Le monstre
Un coup de tête
Il pleut
Un chateau et un monstre
Un sacré papi
Sur un coup de tête, on a pris le train Gare du Nord direction l'Ecosse. La traversée fut bonne sous le tunnel maintenant, et on est arrivé un peu vite à mon gout dans ce pays où l'on ne parle pas un mot de français. Pas facile de comprendre les instructions pour ne pas se faire avoir avec tous les tarifs possibles. Mais bon quand on part sur un coup de tête, il est possible que l'on attrape le coup de massue. Nous avons passé la nuit dans le train et arrivé à 5 heures du matin à Edimbourgh, nous avons dormi dans la gare en attendant le prochain train pour le Nord. Il pleut. C'est assez courant ici. Le train passe lentement près de quelques maisons éparses. Vers deux 2heures de l'après midi il s'arrête à la station CrossRoad Station. Là, le paysage est fabuleux : de larges et hautes montagnes hébergent en leur milieu un loch vert. Nous décidons de nous arrêter là, on continuera plus tard vers le Nord. Il pleut.
Notre sac à dos, notre ciret jaune, notre parapluie vert, notre tente rouge, nous sommes tout bariolé de couleur. Les pierres et graviers boueux scrountchent sous nos pieds. Une légère bruine caressent mes lunettes : je ne vois rien. L'air est frais mais pas trop. Nous croisons un homme à cheval qui ne nous dit pas bonjour.
Nous croisons une femme à vélo qui ne nous dit pas bonjour.
Nous croisons deux marcheurs en vestes kaki ne nous disent pas bonjour.
On s'étonne un peu de ce manque de rite de promeneurs. Peut-être tout notre farda les inquiètent. Vers cinq heures, nous nous arrêtons pour manger un petit quelque chose : des biscuis et du thé, après tout c'est le pays qui veut cela. En scrutant l'horizon, mon ami apperçoit un chateau en pierre au fond du loch. Il me donne les jumelles et là je suis ébahi : c'est "so british", un chateau dans la brume avec un ravissant arbre qui le garde bien près de lui. Vite, nous nous remettons en route : on dormira sous l'arbre.
La nuit tombe lentement en été, heureusement. Ce n'est que vers onze heures du soir que nous arrivons enfin au pied du chateau. La porte est fermée, mais le chateau à l'air bien en point. Il doit être des fois habiter. Nous plantons notre tente, dans cette terre, c'est du bonheur. Et la nuit tombe, et notre feu grandit.
Nous restons un peu à bavarder quand un énorme bruit, sourd et toussif se fait entendre dans toute la vallée. Nous sursautons, bien que ce ne soit pas facile lorque l'on est assit. Puis une grande vague vient innonder tout le fond de la petite crique où nous sommes. Nous sommes très inquiet, je demande à mon collègue où nous sommes exactement : le Loch Ness me dit-il. Nous avons alors tous les deux, l'ensemble de tous les reportages qui nous reviennent à la tête. Et on s'écrie ensemble : "Il existe !"
A ce moment là, un monstre avec une tête plutôt sympathique et un grand cou sort de l'eau et s'approche de nous. Il rugit (un monstre rugit-il), il fait tout vibrer. Il est vert, d'un beau vert. Un monstre, quoi ! Mon ami pense à faire une photo mais l'appareil tombe dans la boue et est inutilisable. Puis le monstre va se remettre dans l'eau tout gentillement. Quelle frousse on a eu. On a pas réussit à se rendormir. Dès le lendemain, on est rentré mais par les montagnes, c'était super.
Lorsque l'on est arrivé au premier village (un vrai petit village, une maison devrai-je dire) on a raconté notre histoire en expliquant le lieu, l'heure et tout et tout. Et là, un vieux papi imperturbable nous dit : "C'est ennuyeux ça, Nessy est enrhumé !"
Les légendes sont belles. Les vieux papis aussi.