L’image et la machine

(1987 - 91)
Dès 1986, Amarovich se penche délibérément sur les ordinateurs au grand dam de la critique qui a peur d’un nouvel égarement de l’artiste. Il décide de travailler sur ces machines qu’il juge plus compétente que lui pour la simplification. Il n’a pas oublié ses amours des mathématiques de son enfance.
Mais, la machine le déçoit. Il trouve les images longues à mettre en place et préfère s’en inspirer un peu comme il l’avait fait avec ses tableaux/dessins où il détruisait la netteté de l’image. Avant de mourrir, il déclarera " Heureusement que j’ai découvert la machine un peu trop tôt, sinon j’aurais arrêté de peindre ", faisant allusion à la lenteur des ordinateurs de l’époque.
Cette expérience le trouble, et il publie un essai Images informatiques ou tableaux binaires qui en dit long sur l’avenir des machines dans l’art : " On ne peut espérer avec ses machines avoir un contact réel avec l’oeuvre. Le support prend trop de choses en charge. Il mêle à la fois l’idée, la technique et la finalité. Je ne pense pas que l’œuvre unique ait un sens dans cet univers de la reproductivité à volonté. La libéralisation de l’art et l’accès à tous n’impliquent pas une automatisation des musées. "
Son essai est très prisé et lu dans toutes les universités américaines tant dans les écoles d’arts que scientifiques. C’est pourquoi, il réalise un cycle de conférences et d’expositions sur ces pratiques artistiques, défendant l’avenir tout en attaquant les machines. Ces conférences sont un véritable succès auprès des étudiants. Le bulletin de Yale écrit: " Amarovich est fascinant, ces explications sont aussi claires qu’une addition. "
Image de Synthèse, (1987) I.B.M.
Albright-Knox Art Gallery, Buffalo
IS 2, (1987)
Huile sur toile, (200x150 cm)
Albright-Knox Art Gallery, Buffalo
A l’issu de ce cycle de conférence, la critique décrit Amarovich comme " un artiste auprès des jeunes et des technologies ". Il ne s’enorgueillit pas et continue son travail prospectant avec des industriels pour disposer de plus de moyens informatiques.
En 1988, la Tate Gallery lui consacre une exposition exceptionnelle du 1er février au 1er avril dans laquelle on peut suivre tout le cheminement de l’artiste " simplificateur et innovateur " qu’est Amarovich. Ce dernier ironise sur les revirements de la critique déclarant dans une interview au journal Le Monde (18 mars) " la critique c’est comme un pinceau, elle doit souvent passer au white spirit ".
C’est à l’occasion de cette exposition qu’il peint La ligne qu’il vend 2.500.000$ au Tate Gallery de Londres. C’est le plus grand tableau qu’il n’ait jamais peint (7 mètres sur 4,2).
En 1989, il conclue un accord avec I.B.M. qui met à sa disposition des ordinateurs. Il réalise alors ce que l’on nommera " la première exposition virtuelle " au Guggenheim à New York.
En 1990, Amarovich travaille d’arrache-pied sur ces machines, mais son travail n’avance pas, et seule la série sur les Chaises (4 mois de travail) le satisfait, série qu’il qualifie de " bit art " en référence au Pop Art.
Très fatigué par ses nombreuses heures de travail, il est victime d’un premier infarctus le 15 décembre 1990.
Il se repose alors en 1991 à Paris, mais succombe à un second infarctus le 4 juin dans son atelier de Montrouge.
Guiseppe Amarovich est enterré le 6 juin 1991 au cimetière de Bagneux (Banlieue Parisienne).
Image de Synthèse, (1987) I.B.M.
San Francisco Museum of Art, San Francisco
IS 3, (1987)
Huile sur toile, (200x150 cm)
San Francisco Museum of Art, San Francisco
IS 31, (1987)
Huile sur toile, (200x150 cm)
Collection Particulière (I.B.M.)
IS 31, bis, (1987)
Huile sur toile, (150x200 cm)
The Solomon R . Guggenheim Musem, New York
My Brain is not binary., (1987)
Eponge et Encre, (200x50 cm)
The Solomon R . Guggenheim Musem, New York
Chaises, (1989)
Images de synthèses, (20x13 cm)
Institute of Technology, Hayden Gallery, Cambridge (Mass.)
La Ligne, (1990)
Huile et Bombe sur toile, (700x420 cm)
Tate Gallery, Londres