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Le 20 août, un homme très brun, barbu, mal vêtu et chaussé d'espadrilles se présente devant le Lieutenant Rollet, commandant d'un groupe franc qui tient une barricade de la Place de la République.

-Je ne peux pas vous dire qui je suis, pourtant vous me connaissez; tout le monde me connaît ! Si je vous disais mon nom, vous seriez effrayé...

La Place de la République sera le théâtre de vifs combats le 25 août. Les FFI, épaulés par la 2° Division Blindée, obtiendront la reddition de la garnison de la Caserne Prince Eugène au prix de sévères pertes (voir l'épisode)

L'homme s'engage dans les Milices Patriotiques du 10° arrondissement sous le nom de Henry Valéry et ramènera à son logeur en guise de prise de guerre à l'issue des combats  ... un tambour !

 

Vers le 15 septembre notre homme se présente devant le bureau de recrutement du 1° Régiment de Marche de Paris. Il est enrôlé, avec le grade de lieutenant, sous le nom de Henry Wetterwald dit Henry Valéry. Quelques jours plus tard le voici affecté, avec le grade de capitaine enquêteur de la Sécurité Militaire, à la Caserne de Reuilly.

Commissaire instructeur, disposant d'un bureau, d'une secrétaire et même d'une voiture, il est chargé des dossiers d'épuration. Devant l'immensité de sa tâche il réclame et obtient trois inspecteurs pour l'aider.

Le 31 octobre quatre hommes du capitaine Simonin (1), de la DGER(2), arrêtent le docteur Petiot dans les escaliers du métro Saint Mandé Tourelles.

On trouvera dans ses poches un revolver 9mm, une carte des Milices Patriotiques, une carte de l'Association France URSS, une carte du Parti Communiste, trente et un mille francs et des papiers d'identité au nom de Valéry, Wetterwald, Gilbert, de Frutos et Cacheux.

 

Le barbu de la barricade de la Place de la République n'était autre que le célèbre docteur Petiot recherché par toutes les polices de France depuis que l'on avait découvert, le 11 mars 1944 dans la chaudière de son hôtel particulier, rue Lesueur, de nombreux restes humains.

 

Marcel Petiot prétendra n'avoir tué et fait disparaître que des allemands ou des collaborateurs. Ses 63 victimes, identifiées grâce aux bagages et aux vêtements qu'il avait eu l'imprudence de conserver, étaient en fait des candidats à l'évasion vers des pays libres.

Chef d'un réseau fictif, Petiot les attirait rue Lesueur puis, après les avoir dépouillés de leurs bijoux et de leur argent, les assassinait et faisait disparaître leurs corps dans de la chaux vive ou dans sa chaudière.

Il sera guillotiné le 25 mai 1946.

1) Le capitaine Simonin est en fait le commissaire Soutif des Renseignements Généraux de Quimper qui, après avoir porté avec son équipe des coups très durs à la résistance bretonne a préféré "se mettre au vert" à Paris. Arrêté à son tour le 17 janvier 1945, évadé, il sera condamné à vingt ans de travaux forcés par contumace pour intelligence avec l'ennemi. Il reparaît en 1950, est de nouveau jugé et acquitté puis réintégré dans la police judiciaire. (cf Jean Marc Berlière : Les policiers français sous l'occupation)

2) Direction Générale d'Etudes et de Recherches

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