Un frisson périmé au dos de la couverture
Dans une rue de laine s'amusent les enfants
C'est l'aube qui vous espère en bas dans la voiture
Le jour viendra peut-être bosser s'il en a l'temps
La nuit
C'est une chose pauvre et la forêt en plus
C'est le juge impassible aux mille coups de marteau
Les plaisirs d'une lame sous la lune qui remue
C'est la main qui se cherche à la lueur du frigo
La nuit
C'est le jus d'un poème qui vous tombe des plumes
Le silence du hibou derrière ses lunettes noires
Qu'à ton chevet les tables s'éteignent et se rallument
La folie passant mal au cou de l'entonnoir
La nuit
C'est la corde amarrée au port de l'habitude
La peur qui en moins d'deux vous tait une guitare
Les raisons de la chair qu'on renvoie aux études
C'est le porte-manteau qui vous dit d'rentrer tard
La nuit
Le salut par la planche et l'espoir qui plonge
Parce qu'à l'ombre et la peine on fait encore semblant
Ce sont les arriérés qui s'payent en monnaie d'songe
Et les oiseaux qui sortent misère au restaurant
La nuit
C'est une fleur coupée qui en aurait la migraine
C'est la poche du veston qui n'trouverait plus ses mains
C'est un dimanche de trop sur les bords de la Seine
C'est le public absent au cri du strapontin
La nuit
C'est un rôle de passante au rêve des sémaphores
Ce sont des mots perdus au bout d'une voie ferrée
Que la mélancolie prépare son quatuor
De refrains inutiles au cul des danaées
La nuit
Verlaine y habitait, l'absinthe en filigrane
C'est le tout-à-l'égout pour les chiens du mois d'août
C'est un douze juillet sans les deux buts d' Zidane
C'est du prêt-à-pleurer pour toutes celles qui s'en foutent
La nuit
C'est un vieux numéro trébuché sur sa page
Le toujours en amour qui n'aurait rien appris
La toilette du soir aux humeurs coprophages
Le regard aux étoiles d'un vison dernier cri
La nuit
Dormeurs, que savez-vous de vos nuits

 Oswaldo G.Nieto
© 2001