Fôret équatoriale
Une enquête,
Une expédition,
D'étranges rencontres,
Des fièvres,
D'une image à l'autre, la réalité,
Des espaces hostiles,
Une humanité cachée, loin des autres …
Il pleuvait ce jour là, c'était un soir de décembre. J'entrais dans une librairie. Caché derrière son comptoir, un vieux monsieur, cachait ses yeux derrière un gros livre tout poussiéreux. Le livre était à l'image de son antre.
Plein de papiers, des vieux, partout. Une odeur de bois et de moisi emplissait la boutique.
Le monsieur n'avait pas l'air pressé de fermer, ni ses yeux, ni sa porte. Je me proposais donc d'ouvrir ma bouche.
Il était ici depuis quarante ans. Dans le temps, il avait beaucoup voyagé à travers le monde. Il avait ramené de ses périples des tas de livres et de vieilles gravures. Il me raconta ses rencontres, sa vie : il était maintenant tout seul. Il avait aimé beaucoup de femmes dans les ports, les villes étapes d'expéditions. Ces villes où occidental rime avec dollar.
Tard dans la nuit, il me raconta une de ses plus étranges expéditions :
Un jour, après une soirée trop arrosée, je me suis réveillé dans un avion, un de ses vieux coucous qui sent l'huile et le whisky. Des hommes, masqués, parlaient une langue que je ne connaissais pas. J'étais ligoté. Ils m'ont drogué avant l'atterrissage et je ne me suis réveillé que des jours après en pleine jungle. Ils étaient toujours masqués. Ils me forçaient à marcher dans la boue, les marécages, les buissons piquants. Chaque nuit, en guise de boisson il me saoulait au whisky. Je me réveillai et tout cela recommençait. Je ne sais combien de temps cela dura. Enfin, un jour, l'un d'eux se démasqua et m'ouvrant les yeux me dit : "Tu ne reverras jamais pareil spectable, toi l'aventurier" Face à moi, un spectable époustouflant, des montagnes gigantesques, et un défilé colossal. Il me confia alors une gravure du paysage. Elle était signée de son nom Yvan Kasanov (1912).
Il me confia cette gravure en échange d'une photo que j'avais rêvée.