Voici un petit historique de la
350 trois cylindres deux temps Motobecane et Motoconfort
1972,
Naissance de Zinedine Zidane ; Prise d'otage aux
jeux olympiques par les membres de Septembre noir ; Patrick Pons sort
vainqueur
de la coupe Kawa ; les survivants de l'accident d'avion dans la
cordillère des Andes
sont accusés de cannibalisme.
Ça y est, enfin, la firme de Pantin décide de sortir une moto. La
dernière est
la 175 Z (la Z3C 250 ne verra jamais le jour), il faut remonter en 19xx
pour
trouver la bicylindre 4 temps L4C qui sera diffusée de manière
confidentielle
(2000 exemplaires).
L’inspiration vient bien évidemment du coté du soleil levant... pour
une fois,
c'est nous qui copions !!!
Elle tiens plus d'un 380 ou d'un 550 GT que de la 350 S2 ou la 500 H1,
elle
devra être motorisée par un moteur de 350 ou de 500cc. La partie cycle
en bon
acier bien épais est déjà conçue pour absorber le surplus de puissance.
Mais
retournons au début...
1969, la 125 Standard est présentée au salon, une espèce de mob à deux
cylindres, plutôt utilitaire, mais le choix du bicylindre est assez
curieux
dans ce cas... bon, on n'est pas à une contradiction près chez Tobec.
Eric Jeaulmes Directeur Technique, arrivé chez Motobécane en 1927
(neveu de
Charles Benoit, Directeur et fondateur de la marque) ne voulais pas
d'un deux
temps, et aurais préféré un twin ou un 4 pattes 4 temps. Il y avait
déjà une
bonne quantité de prototypes de moteurs qui auraient convenus dans les
cartons.
Les dessinateurs travaillaient sur cette machine et sur les projets de
mobylettes ou autres moteurs destinés à l'industrie, voire aux machines
destinées à la production de l'usine, mais en retournant les feuilles,
on
trouvait les plans de la 350 sur lesquels ils travaillaient dès que
Jeaulmes
avait le dos tourné.
Ce n'est que quand Jeaulmes a découvert le pot aux roses qu'il a décidé
d'y
ajouter son trait de génie.
Fin 1970, la maquette en plâtre est terminée, début 1971, Moto journal
vole des
clichés pendant les premiers essais routiers de cette machine à
Montlhéry.
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Kawasaki 500 H1 (1969)
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Kawasaki 350 S2 (1972)
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Suzuki 750 GT (1972)
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Tout
le
monde comparait la 350 Tobec à une Kawasaki, (dont même la pub
disait:
jusqu'à 6000 tours, c'est un 3 cylindres, au-dessus c'est une kawa)
alors que
la Motobécane était davantage destinée aux roules toujours,
confortable,
comportement routier irréprochable, 110w pour l'éclairage (amplilux
Marchal
bi-iode, le même que sur les deTomaso Panthera), 180W d'alternateur,
jantes alu
Borani, frein avant Lockheed AP Racing... que du beau matos. Le couple
est
présent dès les bas régimes (héritage des mobs oblige), la zone rouge
commence
à 7500 tours, là ou les kawas commencent à trouver leurs chevaux. Elle
était
plus comparable à une 380 GT qu'à une 350 S2.
La machine présentée au public au salon de 1972, est admirée par le
président Georges Pompidou qui félicite Motobécane pour son courage
d'affronter
les japonais. Quelques jours plus tard, son premier sinistre (un
certain Valéry
Giscard d'Estaing...) classe les motos de plus de 240cc comme objet de
luxe et
donc une TVA de 33,33%... joli cadeau de naissance, non ?

Les 20 premières machines (les
prototypes) étaient d'un beau rouge, les monogrammes étaient des
autocollants et les carters latéraux en ABS thermoformé, procédé que
l'on utilise généralement pour les prototypes.
Ensuite, les machines de 20 à 508 étaient jaune paille.
les suivantes ont bénéficié d'un jaune bien plus vif
Comme
vous le voyez sur ma machine, le carter de chaine a bien souvent été
balancé aux
orties, car leur bienfait (accroissement notable de la durée de vie de
la
chaine) faisait penser aux motos est-allemandes, pour qui c'était une
plus une
question de survie ; l'acier à ferrer les lapins de leur chaines avait
besoin
de soins et d'être isolé des agressions de la pluie et du sable. Donc
exit, cet
accessoire bien utile, sacrifié sur l'autel de la mode. D’ailleurs, les
Honda
750 four, malgré leur puissance démoniaque, n'avaient pas de carter
étanche. Charge
à leurs propriétaires de bien nettoyer et de changer régulièrement
cette chaine
qui ne cessait de se détendre.
Mais, un carter de chaine étanche, ca fait mémère, comme les AV89, les
chaudrons de la même marque... alors, hop, aux oubliettes, malgré le
moyeu
à broche qui permettait de changer les mâchoires de frein ou de
réparer une crevaison sans toucher ne serait-ce qu'à la tension de
chaine.
Moralité, cet accessoire est devenu l'une des pièces les plus
difficiles à
trouver de nos jours... si quelqu'un maitrisant la fabrication d'un tel
accessoire existe, qu'il parle ou se taise à jamais!!!
Cette
machine est bien l'aboutissement du slogan "pour le meilleur ou pour le
pire" il n'y a qu'à regarder le tableau de bord, pour trouver le top
avec
les compteurs compte tours Veglia qui 40 ans après sont toujours
immunisés
contre la maladie de Parkinson, le maître cylindre Lockheed AP-Racing
qui
était le top du top et le rotacteur que même BMW avait abandonné après
la série
2, cette espèce de palette nigaude présentant les quatre voyants qui
regrettent
encore leur machine outil au confort douillet d'où on les avait
arrachés.
Et le summum, la cerise sur le gâteau, les comodos Saker... ces trucs
bourrés
de faux contacts, à la qualité bien inférieure à celle des 125 qui
leurs
ressemblent pourtant comme des frères, mais non, ce plastic est toc....
(Même
Bobby Lapointe aurait pu le chanter) et quarante ans après, il est bien
difficile d'en trouver un qui supporte même le démontage...
Malheureusement, entre le premier choc pétrolier du 16 Novembre
1973
et
l'interdiction des
deux temps en Californie, cette belle machine a été stoppée nette...
L'usine consciente des problèmes de consommation et de propreté a décidé
de travailler sur l'injection électronique.
plutôt que de gâcher du mélange pour balayer les gaz brulés, canetons
utilisait de l'air, et une fois la lumière d'échappement refermée, on
injectait l'essence dans le cinquième transfert.
Mais les régimes auxquels tournent les moteurs de moto sont totalement
incompatibles avec les systemes à injection automobiles. Seule
l'électronique que Motobecane maitrisait depuis une dizaine d'années
put les remplacer.
Présentée en 1974 au salon de l'auto, elle fit sensation !!!
Cette photo fit le tour du monde et fut même diffusée à la une d'un
journal moto japonais...
Présentée comme une 500, elle n'a jamais tournée, il n'y eut que quatre
modèles à injection et une 500 dont les cylindres n'étaient pas chromés
durs mais chemisés. en effet, la machine à faire des éclats dans le
chrome ne pouvait pas dépasser le diametre des pistons de la 350 sans
être profondément remaniée.
L’une des 350 Injection a été donnée à Mercury à qui Motobécane souhaitait céder son
brevet sur l'injection des 2 temps. Elle est revenue il y a quelque temps
en France.
Mais, pour Motobécane, c'est le début de la fin,
J’ai entendu le directeur marketing qui était encore là en 1984 lors de
la vente de Motobécane à Yamaha me dire que chaque fois qu'il allait visiter
ses concessionnaires la plupart lui disaient: "vous voyez, je l'ai
encore, la jaune"...
200 machines invendues ont été mises au pilon, pour diminuer le passif
de la société, sous les yeux éceurés de leurs concepteurs...