Nouvelle adresse : a http://www.liberation-de-paris.gilles-primout.fr/

 

 

En guise de préambule : comme je l'ai précisé dans les pages précédentes, il n'est pas question ici d'aborder les aspects politiques de la Libération de Paris et les polémiques qui s'ensuivirent mais d'évoquer simplement la mémoire de ces hommes et de ces femmes qui furent tués lors des combats de l'insurrection.

Certains participants à l'affaire dont je vais parler déclarèrent avoir été trahis. Certains observateurs accusèrent les combattants de n'avoir été que des amateurs, résistants de la dernière heure ou du mois de septembre, selon l'expression en vogue. Il leur fut reproché d'appartenir à un réseau britannique, de ne pas avoir rallié les FFI de l'Ile de France. On parla de "sympathies" politiques locales, la provenance des uniformes des troupes fut mise en doute.....

 

J'ai rencontré en 1997 la fille du Commandant Charles Hildevert, tué avec ses deux fils lors de cette opération. Elle continue d'entretenir le souvenir mais n'accepte que les "Couleurs Nationales" aux cérémonies annuelles. Une manière simple et efficace pour faire taire les ultimes ressentiments.

Le contexte : Paris est libéré le 25 août 1944 au soir. Le Groupe Hildevert (que l'on retrouve dans les archives aussi bien sous les noms de Bataillon du Raincy, 1° Régiment Franc de France ou encore de Paris) dépendant du réseau Armand Spiritualist du colonel Buckmaster (War Office), est chargé de réceptionner à environ quarante kilomètres à l'Est de la capitale un important parachutage de troupes alliées et de matériel lourd qui auront pour mission :

-de couper la route à la retraite allemande en provenance de l'Ile de France

-de se porter dès que possible sur la région de Meaux

Charles Hildevert, 45 ans, médaillé militaire de 1914-1918, marié et père de famille, marchand de légumes au Raincy, a constitué un bataillon comprenant plusieurs "centaines" qu'il a confiées aux capitaines Carpaux (1° compagnie), Devillier (2° compagnie), Talfumière (3° compagnie) et Vitasse qui, lui, ira se battre avec sa 5° compagnie Place de la République. Les hommes ont été recrutés depuis deux ans dans la banlieue Est de Paris, à Gagny, Rosny sous Bois, Montfermeil, Villemomble, Noisy le Grand, Le Raincy mais aussi à Créteil, Montgeron et Villeneuve Saint-Georges. Un dépôt de la Milice a été cambriolé quelques mois plus tôt par la Compagnie Vitasse, les hommes sont bien équipés et correctement armés.

Au matin du 26 août, le bataillon se met en route en plusieurs colonnes de camions; il s'agit de s'enfoncer dans les lignes allemandes le plus discrètement possible, en évitant tout accrochage, et de se rassembler à Saint-Pathus en Seine et Marne. Dans la nuit de nombreux avions ont bien survolé la région de Oissery mais les habitants n'ont rien vu descendre du ciel. Rendez-vous manqué ? Sur place, sous les ordres d'un général, stationne une importante troupe allemande appuyée par des chars.... mais les combattants l'ignorent.

C'est la bataille rangée qui tourne vite au désavantage des hommes du commandant Charles Hildevert : plus d'une centaine de victimes au combat, des blessés achevés ou brûlés à la Râperie, des rescapés fusillés quelques kilomètres plus loin, quelques rares prisonniers qui seront déportés ... Les allemands, de leur côté, perdent environ 150 hommes et 3 chars.

le Bataillon Charles Hildevert est décimé le lendemain de la Libération de Paris.

sur l'emplacement de l'ancienne Râperie

à l'étang de Rougemont

 

liste des tués et déportés non rentrés
 

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