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" ourquoi
LEst Républicain a-t-il créé
un site internet ? Bonne question... " a
répondu un journaliste au questionnaire qui lui
était adressé. Une réponse sous
forme de boutade, certes, mais qui illustre bien un
certain malaise. De La Voix du Nord à
LIndépendant, presque tous les journaux
de la PQR (presse quotidienne régionale) sont
aujourdhui présents sur la toile. Et tous
ont créé des sites pour de multiples raisons
mais sans garantie de rentabilité.
En lançant sud-ouest.com en 1994, Sud Ouest fut un des premiers journaux à mettre une de ses éditions en ligne, celle de Bordeaux en loccurrence. " Nous avons toujours été attentifs à ce qui se passait dans le multimédia " , explique Hubert Barat, responsable de lédition électronique. Une expérience en quelque sorte. Les autres sy sont mis au fil des années, en ordre dispersé, avec plus ou moins de moyens et dengagement.
On
cède à la mode
" Lorsque nous avons développé
dna.fr, en 1995, notre objectif était de disposer
dune vitrine " , confie la journaliste
des Dernières Nouvelles dAlsace,
Véronique Cohu-Weill. Un argument avancé
par la plupart de ses confrères. Dautres
cèdent à la " mode " : " On
a créé un site parce quon nen
avait pas " , déclare un journaliste
du Midi Libre. " Tout le
monde y allait " , renchérit-on
à Nice Matin, avant dajouter : " lavenir
de la presse passe par là " .
Par le biais dInternet, certains espèrent
aussi gagner de nouveaux lecteurs, comme Le Journal
de Saône-et-Loire. A Ouest-France
enfin, on entend défendre le patrimoine commercial
du journal - les petites annonces notamment - éventuellement
menacé par le développement des cityguides
et autres guides pratiques sur le Net.
On développe un site en interne, grâce à la filiale multimédia du journal
Donc la PQR met des sites en place. Reste à savoir comment et avec qui. On se doute quun site ne rapportera pas beaucoup dargent, bien au contraire. Alors on préfère développer en interne, à laide dune filiale multimédia. Ce sera Atlantel pour Sud Ouest, TC-Multimédia pour Ouest-France, Phaestos à Midi Libre, i-Paris pour Le Parisien...
Parfois on met en place une équipe de quelques journalistes pour proposer un contenu légèrement différent du support papier - Le Télégramme de Brest, Le Républicain Lorrain, Midi Libre... - mais le plus souvent un seul journaliste surveille la mise en ligne pure et simple de lédition, comme on peut lobserver à Sud Ouest. Quant au contenu, il varie suivant les ambitions ou les résistances internes : lintégralité des éditions pour les journaux qui ont passé des accords avec la rédaction, à limage de Ouest-France, des extraits darticles si le problème des droits dauteur et de la double publication subsiste.
Des sites souvent très lourds
Le résultat ? "La PQR a bien
souvent créé des sites très lourds,
avec des offres larges, qui sétendent
des informations mondiales à la micro locale",
observe Denis Ruellan, directeur du département
information communication à lIUT de Lannion
et maître de conférence à luniversité
Rennes 1. "Je ne suis pas certain que le lecteur
sy retrouve." On hésite entre
le guide pratique et les rubriques dactualité.
Actuellement, les sites de PQR sont loin dêtre
aboutis : la réflexion sur lergonomie,
le contenu ou la rentabilité se poursuit. Presque
chaque année, les journaux proposent une nouvelle
version de leur portail. Combien de fois na-t-on
pas entendu la même rengaine : " Rappelez-nous
dans six mois. Notre site sera bien meilleur. " Tous
saccordent à reconnaître quils
nutilisent pas les possibilités offertes
par le Net, la vidéo et la radio notamment.
Mais une rédaction parallèle coûte
cher, alors quon ne sait toujours pas où
se trouve la rentabilité.
Sadapter à la nouvelle concurrence
Pourtant les enjeux sont de taille. Le Net génère une nouvelle concurrence dans le monde de linformation locale. Webcity, Cityvox, Voilà régions..., ils sont nombreux à se lancer dans les guides pratiques de proximité. Si elle ne réagit pas, la PQR pourrait bien voir une part de son audience, et donc de la manne publicitaire, filer vers les sites de ces jeunes concurrents. La réponse à la question " pourquoi créer un site ? " se trouve peut-être là. Internet ne rapporte rien mais peut faire perdre beaucoup  |