Touraine

(1953-1968)
Pierre Félan s’installe dans une grande maison en Touraine, dans laquelle il s’aménage un grand atelier et un petit bureau sous les mansardes. Il préfère écrire dans des conditions minimales, car dit-il " elles permettent un transfert direct entre l’esprit et la main ". A l’inverse, " dans l’atelier, ce qui compte c’est que le bras puisse tourner sans rencontrer quelque obstacle ".
Il se promène dans la campagne avec un bloc de papier et quelques crayons croquant en dessin ou en poème les paysages qu’il rencontre. Il expose en juin 1954 l’ensemble de son travail à la Tate Gallery (Londres). L’ensemble de son œuvre est achetée par un grand collectionneur américain pour 1.200.000$. Félan est sidéré de voir comment quelques dessins peuvent atteindre des sommes aussi importantes. Il fait don de la moitié de ses ventes à l’association juive contre l’Holocauste en mémoire de son passé.
En novembre 1954, Félan se marie avec Juliette Frémont, la boulangère de La Chapelle-sur-Loire de 20 ans plus jeune que lui. Dès 1955, Juliette donne naissance à deux jumeaux : Jacques et Michel. Félan est alors très occupé par ses enfants et travaille moins. Il invite ses parents maintenant retraités à le rejoindre en Touraine. Il expose en 1959 son travail au Musée d’Art Moderne de Grenoble. Là encore, l’ensemble de ses dessins est acheté pour 1.000.000$ par un émir arabe qui vient de se faire construire un immense palais dans les Emirats.
En 1960, Félan se remet aux séries. Il travaille durant quatre ans sur le projet Les Lignes Vides. Il définit la ligne vide par : " Alors que la ligne mathématique est sans dimension, la ligne picturale a une dimension. Pour la rendre vide, une manière est de la représenter sans la dessiner. " Ainsi, il matérialise la ligne vide par l’espace qui sépare deux lignes. De 1965 à 1968, il réalise une exposition itinérante exposant son travail qui consacre Félan aux yeux du monde artistique.
 
Bosquet, (1953) La route de Bourgueil, (1953)
Fusain, (30x30 cm) Fusain, (30x30 cm)
 
Champ, (1953) L’église de La Chapelle-sur-Loire, (1954)
Fusain, (30x30 cm) Fusain, (30x30 cm)
Collection particulière
L’orage
L’orage point,
Le vent se lève.
L’horizon feuillu ondule.
Les oiseaux, par myriades,
s’éloignent,
Quelques feuilles virevoltent.
Les chevaux hennissent,
Les fourmis rentrent au chaud.
La cloche sonne sept heures.
Il est temps de s’abriter.(1954)

Les Lignes vides
Sans lignes vides, (1961) 4 Lignes Vides, (1961)
Fusain (80x80 cm) Fusain (60x80 cm)
M.O.M.A., New York M.O.M.A., New York
Lignes Vides mais musicales, (1963)
Fusain (120x40 cm)
Scottish National Gallery of Modern Art, Edimbourgh
Lignes consoeurs vides, (1962)
Fusain sur argile séché (80x40 cm)
Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
 
Lignes et nombres vides, (1964)
Encre (80x80 cm)
Museum der Stadt, Cologne
Ligne Vide mais qui fait le plein, (1962)
Fusain, (100x100 cm)
Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris
Lignes Vides multicolores, (1962)
Fusain, Encre (60x60 cm)
Palais des Beaux-Arts, Pékin
La Ligne Vide, (1960)
Fusain (120x40 cm)
Collection Particulière
Lignes vides courbes, (1964)
Fusain, Encre (40x120 cm)
Musée d’Art Moderne, Tokyo
Lors de ses expositions itinérantes, Félan vend de très nombreuses oeuvres à des musées. Il continue cependant à dessiner des lignes vides. Il essaie un nouveau support : le crépis. " La texture du pastel sec se révèle vraiment au contact de ce support très chaud. ". Il travaille l’encre, un matériau qui lui permet de délimiter parfaitement les lignes. En 1967, Félan commence à travailler la couleur. Mais, dit-il, " la force de la couleur n’est rien en comparaison de la symbolique du trait. "
De 1964 à 1968, de nombreux artistes viennent chez lui en Touraine : l’artiste minimaliste américain Mel Bochner avec qui il discute sur les poésies minimales, le peintre belge Luc Peire dont le travail sur les lignes verticales l’intéresse tout particulièrement mais aussi l’artiste algérien Mahdjoub Ben Bella avec qui il parle calligraphie.
En septembre 1968, la mère de Félan meurt à l’âge de 88 ans. Son père meurt de chagrin deux mois plus tard. Ces morts coup sur coup affectent beaucoup Félan qui décide alors d’aller s’installer en Guadeloupe avec toute sa famille.
Crépis III, (1966) Crépis IV, (1966)
Pastel sec sur planche crépie, (80x60 cm) Pastel sec sur planche crépie, (80x60 cm)
Collection particulière Stedelijk Museum, Amsterdam
Visage Humain, (1968) Etoile, (1968)
Fusain, Encre, (80x120 cm) Encre, (35x120 cm)
Galerie nationale du Canada, Montréal Collection Particulière
Idées minimales
bonne
fausse
fixe
mauvaise
que l’on se fait
- ale
E l s t e n, à c I.
Elles le sont toutes en nous, à chaque instant.