Samaritaine : CFTC et CGT claquent la porte du CE           NOUVELOBS.COM  20.01.06
Les deux syndicats ont demandé l'annulation du CE consacré aux expertises. Elles affirment que la fermeture de la Samaritaine était un choix délibéré.
 
La Samaritaine (AP)
  
Le Comité d'entreprise de la Samaritaine consacré vendredi 20 janvier à la présentation des rapports d'experts a été mouvementé. Les élus CFTC et CGT du grand magasin parisien ont indiqué avoir quitté la réunion du comité d'entreprise (CE) et précisé "demander son annulation" pour non respect des délais de convocation.
"Les élus CGT et CFTC ont quitté la réunion du CE dont nous allons demander l'annulation devant la justice pour non respect du délai de prévenance", a indiqué, la déléguée CGT, Madeleine Charton ajoutant avoir "été personnellement convoquée par huissier à ce CE, la veille jeudi" au lieu des trois jours légaux.
De son côté, la CFTC a confirmé "être sortie de la salle de réunion du CE après un vote majoritaire, par 5 voix (CFTC et CGT) contre 2 (CFE-CGC et Unsa) des élus".
Selon elle, "le CE s'est poursuivit de manière fictive en présence de la direction, de deux élus salariés (CFE-CGC et Unsa) et des experts, aussi nous allons demander son annulation."

"Procès d'intention"

Jeudi 19 janvier, la CGT et la CFTC avaient lors d'une conférence de presse, présenté le rapport des experts désignés en octobre par le CE. 

Selon le document, la fermeture en juin dernier de La Samaritaine, pour six ans de travaux, a été un "choix délibéré" de la direction qui n'a jamais fait de la sécurité "sa priorité".
La direction du grand magasin parisien, propriété du groupe LVMH, a dénoncé un "véritable procès d'intention". Elle a contesté dans un communiqué un rapport selon elle "étayé par aucun chiffre, ni aucun fait".
Le nouveau rapport, que le maire de Paris Bertrand Delanoë avait aussi appelé de ses vœux, afin de disposer d'une expertise "neutre et techniquement irréprochable" après les deux précédents rapports "contradictoires" des experts de la direction et du CE, tranche par la brutalité du ton.
"L'attitude de la direction de La Samaritaine au sujet de la fermeture du magasin est tout simplement ubuesque !", assène ainsi l'expert-comptable du cabinet Pluriel Consultants dans son document de 64 pages.

Première remarque en 1975

Reprenant la chronologie des évènements qui conduisirent le PDG Philippe de Beauvoir à annoncer brutalement, le 9 juin, aux 1.500 salariés la fermeture du magasin six jours plus tard pour une durée de six ans -"afin de garantir la sécurité de tous"-, le rapport ironise sur l'attitude du groupe qui connaissait parfaitement sa situation économique déficitaire.
Selon lui, cette même direction n'avait jusque-là pas fait grand cas des questions de sécurité.
"La première remarque de la commission de sécurité date de... juin 1975" et "depuis 1983" d'autres remarques se sont succédé en vain, souligne l'expert. "La sécurité n'a jamais été une priorité pour la direction" du magasin, qui a même "aggravé la situation" dans ce domaine, affirme-t-il.
Selon le rapport, "la direction utilise de manière abusive le principe de précaution", après avoir retenu le "pire des scénarios éventuels comme quasi certain". Son choix d'une "fermeture définitive" est "un choix délibéré qui ne peut en aucun cas être justifié par l'avis défavorable de la commission de sécurité", affirme-t-il.

Les syndicats confortés

Forts d'un tel argumentaire, les syndicats CGT et CFTC de La Samaritaine, opposés dès le départ à la fermeture totale du magasin, pensent pouvoir pousser LVMH à la renégociation.
D'autant que "l'inspection du travail a demandé le 19 décembre à LVMH de revoir son Plan de Sauvegarde de l'Emploi sous menace d'un constat de carence", ont-ils indiqué.
"Aujourd'hui, des experts viennent donner raison aux syndicats", s'est félicité Thierry Rondeau (CFTC). Ces derniers comptent maintenant s'adresser "aux pouvoirs publics, voire à la justice, pour demander réparation et contraindre la direction à revoir son plan social", a-t-il expliqué.
Monique Daniel, secrétaire CFTC du CE, a dénoncé le caractère "prémédité et calculé de la fermeture de La Samaritaine dès son rachat" en 2001 par le groupe de luxe LVMH.
"C'était un choix délibéré du groupe LVMH, qui a trouvé en juin dernier un prétexte sécuritaire", a renchéri Madeleine Charton, déléguée CGT

Samaritaine : date des travaux à venir  Nouvel obs 24.06.05

La décision sur le choix des futurs travaux de rénovation de la Samaritaine sera connue le 5 juillet. Nouveau rassemblement devant le magasin.
La décision sur le choix du projet de travaux de rénovation de la Samaritaine qui entraînera une fermeture totale ou partielle du grand magasin du Pont Neuf (1er arr) devrait être annoncée lors de la prochaine réunion du CHSCT le 5 juillet, a-t-on appris vendredi 24 juin auprès de l'Unsa.
Le 15 juin dernier, jour de la fermeture de la Samaritaine, son PDG, Philippe de Beauvoir, avait assuré que cette décision dont dépend le sort de quelque 1.500 salariés, serait annoncée "d'ici début juillet".
Vendredi matin la direction n'était pas encore en mesure de confirmer l'information.
"Notre situation est délicate depuis la fermeture car nous nous trouvons isolés, le pire est d'attendre sans calendrier même si depuis aujourd'hui (vendredi) on sait que le CHSCT se réunira le 5 juillet", a déclaré Françoise Poulain, déléguée Unsa.
Françoise Poulain qui fait partie des "300 salariés" maintenus depuis le 15 juin sur le site, a raconté avec émotion sa "tristesse" et de son "désarroi" à circuler "toute la journée dans la semi-pénombre des étages (et) au milieu des rayons recouverts de toiles blanches".
"Dur de tenir"
Vendredi, à l'appel de l'intersyndicale (CFTC, CGT, FO, CFDT, Unsa et CAT) une centaine de salariés se sont rassemblés devant le magasin aux rideaux de fer baissés.
"Il faut qu'on continue à se faire voire et entendre, il faut poursuivre notre lutte pour obtenir la réouverture de la Samaritaine avec des travaux par tranches comme notre expert (du Comité d'entreprise) le préconise", a de son côté déclaré Madeleine Charton, déléguée CGT.
Pour Monique Daniel, déléguée CFTC (majoritaire), qui demande "à chaque salarié de se faire accompagner à la direction par un délégué syndical" en cas de convocation, "il est très difficile dans ce contexte pour certaines de tenir au niveau psychologique".
"La bataille continue mais avec l'été et la fermeture nous sommes de plus en plus isolés, aussi avons nous mis en place des permanences d'avocats", a-t-elle ajouté.
L'Intersyndicale a demandé par courrier à Gérard Larcher, ministre délégué à l'Emploi, de la recevoir.
Un nouveau rassemblement est prévu jeudi prochain
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