René Dupré

Empreintes naturelles


Avant-Propos

René Dupré est un peintre hors du commun. Issu du courant impressionniste, il a eu comme amis les grands Monet, Sisley, Pissaro et Van Gogh. Mais, lors de son long séjour en Irlande, alors que le mouvement prenait son envol, il a effectué un tournant radical dans sa peinture, inventant, avant l’heure, l’hyperréalisme. Pourtant plus que ce côté précurseur, ce qui est étonnant chez Dupré c’est son rapport intime avec la nature.
Il entretient avec elle une liaison profonde qui le fait qualifier par certains critiques comme le " premier peintre Zen européen ". Dans sa correspondance, il emploie souvent le terme d’empreinte ; cet artiste est effectivement fortement imprégné par la nature. Il se dégage dans les nuances de vert de ses tableaux ainsi que dans les mots de sa correspondance une véritable complicité entre lui et ce qu’il nomme sa seconde femme : " la Dame Nature ".
Enfin, comment ne pas parler de Dupré sans évoquer cet emploi systématique du format marine pour ses peintures. Grâce à ce format panoramique, il réussit à nous faire pénétrer dans sa vision des paysages.
Dans cet ouvrage, nous avons choisi de vous présenter la vie de René Dupré ainsi qu’une sélection de ses oeuvres les plus marquantes. Elles permettent, nous l’espérons, de saisir la complicité de cet artiste avec la nature ainsi que son avant-gardisme.
Jérome Fraissinet

Sommaire
Avant-Propos
Sommaire
Une enfance paisible
Les impressionnistes
La vie parisienne
La Provence de Dupré
L’Irlande
Le Retour en France
Biographie
Cotes des tableaux

Une enfance paisible

(1838-1858)
René Dupré est né à Rouen le 18 juillet 1838. Son père, Henri, est pharmacien. Il a un frère, Jacques, de 10 ans plus âgé que lui. Son enfance est tranquille et sans problème. Son père voit en lui le successeur de sa pharmacie car Jacques va lui entrer dans l’armée française. René est brillant, il entre au collège Sainte-Marie puis au Lycée Jeanne d’Arc où il suit des études de pharmacologie suivant la volonté de son père. C’est durant ses études qu’il rencontre un jeune étudiant, Jean Merlin, avec qui il se lie d’amitié. Jean et René se promènent souvent les dimanches dans la campagne Rouennaise. René est émerveillé par la beauté des paysages et par la luminosité normande.
Durant les vacances de 1858, alors qu’il a 20 ans, il part avec Jean Merlin à Honfleur. C’est après de longues promenades avec son ami et au cours de nombreuses rencontres avec des peintres normands qu’il découvre la magie de la peinture. Il écrit à son père : " La peinture est magique, il me semble qu’elle permet de se construire une mémoire de la nature bien à soi ". En rentrant à Rouen, il s’achète une boîte de peinture et une toile. Il y peint de mémoire son premier tableau : Bateau à Honfleur. En 1858, Dupré termine ses études et devient assistant de son père dans sa pharmacie.
Bateau à Honfleur, (1858)
Huile (120x50 cm)
Musée d’Orsay, Paris
Bateaux à Honfleur, (1858)
Huile (120x50 cm)
Metropolitan Museum of Art, New York
Son frère rentre de temps en temps de Toulon où il est lieutenant dans la marine. Il lui décrit ses voyages à travers la Méditerranée : Palestine, Maroc, Algérie, Grèce ... René en est émerveillé et un peu jaloux avoue-t-il à son ami Jean Merlin, lui qui est entré en tant qu’infirmier à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris.
Durant l’année 1859, Dupré utilise son argent pour acheter de la peinture. Il part les dimanches peindre la campagne normande ainsi que les forêts qui bordent la Seine. Son style est très moderne et le format de ses peintures résolument original. Il écrit à Jean Merlin : " J’ai décidé de peindre des fresques. Ce format, me semble propice à la nature, longue et sereine. " Son père lui reproche de faire des " gribouillages  " de luxe en raison du prix important du matériel de peinture. Il laisse à son père ses critiques et continue de peindre en simple autodidacte.
Moutons à Canteleu, (1859)
Huile (120x66 cm)
Musée de L’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Campagne normande, (1859)
Huile (120x66 cm)
Musée de L’Ermitage, Saint-Pétersbourg

Les impressionnistes

(1859-1863)
En 1859, Jean Merlin invite René à Paris. Durant l’été, ce dernier part trois mois découvrir la trépidante vie parisienne. Il est tout de suite attiré par les galeries d’art. Il y découvre des styles de peintures proches du sien. Dans les cafés, il prend contact avec le courant impressionniste. Il rencontre Pissaro, Sisley et Monet avec qui il se lie d’amitié. Dupré discute avec eux. Ils échangent leurs idées sur la notion de flou, les couleurs et le cadrage.
Ce séjour donne du courage à Dupré, qui reprend d’arrache-pied la peinture laissant peu à peu son travail à la pharmacie. Il entretient une correspondance importante avec ses trois amis. Monet lui écrit : " La peinture est un art d’observation, de mémoire et surtout d’impression. " Dupré lui répond : " Je cherche mon empreinte dans la nature. Je cherche à capturer mon impression. Les couleurs se mélangent et en ce moment, il me semble que je suis dans le vert. " En effet, tous les tableaux que Dupré peint durant cette période sont tous composés de verts très soutenus.
René Dupré rencontre en avril 1860 Virginie Varat, une fille de médecin. Il tombe amoureux d’elle et elle de lui. Elle apprécie particulièrement chez René sa poésie, sa peinture et sa complicité avec la nature. Ils se marient en juin 1860 et leur fils unique, Claude, naît en juillet 1861. René est plein d’affection pour son enfant et s’occupe de lui le plus souvent possible. Il le sensibilise à la nature en lui montrant la beauté des paysages et en lui apprenant la richesse des plantes.
Jardin à Notre-Dame de Bondeville, (1859)
Huile (150x150 cm)
Musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou
En 1861, le père de René Dupré meurt, lui laissant la pharmacie. René est alors tiraillé entre ses deux métiers. Il écrit à Sisley, en séjour à Louveciennes : " J’ai une famille entière à nourrir et je dois m’occuper de ma mère maintenant. J’aimerai, comme vous tous, vivre de ma peinture, mais il me semble que le destin en ait voulu autrement. " Ses trois amis lui écrivent et l’encouragent à vendre sa pharmacie pour les rejoindre à Paris. En septembre 1863, la mère de René meurt de vieillesse. René, soutenu par son frère, met la pharmacie en gérance lui permettant ainsi de gagner de l’argent " comme un bon propriétaire ", lui écrit ironiquement Pissaro. Lui et sa petite famille décide de partir s’installer à Paris.
Clairière à Saint-Etienne du Rouvray, (1860)
Huile (250x150 cm)
Musée d’Orsay, Paris
Clairière de la Forêt de Roumare, (1861)
Huile (250x150 cm)
Musée d’Orsay, Paris
Champ de blés à Bois-l’Evêque , (1862)
Huile (250x150 cm)
Metropolitan Museum of Art, New York

La vie parisienne

(1864-1868)
Les Dupré s’installent à Montmartre dans un petit appartement. Le petit Claude reste avec son père alors que Virginie travaille comme infirmière au côté de Jean Merlin qui s’est marié lui aussi avec une infirmière de la Pitié. René peint sans cesse durant l’année 1864. Il rencontre, grâce à Monet, des collectionneurs qui lui achètent ses tableaux lui permettant de vivre confortablement. Il invite souvent ses amis à déjeuner le dimanche autour de son célèbre pot-au-feu.
Dupré se promène dans les environs de Paris de 1865 à 1868 où il peint les forêts franciliennes (Bois de Verrières, Bois de Meudon, Forêt de Compiègne, ...). Dans ses tableaux, Dupré est résolument impressionniste, il utilise une palette de couleur très contrastée maniant la technique des tâches avec une grande maîtrise. L’hiver 1867, particulièrement rude, lui permet de peindre les forêts enneigées (La Bièvre à Jouy-en-Josas, Le Bois de Meudon).
Le Bois de Boulogne, (1864)
Huile (200x120 cm)
National Gallery, Londres
La Seine à Poissy, (1866)
Huile (200x75 cm)
Collection Particulière
Début 1868, Dupré rencontre Vincent Van Gogh. Il est fasciné par ce personnage mystérieux. Il l’héberge deux mois. Durant cette période, ils vont peindre ensemble la campagne francilienne. Jamais, Dupré ne peindra la capitale parisienne. Il partage avec Van Gogh l’idée selon laquelle " La nature est la seule vraie raison de peindre. La ville et les hommes sont perdus dans ce monde, la peinture est une échappatoire. " (lettre à son frère, juillet 1868). Son frère l’invite lui et sa famille à Toulon pour découvrir la Provence. Jacques est très curieux de voir le talent de son frère dont il entend parler jusqu’à Marseille.
Forêt de Compiègne, (1865)
Huile (200x75 cm)
National Galley of Art, Washington
Bois de Boulogne, (1865)
Huile (200x75 cm)
Musée des Beaux Arts, Rouen
Le Bois de Meudon, (1867)
Huile (180x75 cm)
Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence
La Bièvre à Jouy-en-Josas, (1867)
Huile (250x96cm)
Kunsthalle, Hambourg
Le Bois de Verrières, (1867)
Huile (200x75 cm)
The Solomon R . Guggenheim Musem, New York
La Campagne à Giverny, (1868)
Huile (200x75 cm)
Musée Des Beaux Arts, Rouen

La Provence de Dupré

(1869-1871)
Lorsqu’il arrive à Toulon, son frère doit partir pour un grand voyage à travers l’Europe. Dupré réside donc dans la petite maison de son frère avec sa belle-sœur Isabelle et leur enfant Julien. Il achète une calèche et peut ainsi à loisir partir peindre dans toute la région. Il est particulièrement intéressé par le ciel provencal " si brut, si bleu ".
Le petit Claude a maintenant 8 ans. Il va a l’école. René emmène souvent sa famille le dimanche se promener dans l’arrière pays. Il leur fait découvrir de magnifiques paysages et leur apprend à reconnaître les plantes ainsi que leurs vertus pharmaceutiques. L’instituteur de Claude lui demande d’organiser des sorties avec ses élèves afin qu’ils découvrent tous les richesses de la nature. René est très doué pour ces parcours initiatiques et y prend goût. Il écrit à Monet : " Les enfants ont une autre vision des couleurs que nous. Ils y mettent des sentiments et les paysages sont ainsi méchants, gentils, amusants, polis, sales, propres,... Il est étrange de voir comme l’empreinte de la nature est différente selon les âges et les personnes. "
Cerisiers en fleurs, (1869)
Huile (200x75 cm)
Musée Granet, Aix-en-Provence
Campagne de Cuers, (1869)
Huile (200x75 cm)
Musée d’Orsay, Paris
Campagne à Brignolles, (1870)
Huile (200x75cm)
Musée du Louvre, Paris
En mars 1871, Dupré rencontre Cézanne à Aix-en-Provence. Il le questionne sur sa peinture en aplats. Dupré doit s’initier à cette technique tout seul, Cézanne n’aimant pas sa compagnie et jugeant son travail trop commun. René ne s’en préoccupe pas mais il écrit avec humour à Pissaro " je regrette que certains peintres ait la tête parfois plus rouge que leurs pinceaux ".
En juillet de la même année son frère Jacques rentre de voyage. Ses descriptions de l’Irlande émerveillent René, qui n’a alors plus qu’une seule envie : celle de partir dans ce pays pour y peindre ces fameuses maisons rouges et leurs portails bleus.
Champ de Blé à La Cadière d’Azur, (1871)
Huile (200x75 cm)
Collection particulière
La Mer depuis le Mont Caume, (1870)
Huile (250x75 cm)
Musée Granet, Aix-en-Provence
La Sainte-Baume, (1871)
Huile (250x75 cm)
Collection Particulière
L’Estaque, (1871)
Huile (250x75 cm)
Galerie Nationale du Canada, Montréal
Lettre de René Dupré à Vincent Van Gogh

L’Irlande

(1872-1887)
En février 1872, la famille Dupré décide de partir en Irlande. Elle s’arrête à Paris pour rendre visite à Jean Merlin qui a maintenant six enfants qu’il nourrit tant bien que mal. Jean est fier d’avoir un ami peintre " et célèbre de surcroît " lui écrit-t-il. Ensuite, ils passent par Rouen où Dupré décide de vendre la pharmacie avant ce voyage vers l’inconnu. Cette vente lui permet de partir avec beaucoup d’argent en toute sécurité. Ils prennent le bateau au Havre en juin.
Ils s’installent enfin en septembre dans le centre du pays dans la ville d’Athlone. Ils sont très bien accueillis et apprennent très vite les rudiments de la langue anglaise. Virginie est la seule infirmière à des dizaines de kilomètres à la ronde et Claude se fait vite beaucoup d’amis.
Durant l’année 1873, Dupré peint les maisons des alentours. Il accentue les couleurs de ces demeures afin, écrit-il à son frère Jacques, " de renforcer l’empreinte douce de la nature sur les efforts violents de l’homme ". Fin 1873, Dupré veut repartir en France mais sa femme et son fils le convainquent de rester là-bas tant ils s’y sont bien intégrés. Il abandonne sa peinture sur les maisons et se concentre alors sur les paysages très sauvages de la côte ouest de l’Irlande l’obligeant ainsi à laisser souvent sa famille seule.
La Maison des Andrews, (1873)
Huile (200x75 cm)
The Solomon R . Guggenheim Musem, New York
L’école d’Athlone, (1873)
Huile (200x75 cm)
Art Institute of Chicago, Chicago
Notre Maison, (1873)
Huile (200x75 cm)
Galleria d’arte Cartina, Milan
Avant la Mer, (1874)
Huile (200x75 cm)
Cincinnati Art Museum, Cincinnati
Sa peinture évolue très rapidement. Il travaille maintenant tout seul, loin de ses amis. Pourtant en 1877, comme le fait Monet à la même période, Dupré peint l’arbre, sous lequel il songe, à trois moments différents de la journée.
Ensuite, sa peinture devient plus rude, plus abstraite, plus nerveuse. Durant ses nombreuses promenades, il s’imprègne de toutes les couleurs, senteurs et sonorités de la nature. Il écrit à Jean Merlin " Ces promenades me rappellent nos longues dissertations. Au début je me parlais tout seul, maintenant c’est la nature qui me parle. Parfois, elle me questionne. Quelle douce sensation ! Je lui répond alors avec mes pinceaux. Je sens que nous nous comprenons elle et moi. Souvent, elle me dit que je n’ai pas bien entendu. Alors, comme cela m’est arrivé hier, (en peignant le tableau La côte de Westport), je recommence jusqu'à ce qu’elle fasse silence intégral. C’est comme si elle contemplait mon travail. Hier, j’ai réalisé je crois un tableau qui raconte ma véritable empreinte sur la nature ".
Campagne irlandaise, (1875)
Huile (200x75 cm)
Collection particulière
La plaine d’Athlone, (1876)
Huile (200x75 cm)
Musée des Beaux Arts, Dijon
Mon Arbre ce matin, (1877)
Mon Arbre à midi, (1877)
Mon Arbre ce soir, (1877)
Huiles (200x75 cm)
National Gallery, Dublin
En arrivant sur Shannon, (1878)
Huile (200x75 cm)
National Gallery, Dublin
WestPort, (1879)
Huile (200x75 cm)
National Gallery, Dublin
Sa peinture s’éloigne petit à petit du courant impressionniste. Le tableau qu’il intitule lui-même " Bleu " fait preuve d’une extrême modernité pour l’époque. Il explique bien plus tard ce tournant radical dans une lettre à Jean Merlin avant de quitter l’Irlande " La solitude artistique a cet avantage et cet inconvénient. Seul, face à soi-même et à la nature, on entre dans une seconde peau, un second degré, voire un second soi. J’y suis entré. J’ai quitté mes amis Monet, Pissaro et Sisley et étant sans nouvelles d’eux, je me suis souvent demandé ce qu’ils avaient pu peindre de nouveau. J’ai sûrement évolué autrement qu’eux. Mais, pour moi j’ai fait acte de vérité. "
Fin 1880, après avoir peint Bleu, Dupré décide d’arrêter la peinture. Sa femme et Claude, maintenant âgé de 19 ans et étudiant à Dublin en Mathématiques, ne comprennent pas bien ce choix. Pourtant, ils ne le forcent pas à continuer se doutant qu’il doit faire le point sur son travail. En effet, en 1882, Dupré abandonne la peinture en extérieur. Il préfère inventer lui-même des paysages en écoutant " cette petite voix intérieure, source d’une grande attention " (lettre à son frère, 1882). Le journaliste Henri Johnson, écrira à ce propos en 1919, que Dupré est sans doute le premier peintre Zen européen.
Bleu, (1880)
Huile (200x75 cm)
Musée de L’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Côtes, (1883)
Huile (200x75 cm)
Musée de L’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Dupré peint alors très peu jusqu'à son départ d’Irlande. Il réalise les tableaux Côtes, Monts, Lochs et Canyons. Ces derniers lui demandent près de deux ans d’études et de réalisation. Viriginie décrit la méthode de travail de son mari : " Il s’attarde sur chaque coup de pinceau. Il attend parfois trois heures pour poser une touche de blanc. Jamais il ne retouche un endroit déjà peint. Il baigne, semble-t-il, dans un parfait équilibre entre son âme et sa Dame Nature. Depuis qu’il a commencé ce tableau (en l’occurrence Côtes), tout est devenu paisible aux alentours. Il est d’une douceur extrême et se plaît à parler d’humeur joyeuse avec tout le monde pourvu qu’il ait ses quatre heures de peinture quotidiennes. " (Lettre à sa mère, 1882).
En 1887, une lettre arrive de son ami Jean Merlin lui signalant la mort de son frère au Tonkin. Son corps vient d’arrivé à Toulon. René, Virginie et Claude décident alors de repartir en France pour s’occuper de sa belle-sœur et de Julien. Ils quittent ainsi Athlome après un séjour de près de quinze ans en Irlande.
Lochs, (1885)
Huile (200x75 cm)
Musée d’Orsay, Paris
Monts, (1886)
Huile (200x75 cm)
The Solomon R . Guggenheim Musem, New York
Canyons, (1887)
Huile (200x75 cm)
M.O.M.A., New York
Lettre de René Dupré à Claude Monet

Le Retour en France

(1888-1905)
Lorsqu’ils débarquent au Havre, les amis de Dupré (Pissaro, Sisley et Monet) les attendent. Dupré est très étonné. Il leur montre ses tableaux. Pissaro et Sisley sont sceptiques quant à la nouvelle orientation artistique de leur ami. Monet est, lui, en revanche, très intéressé par cette nouvelle manière de créer. Il accompagne les Dupré à Toulon. Claude rentre au collège de France à Paris où il devient professeur de Mathématiques. Il travaillera sur le grand théorème de Fermat. A Toulon, René et Virginie s’occupe d’Isabelle qui souffre de la tuberculose. Ils l’accompagneront jusqu'à sa mort en 1890.
Durant les dernières années de sa vie, René continue son travail à un rythme plus soutenu. Il réalise des dessins proches de l’hyper-réalisme, prouvant ainsi son avant-gardisme. Mais ses mains tremblent de plus en plus et en 1895, il doit s’arrêter définitivement de peindre. Son fils vient passer de nombreux séjours avec lui accompagné de sa femme et de ses deux enfants. Dupré est un grand-père parfait : il apprend à ses petits-enfants les joies de la nature comme il l’avait fait avec le petit Claude.
En 1899, pour l’exposition universelle, Dupré est contacté pour un travail sur l’art nouveau. Il expose ainsi une quinzaine de toiles qu’il vent au profit de la recherche contre la tuberculose. Avant sa mort, il expose quatre fois en Europe (Londres, Milan, Paris et Amsterdam) et une fois aux Etats-Unis où il ne peut se rendre.
René Dupré meurt à Toulon le 23 octobre 1905 à l’âge de 67 ans.
Dunes, (1890)
Huile (200x75 cm)
Tel Aviv Museum, Tel Aviv
Côtes méditerranéennes, (1892)
Huile (200x100 cm)
Kunsthalle, Bâle
Arbres, (1895)
Huile (200x75 cm)
Nationalgalerie, Berlin

Biographie
1838
Naissance de René Dupré à Rouen le 18 juillet.
1848
Entrée au collège Sainte-Marie
1856
Entrée au Lycée Jeanne d’Arc (Pharmacologie)
1858
Premières vacances avec Jean Merlin, découverte d’Honfleur.
Assistant à la pharmacie de son père.
Premier tableau : Bateau à Honfleur
1859
Voyage à Paris. Rencontre de Pissaro, Sisley et Monet.
1860
Rencontre et mariage de René Dupré avec Virginie Varat.
1861
Naissance de Claude Dupré, fils unique de René Dupré.
Mort du père de René Dupré.
1863
Mort de la mère de René Dupré.
Mise en gérance de la Pharmacie Dupré.
1864
Dupré s’installe à Paris. Excursions en Ile-de-France.
1868
Rencontre de Vincent Van Gogh
1869
Arrivée à Toulon. Excursions en Provence.
1871
Rencontre de Cézanne.
1872
Visite chez Jean Merlin à Paris. Vente de la Pharmacie Dupré.
Arrivée à Althome en Irlande.
1873
Peinture des Maisons Rouges
1877
Peinture des trois tableaux : Mon arbre ce matin, Mon arbre à midi, Mon arbre ce soir.
80/86
Peinture de Bleu puis des " Paysages imaginaires ".
1887
Mort de Jacques Dupré.
1888
Retour en France à Toulon. Accueil de Monet, Pissaro et Sisley.
Entrée de Claude Dupré au Collège de France.
1890
Mort d’Isabelle Dupré de la tuberculose.
1895
René Dupré arrête la peinture.
1899
Exposition Universelle, exposition de quinze tableaux.
1900
National Gallery, Londres (3 mai - 25 mai)
1901
Grand Palais, Paris (5 juin - 10 juillet)
1902
Stedelijk Museum, Amsterdam (10 septembre - 5 octobre)
1903
National Gallery, Dublin (3 août - 5 septembre)
1904
Museum of Art, Washington (24 janvier - 5 mars)
1905
Mort de René Dupré à Toulon le 23 octobre à l’âge de 67 ans.
1915
Mort de Virginie Dupré le 14 avril.
1940

Mort de Claude Dupré le 16 mars.

Cotes des tableaux
Voici, à titre d’information, les cotes des plus célèbres tableaux de René Dupré.
Arbres (1895) : 5.000.000 $
Huile (200x75 cm) - Nationalgalerie, Berlin
Lochs (1885) : 4.500.000 $
Huile (200x75 cm) - Musée d’Orsay, Paris
Bleu (1880) : 4.000.000 $
Huile (200x75 cm) - Musée de L’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Côtes (1883) : 4.000.000 $
Huile (200x75 cm) - Musée de L’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Monts (1886) : 3.800.000 $
Huile (200x75 cm) - The Solomon R . Guggenheim Musem, New York
Côtes méditerranéennes (1892) : 3.600.000 $
Huile (200x100 cm) - Kunsthalle, Bâle
Canyons (1887) : 3.200.000 $
Huile (200x75 cm) - M.O.M.A., New York
Dunes (1890) : 3.200.000 $
Huile (200x75 cm) - Tel Aviv Museum, Tel Aviv
L’école d’Athlone (1873) : 3.000.000 $
Huile (200x75 cm) - Art Institute of Chicago, Chicago
La Bièvre à Jouy-en-Josas (1867) : 2.300.000 $
Huile (250x96cm) - Kunstverein, Hambourg
Champ de blés à Bois-l’Evêque (1862 : 2.100.000 $)
Huile (250x150 cm) - Metropolitan Museum of Art, New York
Clairière de la Forêt de Roumare (1860) : 2.000.000$
Huile (250x150cm) - Musée d’Orsay, Paris
L’Estaque (1871) : 1.900.000 $
Huile (250x75 cm) - Galerie Nationale du Canada, Montréal
Bois de Boulogne (1865) : 1.800.000 $
Huile (200x75 cm) - M.O.M.A., New York
Cerisiers en fleurs (1869) : 1.200.000 $
Huile (200x75 cm) - Musée Granet, Aix-en-Provence
En arrivant sur Shannon (1878) : 1.200.000 $
Huile (200x75 cm) - National Gallery, Dublin
1er Trimestre 1997
© Jérome Fraissinet, Louveciennes, 1997