Pôle Sud
Des explorateurs blasés,
Un public si peu averti,
Des images sans intérêt,
Sauf une,
Une photo dérobée,
Comme la crevasse à la colonne,
Où des hommes ont écrit,
Un homme m'a écrit.
Une conférence sur les terres polaires aura lieu le mardi 25 à 20h30 à la Mairie. J'y allai.
Sur l'estrade, trois types, un peu fatigués, nous passèrent des diapos en nous commentant leur périple.
Pêle-mêle : Il faisait froid ( -45°), le vent nous empêchait d'avancer ; Pas âme qui vive ; Les chiens fatigués, certains moururent ; Des mesures très utiles pour la science et l'écologie mondiale ; Les organismes scientifiques engagés et leur causes ; la nécessité de retourner là-bas. Tout était narré sans grande conviction. Bref, une expédition polaire bien classique.
Les diapos étaient pas mal, bien que souvent blanches. Cependant, une attira mon attention tout particulièrement. Un champ de glace ensoleillé (pour une fois) et des montagnes de granit se dressant tels des cromlechs montés par des dieux. Ils ne commentèrent pas plus que cela cet étonnant paysage sans doute plus attiré par les éventuels dons que chacun donnerait lorsqu'il verrait les pauvres chiens victimes des folles aventures humaines.
A la fin de la conférence, je m'approchai d'eux pour avoir plus d'informations sur ce phénomène. Ils me dirent que cette photo n'était pas d'eux mais d'une expédition argentine de 1987 dont un seul explorateur revint : Juan Pirez. Ils me laissèrent bien gentiment l'adresse de cet homme une fois sûr que je n'étais pas un journaliste.
Une fois rentré je lui demandai des précisions sur cette étrange photo, pas très caricaturale des expéditions polaires. Trois mois plus tard il me répondit et m'envoya une autre photo, celle là, carrément fantastique.
"Cet endroit est très hostile, le calme apparent est un leurre. En quelques minutes, et c'est le blizzard le plus complet, aucun moyen de se cacher. Dès que l'on croit le beau temps revenir, on s'apprête et la dépression revient au galop. Nous nous étions égarés par hasard dans cette vallée. Il nous a fallut deux mois pour parcourir les quelques vingt kilomètres de cette région.
Un jour, alors que nous nous étions réfugiés au pied d'une de ces fabuleuses colonne. L'un de nous descendit plus profond dans la grotte. Il remonta avec son appareil photo tout excité de ce qu'il avait vu et photographié. Tout au creux de la colonne, il y avait une gigantesque crevasse de glace qui accueillait une fabuleuse construction en forme de tunnel de glace et de granit. Des inscriptions figuraient sur la colonne. Personne ne connaît cette langue. C'est un mystère! Un vrai ! Et celui-là, et bien tout le monde s'en fout ! Même si mes copains sont tous morts lors de cette traversée, et si je me bats pour la vérité."
La science fait des merveilles, le scientifique des cauchemars.