alors en captivité honorifique comme ma mère lorsqu’elle a été capturée par les Goths après la prise de Rome. Alors aurait pu commencer une nouvelle vie, plus libre et, peut-être, heureuse.

Scène 15

Palais impérial à Rome

 

 

VALENTINIEN : J’ai été obligé toute ma vie de supporter Aetius. Pendant de longues années j’ai dû m’humilier devant ce personnage ! Il est mon ennemi qui voulait avec son ami Jean l’Usurpateur me supprimer enfant. Combien de fois j’ai vu dans mes rêves ces gens me tuer et je me réveillais en criant et je ne pouvais plus dormir jusqu’au matin ! Ma pauvre mère a dû se réfugier à Constantinople. Je n’oublierai jamais ses mots prononcés à plusieurs reprises avec les larmes aux yeux comme un serment : «Un jour viendra, où Aetius répondra de ses crimes ! » Pourtant Aetius n’était qu’une créature politique d’Attila. Sans le soutien des Huns sa tête aurait dû tomber avec celle de Jean et il aurait dû être oublié par tout le monde. Sans l’aide de son ami Attila il aurait dû être puni cruellement pour le meurtre de Boniface.

Entre Aetius.

AETIUS : Cher Valentinien, ma patience touche à sa fin.
VALENTINIEN : Que se passe-t-il?
AETIUS : Gaudentius attend depuis trois ans la main de votre fille ! Vous m’avez promis plusieurs fois de donner la princesse Eudoxie à mon fils. Récemment, de nouveau, vous avez juré solennellement fidélité à notre amitié. Je compte maintenant que vous exécutiez votre promesse, donnée il y a longtemps, et depuis plusieurs fois confirmée.
VALENTINIEN : Maintenant ton ami Attila et même son Empire n’existent plus. Tu ne peux plus rien obtenir en parlant d’un tel ton. Je peux ordonner d’effectuer une enquête sur ton amitié criminelle avec les Huns, sur le meurtre du comte Boniface et sur tes autres affaires douteuses. Sors vite d’ici, avant que je ne me fâche plus fort!
AETIUS : Vous avez osé offenser un vieux général qui a consacré toute sa vie à la défense de l’Empire! Vous-même, n’avez jamais sorti votre épée du fourreau !

Valentinien sort son épée du fourreau et l’enfonce dans la poitrine d’Aetius.

VALENTINIEN : La coupe de la patience a débordé. Le jour est venu de répondre pour tes crimes !
Aetius chancelle.
AETIUS : Attila … mon ami … pardonne-moi.
Aetius tombe.

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