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ISBN : 2351750098 Prix : 15 Le Tangraïsme, repensé sur les bases philosophiques modernes, peut intéresser des esprits scientifiques et attirer leur attention vers une approche épistémologique du chamanisme, des pouvoirs mystérieux de la foi, des phénomènes paranormaux. |
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Une religion qui est née
il y a au moins 2300 ans, qui a été répandue
sur une grande partie de lEurasie pendant plus de 1500
ans, peut être légitimement classée parmi
les grandes religions : Il y a plusieurs lettres des
khans mongols qui parlent de leur religion. Voici, par exemple,
un extrait de la lettre du Grand khan Güyük au pape
romain Innocent IV datée du 11 novembre de 1246 : Guillaume de Rubrouck cite
la lettre du Grand khan Monka à Saint Louis, écrite
en 1254 : Rubrouck était témoin
dune déclaration intéressante de Monka :
Ces documents montrent quà lépoque de lEmpire mongol linterprétation monothéiste de la religion tangraïste était dominante. Cette religion servait à lidée de lunion des peuples « dans la joie et la paix », cest-à-dire, de la création dun Gouvernement mondial ! Idée dun Gouvernement mondial En effet, la religion tangraïste
a servi longtemps à la consolidation des peuples des steppes.
Il suffit de citer encore une fois Jean-Paul Roux : Dans le gouvernement de Gengis Khan nous trouvons des «conseillers ouigours comme Ta-t-a-tong-a, musulmans comme Mahmoûd Yalawâtch, ki-tan comme Ye-liu Tchou-tsai.» (Grousset, LEmpire des steppes, p. 314). Kubilaï, le plus connu de ses successeurs, se posait «en souverain universel, aimé de tous les peuples réunis sous sa bannière» (Morris Rossabi, Kubilaï Khan, Perrin, 1991, p. 237) |
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Les Mongols continuaient de respecter les anciennes traditions des peuples des steppes. René Grousset écrit dans son livre Lempire des steppes (Payot, 1965) : « Hun, Turc ou Mongol, lhomme de la steppe, le brachycéphale à la grosse tête, au torse puissant, court sur jambes, le nomade toujours en selle na guère varié à travers quinze siècles de razzias au détriment des civilisations sédentaires (p. 119). ... Les Turcs dAltaï moins dun siècle après Attila ont fondé un grand empire. Leur ancêtres étaient dans le premier empire hun, fondé par Modoun. Les souverains turcs ont attesté sur leurs inscriptions que leur pouvoir vient de Tangra (« uze kek Tengri »). Cette utilisation du nom de Tangra pour la légitimation du pouvoir suprême montre que la foi tangraïste était depuis déjà longtemps une religion traditionnelle et reconnue des peuples et des tribus de cet immense empire. |
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Les Turco-Mongols pensaient
quils croyaient au même Dieu que les chrétiens,
les musulmans, les juifs et que toutes les religions sont les
différentes voies qui mènent au même Dieu,
unique et tout puissant. Les khans acceptaient volontiers
les paroles et les argumentations des représentants de
toutes les religions : Quand la confrontation entre
les représentants des différentes religions devenait
trop forte, le pouvoir organisait des discussions et les colloques
afin dentendre toutes les opinions et prendre les décisions
nécessaires pour calmer les esprits. Ainsi, en 1258,
le Grand Khan Mongka a chargé son frère Khubilaï
dorganiser un grand colloque avec la participation de 300
religieux bouddhistes et 200 taoïstes. Tous se turent. Il y avait
là beaucoup de monde. Car chaque partie avait convoqué
les plus savants des siens, et beaucoup dautres avaient
afflué. » ( G. Rubrouck, Voyage dans lEmpire
mongol, Imprimerie National, 1993, p. 183-184 ). La conversion des autres religions, fortement canonisées, à la religion tangraïste était bien sûr difficile. Mais la plupart des adeptes de ces religions trouvaient facilement les arguments pour justifier la coexistence pacifique de leur religion avec la religion tangraïste. Ainsi, un certain Baha al-Din a expliqué à Khubilaï pourquoi les musulmans ne tuaient pas les Mongols: « Il est vrai que Dieu nous commande de tuer les infidèles, mais on désigne par ce nom ceux qui ne connaissent pas un être supérieur, et, comme vous mettez le nom de Dieu en tête de vos ordonnances, vous ne pouvez pas être rangés parmi eux. » (Roux, p. 397). ... Odoric de Pordenone, célèbre missionnaire catholique du XIV siècle, rend hommage à ladministration mongole dans les termes suivants: « Le fait que tant de races différentes puissent cohabiter paisiblement et être administrées par le même pouvoir me semble une des plus grandes merveilles du monde.» ( R. Grousset, LEmpire des steppes, Payot, 1965, p. 387 ). |
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Jean-Paul Roux écrit : « « Cétait lidée forte des Turcs et des Mongols, celle qui sera répétée pendant quelque deux mille ans des Hiong-nou aux Ottomans. Avec quelques variantes dans la forme, dix fois, cent fois on relira cette phrase : «Comme il ny a quun seul Dieu dans le ciel, il ne doit y avoir quun seul souverain sur la terre » Cela coûterait cher. Une génération serait sacrifiée. Mais le résultat en vaudrait la peine sils ny avait plus de guerres» (Histoire de lEmpire mongol, p. 242). Marcel Brion, de lAcadémie française, pensait : «A quelque nation quils appartiennent, les hommes dEtat ne peuvent plus nier aujourdhui que le plan de ce roi, un des plus grands que le monde ait connus, était lunité européenne ... Ce plan sétait imposé à son génie, quand il avait vu accourir vers lui les princes germains et les représentants des paysans gaulois, des Ibères et des Britons, des Scandinaves et des Grecs. Tous ceux qui ne voulaient pas voir une anarchie détestable sinstaller dans les ruines de Rome ...» (Théodoric, roi des Ostrogoth, Tallendier, 1979, p. 162). |
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