Eau et Métal

(1981-1986)

En 1981, il se sent près pour travailler l’eau. Il reprend là, l’idée de Vaillancourt. Il crée ainsi, en deux ans, dix fontaines à travers le monde dont notamment The Cosmos Spring (Los Angeles), Crusades Spring (Tel-Aviv) et Snakes (Rio de Janeiro).
Pour ces chantiers, il se fait aider de plusieurs corps de métier. Les gens avec lesquels il travaille sont heureux de travailler avec un homme à la fois si proche des réalités et si intéressé par l’innovation. Dans Snakes, Brighter met au point un système d’eau sans circulation extérieure. Cet appareillage lui permet de colorer l’eau en rouge. John Barmond, dans Arts News (Juin 1983) écrit : " Snakes est la réalisation de Brighter la plus proche de son livre en ce qui concerne l’entraide et la contrainte entre les formes, les couleurs et les matières. C’est une nouvelle vision de la modernité : tourmentée car contrôlée ".
Snakes, (1983)
Fontaine en verre, Eau Rouge, (420x300x300 cm)
Rio de Janeiro, Brésil
Cosmos Spring, (1981)
Fontaine en Marbre, (600x300x300 cm)
Los Angeles, Californie
The Crusades spring , (1981)
Fontaine en Marbre, (550x600x600 cm)
Tel-Aviv, Israël
Entre 1984 et 1986, Brighter rentre à Indianapolis. A 63 ans, sa soif de technique est encore grande, il désire maîtriser le métal. Il réalise la série Radar, trois importantes sculptures (Acier, Cuivre, Or). Il travaille dans un atelier de métallurgie artisanale afin de mettre au point les moules et la fonte des structures. Dans celles-ci, il symbolise la modernité par des formes réceptives (disques, demi-sphères, cônes) et émettrices (coques).
Brighter décrit ainsi sa démarche : " Lorsque l’on manipule des quantités importantes de métal, on doit prendre garde à la conscience collective de ce matériau. Lorsqu’il sort des hauts fourneaux, le métal inspire le respect ; imposant et pur, il a nécessité le travail de nombreux hommes ainsi qu’une quantité d’énergie importante. Pourtant, il dégage un sentiment glacial, symbole de la modernité. La pureté et la brillance du métal donnent un certain nombre de contraintes : une simplicité de formes, une texture lisse et un éclairage froid (blanc). Lorsque je manipule le cuivre, je suis au XIXème siècle, les structures doivent être courbes et concaves. Ce métal dégage un côté caché, une certaine magie, une sorte de cage de Farraday bouillonnante d’électricité. Avec l’acier, je sent que ce matériau, beaucoup plus froid et dur, nécessite un traitement industriel. Je crée des formes très simples que j’assemble par soudures claires et nettes. La pureté du traitement en fait l’efficacité. Enfin, avec l’Or, c’est la préciosité qui en fait l’attrait. C’est pourquoi, je ne le dispose qu’en surface afin qu’il soit le plus en contact avec l’extérieur prouvant ainsi son utilité : la seule manière de capter l’inconnu. Dans Radar I, II et III, en prenant le parti de créer des machines, j’ai l’impression d’avoir répondu à l’ensemble des contraintes que ces métaux imposent. J’ai le sentiment d’avoir réaliser une œuvre moderne : elles sont ouvertes sur l’extérieur (une grande surface externe par rapport à la masse) et elle renferme des masses cachées dans lesquelles le moteur de l’œuvre est situé. "
Radar I, (1984-85)
Cuivre, (250x200x200 cm)
Walker Art Center, Mineapolis
Radar II, (1984-85)
Acier et Or, (250x250x200 cm)
Yale University Art Gallery, New Haven
Radar III, (1984-85)
Acier et Or, (300x250x150 cm)
Institute of Contemporary Art, Boston
Sa mère meurt fin 1985 à l’âge de 94 ans. Brighter s’occupe alors beaucoup de sa famille. Il aide financièrement sa fille Lucy qui a alors du mal à faire fonctionner sa galerie. Felicia se marie avec un artiste japonais qu’elle a rencontré à New York, Huy Yamoto. Elle va s’installer au Japon. Brighter durant l’année 1986 réfléchit sur la notion d’œuvres mixtes car jusqu'à présent il n’a pas, selon lui, résolu la contrainte et l’entraide entre les matières. En 1986, il crée Space Invader, Cathedral et Dinausaurus.
Dans Space Invader, il développe un thème " Calderien ", mêlant l’équilibre mais aussi des techniques nouvelles dont un plâtre peint représentant des briques. Il dit de cette œuvre : " La brique et la pierre sont le symbole de l’entraide entre les matériaux ".
Dans Cathedral, il met en œuvre des techniques mixtes mais, dit-il, truquées puisque " seule l’apparence travaille, symbole de notre époque ", ajoute-t-il.
Dinausaurus est, selon la critique, " une application claire et limpide " de la notion d’espace contraint " Brighterien ". Il vend cette sculpture 1.200.000$ au musée Guggenheim de New York. Dès lors, il aborde plus à fond les techniques mixtes.
Space Invader, (1986)
Plâtre Peint et Bois, (350x250x200 cm)
Institute of Contemporary Art, Boston
Cathedral, (1986)
Plâtre peint, Plâtre recouvert d’or, bois, Plexiglas, (350x300x200 cm)
M.O.M.A., New York
Dinausaurus, (1986)
Plâtre recouvert d’or, lattes de bois, marbre, (350x250x150 cm)
The Solomon R . Guggenheim Museum, New York