Au début, rien n’existe.
L’énergie visuelle s’accroît.
Un projet mûrit dans la tête. C’est la volonté de voir et de toucher sa pensée.
Commence alors l’accumulation de matières : support, couleurs, outils, solvants …
Un jour, l’esprit déborde. L’attente est alors intolérable.
La rencontre peut s’effectuer.
Les présentations se font : l’atelier, l’ensemble des éléments…
Puis tout arrive d’un coup : une idée se transforme en ébauche.
Le support n’est plus vierge, il n’est plus qu’un espace ouvert à son âme, un vaste lieu d’énergie potentielle.
Les formes amènent les couleurs.
Les couleurs recréent l’espace.
Des sigles apparaissent, des contrastes aussi.
Les outils se livrent et donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Les transitions se font claires, la matière s’assemble.
L’espace est tour à tour immense et microscopique.
Le pinceau est la main, la main est la tête.
Le contact s’établit.
Les pensées deviennent matière.
La matière se meut.
La jouissance est.
Les pensées se réaniment. Les souvenirs deviennent présent.
Les couleurs dansent, s’étreignent.
Les formes s’unissent.
Des micro-climats fantastiques apparaissent alors.
Mais la tempête créative les détruit à jamais.
Puis l’espace se referme irrémédiablement.
Plus qu’une seule goutte n’y pénètre.
Puis plus rien.
Tout est fait, tout est complet.
Je signe.
Au début, rien n’existe.

Françoise a partagé avec moi ce rare moment.
Elle en a capté les moindres et intemporels fragments.
Ils sont tous là.

Jérome Fraissinet