New York

1959-1970
A New York, il s’installe dans une communauté russe à Chinatown. Il est engagé comme professeur d’art russe à l’Université des arts. Il continue à peindre dans l’atelier des professeurs de la faculté. Très vite, ses collègues remarquent chez lui, une autre vision du Pop Art, courant émergeant à cette époque aux Etats-Unis. " Le travail de Taroff était moins tape à l’œil que le nôtre. Il semblait plus posé, plus intérieur. Nous, nous étions tout excités par ce nouveau courant. Taroff, lui, débarquait, vierge de ce fanatisme ambiant pour cette révolution culturelle. ", raconte Isabella Fratelini, une ancienne collègue de Taroff.
Taroff, continue ainsi à peindre tout en travaillant. Il expose et vend de temps en temps ses tableaux lors d’expositions organisées par l’Université. En février 1963, soutenu par Isabella Fratelini, il expose dans une galerie Underground sous l’intitulé Cartes, mais il ne veut vendre aucun de ses tableaux. En mars 1963, à la fin de l’exposition, devant le succès et le nombre de demande d’achat, le galiériste propose à Taroff d’organiser une vente aux enchères de ses tableaux. Taroff accepte, un peu à contre-cœur, jugeant cette démarche un peu loin de l’artiste libre. La vente est exceptionnelle et les prix des tableaux s’envolent. Il vend ainsi le tableau Routes népalaises à 300.000$.
Ville (1957),
Peinture industrielle/tissu, 250x100 cm
University of California, Berkeley
Territoire Nord Américain (1959),
Peinture industrielle/tissu, 300x125 cm
University of Arts, New York
Indonésie (1960),
Acrylique, 200x140 cm
Institute of contemporay Arts, Londres
Routes népalaises (1961),
Acrylique, 300x270 cm
Collection particulière
A la suite de ce succès, l’Université lui propose de changer de poste et, chose rare, lui demande de le définir. Taroff décide alors d’ouvrir un cours-débat sur l’art contemporain. Il tient ce cours durant la saison 64-65 avant de quitter définitivement l’enseignement. Il s’explique sur ce cours dans Arts Magazines : " J’ai toujours trouvé bizarre que l’on puisse apprendre à des élèves la peinture. Il est certes nécessaire d’acquérir un minimum de technique. Mais de plus en plus, la problématique de l’art rejoint celle de la liberté de l’homme dans la société. Qui, sinon un être supérieur auquel je ne crois pas (rires ...), pourrait prétendre posséder une vision globale. Je ne crois pas qu’il y ait de l’expérience en art puisque, paradoxalement, la jeunesse propose un art plus mûr que les redites inévitables de l’âge. Ce cours-débat permet ainsi à chaque étudiant d’échanger ses idées. Je me retrouve là, comme animateur de débat posant à ces futurs artistes les questions fondamentales sur la liberté. " (Arts Magazine, New York, octobre 1963).
Dans un entretien à Arts News, Taroff explique, pour la première fois, les noms de ses tableaux, tous relatifs à des cartes géographiques : " Dire que le monde en lui-même est riche d’images est un lieu commun. En revanche, les images aériennes ne sont pas des images humaines. Elles n’ont aucun relief apparent, elles forment un dessin de surfaces soumis aux lois naturelles de la nature, constructions de l’homme y compris. Je ne peins pas à priori des cartes géographiques. Je compose en prenant garde à ce que les traits, les couleurs, puissent être interprétées comme des images aériennes. J’ai vu ,il n’y a pas longtemps le travail de René Dupré. Son sens aigu de la nature est particulièrement intéressant et j’aimerai m’en rapprocher. Malheureusement, j’ai bien peur que vivre comme Dupré serait se couper du monde et je n’en suis pas capable. " (Arts News, juin 1965)
Baie de San Francisco (1965),
Acrylique, 200x200 cm
Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles
La tête de tigre (1970),
Lithographie unique, 200x185 cm
Pasadena Art Museum, Pasadena
En 1966, il rencontre la peintre Ida Karskaya, française d’origine russe, avec laquelle il se lie d’amitié. Ils entretiendront toute leur vie une correspondance fournie plus sur l’évolution du peuple russe que sur l’art en général, sur lequel ils ont les mêmes idées.
La modestie de Taroff est très vite appréciée des galiéristes et des critiques. En revanche, les artistes extravagants du moment trouvent son attitude trop sérieuse et le catalogue en réactionnaire ex-communiste. Il n’a que faire de ces critiques et continue son travail. Il est attiré par le travail d’artistes italiens comme Mimmo Rotella, Pinot Galliezo et Gianni Dova. Son travail est plus noir, et déjà l’idée de texture apparaît par un jeu d’empattement dans ses peintures. Les tableaux La tête de tigre et Néons, marquent la transition de Taroff vers ce qui deviendra sa période Clair/Obscur opposé à sa période Pop Art.
New York, avant et après (1967),
Acrylique, Bande adhésive, Bombe, 200x180 cm
Galerie nationale du Canada, Montréal