Samaritaine Paris : Une fermeture éclair qui cache la spéculation immobilière

Le rapport de l'expertise commandée par les syndicats CGT et CFTC de la Samaritaine confirme ce que les salariés savaient depuis le début. Pour fermer ce grand magasin parisien quelques jours seulement après l'avoir annoncé, et conduire à terme des centaines de salariés vers le chômage, le groupe LVMH appartenant à Bernard Arnault, l'une des plus grosses fortunes de France, avait trouvé un prétexte: celui des problèmes de sécurité et de risque d'incendie.

Depuis 1983 pourtant, les rapports alarmants de la commission de sécurité de la préfecture de Police de Paris s'étaient succédé sans que l'on évoque la nécessité d'une fermeture, y compris le dernier rapport sur lequel LVMH s'est appuyé. LVMH et Arnault ne pouvaient en tout cas ignorer la situation du magasin sur le plan de la sécurité lorsqu'ils l'ont acheté en 2001. Mais, loin de s'atteler à régler d'éventuels problèmes liés à cette insécurité, ils les auraient au contraire aggravés, aux dires des experts, en augmentant la surface de zones de stockage sensibles.

Le rapport des experts juge par ailleurs fantaisiste la durée de six ans annoncée pour les travaux de sécurisation. Selon eux, un an et demi suffirait pour les effectuer.

Après la reprise par LVMH, la Samaritaine a connu quatre années déficitaires. Situation surprenante de la part de Bernard Arnault, d'habitude bien plus avisé pour profiter des bonnes affaires. Il y a, c'est l'évidence, d'autres enjeux dans l'acquisition de l'immeuble de la rue de Rivoli. À eux seuls, cet immeuble et son site, au cœur de Paris, représentent un excellent placement... immobilier.

À propos de ce rapport commandé par les syndicats, la direction de LVMH parle de "procès d'intention". Mais, rapport d'expertise ou pas, le prétexte de la sécurité est un stratagème cousu de fil blanc pour fermer la Samaritaine.

Michel ROCCO Lutte ouvrière

 

C'est juste mon Avis :   Janine Perrimond  (RTL 19 01 06)

Du nouveau à la Samaritaine, fermée depuis juin dernier. Le rapport d'expertise sur les raisons de la fermeture du magasin parisien du Pont-neuf, demandée par le CE, est présenté ce jeudi.
Ce rapport confirme l'intuition des syndicats de la Samaritaine : "La sécurité n'est qu'un prétexte pour fermer", disaient-ils. Et pourtant ! On se souvient de la direction disant : "Je ne peux pas mettre en danger la vie des mes salariés et de mes clients, du fait d'un risque d'incendie que je découvre! C'est mon devoir d'homme, de citoyen, de chef d'entreprise responsable". Ah bon ? A coups de citations puisées dans des documents officiels, ce rapport établit qu'année après année, et depuis trente ans, la préfecture avait signalé ce problème. Récemment, la direction avait fait des travaux d'aménagement. Sans tenir compte des propositions de l'architecte pour une meilleure isolation du bâtiment. Bizarre ! Elle refusait même de distribuer aux employés de passage la plaquette contenant les consignes d'évacuation. Parce que ça coûtait trop cher ! Oui, décidément bizarre pour une entreprise qui déclare que la sécurité était sa priorité.

En fait, il semble bien que le nouveau propriétaire de la Samaritaine , - le groupe LVMH était déçu de sa récente acquisition. Les résultats du magasin plongeaient.. Mais LVMH qui est le numéro un du luxe dans le monde, qui fait des bénéfices considérables. Pouvait-il se permettre de mettre la clé sous la porte et renvoyer 750 personnes ? Non, d'où ce scénario, presque machiavélique, consistant à laisser se dégrader la sécurité, pour l'utiliser ensuite comme prétexte. Quels vont être les arguments de la direction, pour répondre à ce rapport ? C'est ce qu'on se demande avec une très grande curiosité ! Enfin, c'est juste mon avis...