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’est l’histoire d’une aventure commencée à Lyon en 1997. Avec deux amis, Alexandre Dreyfus qui n’a alors que 19 ans fonde Webcity, un magazine électronique d’informations locales ou cityguide. C’est la naissance de Cybergone.com. Très vite il étend la formule à cinq autres villes françaises (Paris, Lille, Marseille et Montpellier). De nouveaux services sont proposés : cinéma, shopping, annuaire des sites locaux. Webcity emploie alors une douzaine de personnes dont une partie n’est pas rémunérée.
Mais le jeune entrepreneur ne se laisse pas décourager. Son modèle économique est réputé solide et s’appuie sur quatre axes : la publicité nationale, la publicité locale, le commerce électronique (perception d’une commission sur les ventes générées par les partenaires) et la vente de contenu à d’autres supports.
Deux ans plus tard, en août 1999, Webcity connaît sa première victoire. Dassault Développement et Auriga Partners, deux capitaux-risqueurs sont séduits et investissent 12 millions de francs dans ce qui n’était jusqu’alors qu’un " projet d’entreprise " . Les premiers partenaires entrent eux aussi dans la danse et relaient le contenu de Webcity sur leurs sites. Parmi eux : Yahoo, Lokace, TicketNet (billeterie spectacle en ligne) et Caramail, leader de l’email gratuit en France.
La presse s’emballe, parle de success story et Webcity continue d’embaucher à tour de bras. De nouvelles locales sont créées à Bordeaux, Rennes et Strasbourg. En décembre 1999 la startup passée à 38 salariés, compte 25 journalistes qui chaque jour produisent une dizaine d’articles, à raison de deux par locale.
Les trentenaires débarquent
Le seul à garder son sang froid malgré la croissance exponentielle de l’entreprise c’est Alexandre Dreyfus. Il sent qu’il va incessamment se heurter à des problèmes de gestion et d’organisation. Aussi il s’entoure d’une équipe de spécialistes tous trentenaires. Responsable du développement commercial, de la communication ou de la ligne éditoriale, dans un premier temps, tous acceptent de rogner sur leur salaire car tous sont aussi convaincus que le challenge est de taille et que le concept finira par payer.
La principale priorité des dirigeants : le développement du trafic. Celui-ci doit connaître une progression hebdomadaire de 20% et atteindre 1,5 à 2 millions de pages vues par mois au premier semestre 2000. Pour cela ils développent des cityguides – sorte de mini-Webcity – dans 28 autres villes du territoire, et lancent la première campagne de publicité. Les retombées ne tardent pas à se faire sentir : de septembre à décembre à décembre, Webcity passe de 30 000 à 100 000 visites par mois. Coût de l’opération : 9 milions de francs.
Webcity bientôt à Madrid
Autre piste de réflexion : l’exportation du concept à l’étranger. Une douzaine de métropoles européennes sont visées. Parmi elles, Londres, Genève, Bruxelles, Rome et Madrid. Et c’est finalement en Espagne, " marché nettement plus concurrentiel " selon Alexandre Dreyfus, que la marque poursuit sa route. En mai dernier les négociations avec le groupe de presse espagnol EPI se soldent par une joint-venture. Ensemble, elle créent " Webcity-Iberica " . Quatorze cityguides espagnols devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année (42 cityguides fin 2001 pour une cinquantaine de collaborateurs).
Si les comptes de Webcity sont toujours dans le rouge (30 millions de pertes prévues en 2000 pour 15 millions de chiffre d’affaires), c’est que créer son journal sur Internet nécessite des fonds très importants. Pour faire fonctionner une locale avec un commercial et deux journalistes, Webcity débourse à l’heure actuelle 1 million de francs par an contre 100 000 francs pour ses cityguides.
Pour cette société qui emploie aujourd’hui 70 personnes, l’investissement est lourd certes. Mais, selon ses dirigeants, l’équilibre devrait être atteint l’année prochaine. Webcity pourrait alors engranger ses premiers bénéfices  |