Clair/obscur

1971-1981
En 1971, Taroff s’installe sur Long Island. Il s’isole ainsi du monde pour rejoindre la nature, " si ce n’est par les actes regrette-t-il, ce lieu demeure encore plus calme que la ville." Il ne va plus souvent à New York même, uniquement pour y rencontrer quelques amis. Il décide de se consacrer pleinement à sa peinture. C’est en 1971 qu’il peint le tableau Lumière Noire qu’il vendra en 1975 au Musée d’Art Moderne de Paris (1.000.000$).
Il expose en 1972 à Londres et à Paris ses derniers tableaux. Le succès est toujours au rendez-vous. Les critiques et les coursiers en œuvre d’art jugent le travail de Taroff original et caractériel. Les oeuvres de Taroff sont souvent vendues à de grandes multinationales désirant décorer leurs salles de réunions. Taroff, qui reste toujours un peu communiste au fond de lui-même, commente cette fin plutôt inattendue de ses oeuvres : " un ex-communiste convaincu qui vend des tableaux au summum du capitalisme, il n’y a plus qu’à sourire et vivre ... "
En juin 1973, Taroff rencontre, lors d’un concert de musique contemporaine, Djamela Fares, une violoncelliste marocaine. Très vite, il tombe amoureux d’elle et elle de lui. Elle vient s’installer avec lui à Long Island. Ils se marient en octobre à la Mosquée de New York. Taroff, pour qui Dieu ne veut pas dire grand chose, accepte de se marier sous ce régime car dit-il, " la tolérance est la base même du couple. "
Ismaël, leur premier enfant naît en mars 1975, le second Ahmed, un an plus tard en octobre 1976 et enfin le troisième, Youssef, en janvier 1978. Durant ces trois années, Taroff peint moins, s’occupant de sa femme et de sa famille. Il garde le souvenir de son père, qui, trop absent l’a fait s’engager trop tôt dans " un monde adulte pervers. " Toutefois, il expose en 1976 au M.O.M.A avec le peintre Soulages lors de l’exposition Black & Black.
Néons (1970),
Huile, 300x150 cm
M.O.M.A., New York
Lumière noire (1971),
Huile, 300x150 cm
Musée d’Art Moderne, Paris
Galère romaine dans la nuit (1975),
Huile, 290x140 cm
Palazzo Grassi, Venise
Marché à Fès (1976),
Huile, 290x140 cm
Musée d’Art Moderne, Casablanca
Il peint en 1978 la série Clair/obscur qui sera vendu au Musée d’Art moderne de Tokyo pour 2.000.000$. Là encore, Taroff ironise sur le prix de ces tableaux en les considérant comme " des bouts de toiles vaguement colorés. "
En 1981, Taroff et sa femme décident d’aller s’installer à Fès au Maroc afin de se rapprocher de la famille de Djamela. Taroff prend ce changement de lieu à cœur et décide lui aussi de changer de cap. Il est depuis longtemps attiré par le travail des textures. Ce changement de lieu est l’occasion de s’y consacrer.
Il réalise en avril 1982, l’exposition Clair/Obscur au Musée d’Art Moderne de Casablanca, conviant à ses frais les critiques New Yorkais et ses amis. C’est à cette occasion, qu’il annonce, événement rare, que sa période Clair/obscur est terminée et qu’il va commencer un travail de sculpture plane. La critique est surprise par cette " opération ". La considérant tout d’abord très marketing, et loin de l’esprit indépendant de l’artiste, Taroff réussit, beau gré mal gré, à leur expliquer que cette invitation est un gage de remerciement envers le peuple américain qui l’a accueillit. En effet, le 15 décembre 1981 Yvan Taroff devient citoyen marocain.
 
 
Clair / Obscur (1978),
Huile, 120x120 cm (X4)
Musée d’Art moderne, Tokyo
Forêt (1979),
Huile, 280x140 cm
Israël Museum, Jérusalem
La cathédrale (1981),
Acrylique, 280x140 cm
La Medusa, Rome