LA PAGE DES CARTES

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Quelques cartes pour mieux comprendre les batailles de 1870

  1. La bataille de Sedan (28 août - 3 septembre 1870)

  2. Borny (14 août 1870)

  3. Rezonville (16 août 1870)

  4. Saint-Privat (18 août 1870)

  5. Froeschwiller (6 août 1870)


La bataille de Froeschwiller (6 août 1870)

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La bataille de Wœrth pour les Français, de Frœschwiller pour les Allemands, s’engage le matin du 6 août 1870 sans que ni Mac Mahon d’une part, ni le prince royal d’autre part n’aient donné le moindre ordre. L’un et l’autre sont contraints au combat par les initiatives de leurs subordonnés.

Après la surprise de Wissembourg, Mac Mahon voulait se replier sur les Vosges ; mais les Allemands ne lui en laissent pas le loisir. Ils le contraignent à la bataille. 

Dans la matinée (vers 9 heures) le Vème corps d'armée prussien (général Von Bose) soumet le centre et l’aile sud française à un bombardement intense d’artillerie qui lui permet de s’emparer du village de Morsbronn (voir cartes, au sud), tandis qu'au nord le 1er corps bavarois (général von der Thann) harcèle les troupes établies à Langensoultzbach. Solidement retranchés, les turcos et les chasseurs d’Afrique résistent (cf. cartes, entre Froeschwiller et Goersdorf). Les combats sont âpres et la décision incertaine ; les détachements d’infanterie prussienne sont très éprouvés mais leur effort leur donne la possibilité de tourner le dispositif français par le sud. 

Pour dégager sa propre infanterie, Mac Mahon sacrifie les cuirassiers de la brigade Michel. Charge inutile ! Hachée par l’artillerie prussienne placée sur les hauteurs de Gunstett, les cavaliers se font décimer et, bloqués par des chariots mis en travers de la rue principale de Morsbronn, les survivants sont massacrés par des tireurs prussiens embusqués dans les maisons (cf. tableau d'Édouard Detaille ci contre).

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Pressentant le succès, les Allemands décident d’engager leurs réserves et lancent une offensive générale. Les Prussiens éprouvent de lourdes pertes, mais ils parviennent à entrer dans Wœrth et à s’emparer du village d’Elsashausen. Seuls, au nord, les turcos réussissent à tenir en échec les Bavarois. 

Charge d'Elsahaussen par Robiquet

La situation des Français devient critique. Mac Mahon décide alors la retraite vers Reichshoffen et pour protéger son mouvement, il fait donner la brigade de cuirassiers Bonnemains. Cette seconde charge s’avère aussi vaine et meurtrière que la précédente. Lourdement harnachés, les cuirassiers s’élancent sur un terrain vallonné coupé de vignes et de houblonnières et se font tailler en pièces par l’artillerie ennemie ou les tireurs embusqués. 

Reichshoffen par 

Aimé Morot

Vers 17 heures, les Prussiens s’emparent de Froeschwiller. Épuisées, les troupes de Mac Mahon refluent sur Reichshoffen, Nierderbronn et Saverne (localités situées au nord ouest de la carte sur la route de Bitche). Les pertes sont lourdes. Les Allemands décomptent 10600 hommes mis hors de combats (18% environ des effectifs) et deux généraux blessés ; côté français, les pertes sont estimées à 9800 hommes (dont quatre généraux tués parmi lesquels Colson, chef d’état-major de Mac Mahon) soit 24 à 28% des effectifs[1], auxquels il convient d’ajouter près de 6000 prisonniers. Au total, c’est 40% des forces françaises qui sont réduites à néant quand les 60% restant refluent en désordre. Ce n’est pas une retraite qu’opèrent les restes du 1er corps, mais à une véritable débandade[2]

__________________

[1] Chiffres donnés par François Roth, La guerre de 1870, Fayard 1990 ; p.51

[2] Lecaillon, Eté 1870, la guerre racontée par les soldats, Paris, éditions Giovanangeli, 2003, pp.69-72 et 79-81.

 

Pour des renseignements plus détaillé, voir le site du musée de Woerth 

et la page consacrée à la bataille elle-même

 


La bataille de Borny (14 août 1870)

Après avoir reçu (le 12 août) le commandement de l'armée du Rhin avec mission d'assurer le repli de celle-ci sur le camp de Chalons où l'attendra l'Empereur, le maréchal Bazaine organise la retraite. Non sans difficultés tant le désordre issu des premières défaites des 4 et 6 août est grand. Le 14, alors que les troupes françaises s'efforcent de traverser la Moselle, le général Von der Goltz prend l'initiative (contre l'avis du Haut Commandement prussien) d'attaquer les forces françaises à l'Est de Borny (du côté de Coincy, cf. carte 1). Il est 15 heures 30. Alertés par le "son du canon", les Français font volte-face pour contenir l'assaut prussien. Les combats sont particulièrement violents et meurtriers. Après avoir stoppé les renforts prussiens qui se sont emparés de Noisseville et de Montoy-Flanville (cf. carte 2), ils parviennent à repousser l'ennemi et à rester maîtres du champ de bataille (cf. carte 3). Ils sont victorieux, mais l'imprudente initiative de Von der Goltz a retardé d'autant la retraite française.   

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carte 1                         carte 2                           carte 3

 

carte 1 : situation à 15h 45.  A l'Ouest de la carte, les troupes françaises (Cissey, Aymard, Montaudon) font mouvement. Elles se dirigent vers la Moselle qu'elles ont mission de traverser. C'est le moment choisi par les Prussiens pour attaquer sur Coincy et bombarder l'arrière garde française depuis le château de Mercy (situé un peu à l'Est de Grigy sur la carte).

 

carte 2 : situation à 17 h. Les Français ont fait volte-face. Les forces du 4è Corps (Ladmirault) repassent la Moselle pour venir soutenir leur arrière-garde menacée par l'arrivée de renforts prussiens (brigade Falkenstein en avant de Montoy, division Memerty en avant de Noisseville). Au sud, au niveau de Colombey, la division Metmann stoppe l'offensive prussienne.

 

carte 3 : situation à 19 h. Sur toute la ligne de front, les Prussiens sont repoussés (au nord, secteur de Mey - Nouilly ; et au sud, à Colombey) ou stoppés (au centre). Les Français bivouaquent sur le champ de bataille. Mais le passage prévu de la Moselle, pour porter l'armée du Rhin à l'ouest de Metz (la ville se situe à l'Ouest des 3 cartes présentées) n'a pas été accomplie. La retraite sur Chalons prend du retard.

 

Source : S.H.A.T. Vincennes

 


La bataille de Rezonville (16 août 1870)

Le 14 août, les Français bivouaquent sur le champ de bataille de Borny. Non sans bonnes raisons, ils se considèrent comme vainqueurs. Ils ont su repousser les assauts de l'ennemi et faire la preuve de leur valeur. Mais la retraite sur Chalons en a été retardée d'autant, maintenant l'armée du Rhin sous les murs de Metz et à la merci de nouvelles attaques.

Le 15, jour de la fête de l'Empereur, le mouvement de retraite doit reprendre. L'armée pourtant tarde à se replier. Les fatigues accumulées obligent le commandement à accepter que les troupes les plus éprouvées prennent quelque repos. Les combats du 14 ont laissé de nombreux morts et blessés sur le champ de bataille. Il faut prendre le temps de relever les uns, d'enterrer les autres. La reprise de la retraite vers l'ouest par les unités les moins fatiguées ne s'opère donc que lentement, d'autant plus que les bagages de l'armée encombrent les routes et gênent la traversée de Metz. L'embouteillage est total. Le 16, l'armée du Rhin a franchi la Moselle et s'engage, par Mars-la-Tour, sur la route de Verdun. Mais elle est encore sous les murs de Metz, au niveau des villages de Rezonville, Flavigny, Vionville. C'est là que les Prussiens, arrivant par le sud décident, de les attaquer à nouveau.

 

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carte 1                    

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                carte 2

Dans la matinée (carte 1), les troupes françaises sont échelonnées en profondeur. L'avant-garde occupe Vionville, le quartier général est à Gravelotte (3,5 km au nord-est de Rezonville), la droite de l'armée s'étend jusqu'à Saint-Privat (situé au nord-est de Saint-Marcel, hors des limites de la carte ci-dessus). Retardés par les combats livrés à Borny, des fragments des 3ème et 4ème Corps sont encore plus éloignés.

Comme à Borny deux jours plus tôt, c'est un chef de corps allemand (Alvensleben du 3ème corps) qui prend l'initiative d'attaquer les divisions de Forton et de Valabrègue. Il est 9 heures 15. Une nouvelle fois, les Français sont surpris et abandonnent Flavigny et Vionville à l'ennemi. Les troupes françaises souffrent. Vers midi et demi, les cuirassiers de la Garde chargent à hauteur de Flavigny pour tenter de soulager le 2ème corps. En vain ! Ils sont décimés (carte 2).

Alvensleben, toutefois, a engagé toutes ses forces. Marchant au son du canon, la division du général Cissey arrive du nord pour soutenir l'aile droite française (Grenier), tandis que la brigade de France (division du Barail) qui avait escorté l'Empereur s'échappant de Metz par la route de Verdun, revient renforcer la division Legrand. Craignant d'être tourné sur sa gauche, Alvensleben lance la brigade von Bredow dans une charge meurtrière et vaine connue sous le nom de chevauchée de la mort (il est 14 heures). 

Vers 17 heures, les Français pourraient contre-attaquer et infliger aux Allemands un revers cuisant. Mais n'ayant pas reçu d'ordre offensif (la retraite est toujours à l'ordre du jour et l'Empereur a confié son armée à Bazaine avec ordre de ne pas risquer un échec) et supposant l'ennemi en plus grand nombre qu'il n'est, le général de Ladmirault ne poursuit pas son avantage. Dommage, sans doute, mais le moyen de penser autrement dans le feu de l'action ? Jusqu'à 19 heures, Bazaine et son Etat-major font le nécessaire pour repousser les assauts ennemis et rester maître du terrain. Comme à Borny, deux jours plus tôt, les troupes françaises couchent sur leurs positions. Elles peuvent se considérer victorieuses. Sauf que la route de Verdun reste coupée. Le risque d'un blocus de l'armée du Rhin s'accroît ! 

Les pertes sont lourdes : 32749 hommes (15790 Français, 16959 Allemands) mis hors de combat (Chiffres cités par François Roth).

Source : Service Historique de l'Armée de Terre (Vincennes)

Farinet (Alexandre), L'agonie d'une armée (Metz 1870) ; journal de guerre...1914

 


La bataille de Saint-Privat (18 août 1870) ou de Gravelotte pour les Allemands

 

L’armée du Rhin est toujours sous Metz. Les batailles de Borny et Rezonville d’une part, les hésitations du maréchal Bazaine et la désorganisation générale de son armée d’autre part, ont enrayé le mouvement de retraite sur Chalons qui avait été décidé quelques jours auparavant. 

 

carte 1 : Soucieux de ne pas se couper de Metz, Bazaine a disposé ses troupes sur des positions défensives, de Jussy (au sud) à Roncourt (au nord) en passant par Amanvillers. Principal point faible du dispositif français : son aile droite tenue par un 6ème corps (Canrobert) incomplet. L’armée allemande se déploie de Gravelotte (sud) à Sainte-Marie-aux-Chênes (nord) en passant par Vernéville, se présentant ainsi de manière risquée « à fronts renversés » puisqu’elle se retrouve face à l’Allemagne ! Son objectif : couper la dernière route de repli des Français, la route de Briey.

 

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                           carte 1

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carte 2

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carte 3

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carte 4

 

carte 2 : La bataille se joue sur deux pôles :

Au sud (Gravelotte),  allant à l'encontre des ordres formels de Moltke, Steinmetz lance son armée contre les 2ème (Frossard) et 3ème Corps (Bazaine) français. 

Au nord (Saint-Privat), le IXème corps (Frédéric-Charles) attaque en début d’après-midi le 6ème corps français. Non sans mal au début, la Garde prussienne, isolée, se faisant massacrer. 

 

carte 3 : Les 3ème et 4ème corps français font mieux que se défendre : ils repoussent l’ennemi qui éprouve de lourdes pertes. Moltke est contraint d’engager ses réserves pour empêcher les Français de percer sa ligne. Bazaine espérait-il percer ? Il pouvait toujours l'espérer. Mais, obnubilé par les combats qui ont lieu sur son aile gauche (au sud), il sous-estime ce qui se passe sur son aile droite (au nord) et oublie de soutenir Canrobert en difficulté.

 

carte 4 : Au nord-ouest de Saint-Privat, les Allemands ont renforcé leurs lignes d’artillerie qui use les positions françaises, d'autant plus aisément que celle-ci ne reçoivent aucun renfort. Placée en réserve, la Garde impériale n'est pas engagée. Bazaine ne lui donne pas l'ordre de soutenir Canrobert et le général Desvaux ne prend pas l'initiative de le faire. Épuisé et menacé d’être tourné, le 6ème corps finit par se replier, obligeant le 4ème (Ladmirault) à faire de même.

L’armée française a tenu, mais la route de Chalons est coupée. 

Une nouvelles fois les pertes sont lourdes : 31859 hommes (12599 Français, 19260 Allemands) hors de combat.

(sources : Farinet (Alexandre), l'agonie d'une armée...Paris Boivin et Cie, 1914 + S.H.A.T.)

 

 


La bataille de Sedan (1er - 3 septembre 1870)

Confiée au maréchal Bazaine, l'armée du Rhin est bloquée sous les murs de Metz à partir du 18 août. L'armée de Chalons, que l'Empereur accompagne, fait mouvement pour la secourir et tenter de prendre l'armée prussienne entre deux feux. La manœuvre peut offrir à la France une écrasante victoire; sous réserve, toutefois, de faire vite pour surprendre l'ennemi. "Faire vite", c'est précisément ce que l'armée de secours n'accomplit pas. Hésitant entre marcher sur Metz ou revenir sur Paris (carte 1), pour protéger la capitale des Prussiens d'une part et d'éventuels troubles insurrectionnels, elle perd du temps, revient plusieurs fois sur ses pas et se laisse lentement repousser vers le Nord (Rethel puis Sedan) par des Prussiens trop contents de maintenir les deux armées françaises à distance. Pris en tenaille entre les forces prussiennes qui s'appuient au sud sur la Meuse, et la frontière belge au nord, l'armée française se laisse enfermer dans Sedan (carte 3). Seules quelques unités parviennent à s'échapper en direction de Mézières (carte 2).

            

carte1                     carte 2                    carte 3

carte 1 : 28 août, d'après un "calque d'un croquis remis par le chef du cabinet du Ministre de la guerre". Source : S.H.A.T. de Vincennes. L'armée de Chalons doit se porter au secours de l'armée du Rhin (route en tracé vert) bloquée sous les murs de Metz (en jaune). Hésitant, le duc de Magenta se fait progressivement repousser vers la frontière belge (tracé bleu), tandis que le Prince royal fait mouvement pour le bloquer contre la frontière (en rose)

carte 2 : 30 août, les troupes du général de Failly surprises à Beaumont se replient en désordre sur Raucourt et Mouzon ; puis, sous la pression des Bavarois, elles rejoignent Sedan. Luttant pour le contrôle de Bazeilles, les Prussiens s'ingénient à bloquer l'armée française entre la Meuse et la frontière belge, lui barrant la route de Metz. Les Français n'ont plus que deux solutions pour s'échapper : forcer le passage à l'Ouest, en direction de Mézières, entre la presqu'île d'Iges et la Belgique, où gagner celle-ci par la route de Givonne à Bouillon.

carte 3 : 1er septembre, après avoir pris Bazeilles et coupé la route de Stenay, les Prussiens parachèvent l'encerclement de l'armée française. Seules quelques unités parviennent à forcer le passage par Floing et Saint-Menges ou à s'échapper par la Belgique. Wimppfen (qui a remplacé Mac-Mahon blessé), tente de forcer le passage par Balan.. en vain.

Source : S.H.A.T. Vincennes


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