A Amsterdam, dès son arrivée, elle sort beaucoup et n’arrive pas, malgré les nombreux conseils de Martin, à arrêter l’héroïne. Sa peinture évolue : elle est moins violente, plus posée. Elle tisse des toiles sur ses tableaux simplifiant les tâches de ses débuts en des aplats plus structurés (Rue Santa-Monica). Parallèlement, ses textes évoluent aussi : le contraste froid-chaud de cette ville l’instabilise et elle s’enferme dans une poésie glauque (Le petit scarabée, Au fond de mon lit). |
La relation qu’elle entretient avec les hommes se dégrade là encore. Martin, qui tient beaucoup à elle la programme dans sa galerie (Galerie Martin Boowerk, Amsterdam) en mars 1978. Elle ne s’en étonne pas ni ne s’en orgueillit. |
Cette exposition est un véritable succès : elle vendra beaucoup de tableaux à des prix parfois importants (30.000$ pour Héroïne qui sera revendu en 1990 au Guggenheim pour 900.000$). Martin en est très fier et commence déjà à " traîner " Maria dans des cocktails mondains en la montrant un peu comme " un chien savant ". Maria se sent de plus en plus mal à l’aise et préfère quitter Martin en avril 1979 pour mener sa vie comme elle l’entend, maintenant qu’elle en a les moyens. Elle lui laisse le tableau Rue Santa-Monica qu’il revendra en juillet au Musée d’Art Moderne de Tokyo pour 1.300.000$, permettant à son insu de faire reconnaître Maria Santarès dans le monde entier. |
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Dans sa boîte noire, il est enfermé. |
Il ne respire plus, il est asphyxié. |
Il ne vit plus, il est mort. |
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Sa tête bouge, ses réflexes lui survivent. |
Recroquevillé sur lui-même, il rejoint la position du foetus. |
Il se cache dans un coin de sa toute petite boîte. |
Il se désagrège. |
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Plus tard. |
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Un petit tas de poussière ne lui ressemble plus. |
Une fourmi, puis une autre, puis une colonie |
Viennent s’abreuver de cette substance tristement organique. |
Je l'attends encore tout au fond de mon lit. |
Les couvertures noires m’ensevelissent. |
Je suis catapultée dans les catacombes, |
Je ne vois plus que les reflets de l’univers : les trous des draps. |
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Je suis sourde maintenant, presque aveugle. |
Les tâches blanches virevoltent sous mes paupières : |
des éclairs rougeoyants transpercent ma peau. |
J’ai chaud, très chaud... |
Je vois au fond une dose toute blanche : |
je la prends et me l’insère dans mes veines brûlantes. |
Un doux liquide blanchâtre vient heurter mon cerveau : |
Je sors des couvertures : il fait nuit. |
Il n’est pas là : je m’évanouis. |
Sous la terre, |
Un ver de terre glisse sur mon épaule, |
Un autre me transperce l’œil, |
Un autre me prend par derrière : je jouis. |
J’avale une gorgée d’engrais. |
J’avale une gorgée de petites fourmis, |
Les pousses d'un poireau m’étouffent : |
Je sors la tête. |
Un chien qui passe par là me chie dessus. |
Je pue et replonge sous terre parmi mes amis les vers de terre. |
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