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Edmond Bouchetou, ancien dirigeant des Jeunesses communistes, avant guerre, est chargé ce lundi 21 août de reprendre le siège du PCF occupé par la Milice. Il part du 11° arrondissement avec un groupe de FFI, à bord de deux voitures, pour le carrefour de Châteaudun.

A midi ses hommes investissent l'immeuble. Le Corps Franc Champagne, du 11° également, arrive en renfort. Mais tous ces combattants sont pauvrement armés et ne résisteront pas à une éventuelle contre attaque... Albert Ouzoulias précise dans "Les bataillons de la jeunesse" qu'ils ne possèdent que trois mitraillettes, neuf chargeurs, neuf revolvers et mille cartouches.

Un membre du groupe connaît l'existence d'un dépôt d'armes à Saint-Ouen. Bouchetou décide de s'y rendre, accompagné de Gary Brûlé du 5° arrondissement et de Yvan Penetier El Daroff, du 11° arrondissement, tous deux étudiants..

 

La traction-avant remonte certainement la rue de Maubeuge et débouche boulevard Magenta à hauteur du numéro 130. La proximité de la gare du Nord explique le drame. De nombreuses patrouilles sillonnent le quartier afin de protéger ce point stratégique pour l'armée allemande en retraite. La voiture est mitraillée et vient percuter le rideau de fer d'un magasin.

Cette photo a été prise sur le vif par un habitant du 126 boulevard Magenta. A terre nous voyons les corps des FFI tirés de la voiture. Un soldat allemand se penche sur l'un d'entre eux. Pour l'achever ?

Car si Yvan Pennetier El Daroff et Gary Brûlé ont été tués sur le coup, les autres FFI du 10° arrondissement sont achevés d'une balle dans la tête. (cf  Ouzoulias)

Quand vient le tour d' Edmond Bouchetou,  grièvement blessé au ventre, surgissent plusieurs voitures chargées de FFI  descendant le boulevard en direction de la Place de la République. Les allemands, croyant à une contre attaque se replient vers la Gare. Les secouristes se précipitent....

 

 

 

 

Sur place, aujourd'hui, on peut découvrir ces deux plaques faisant état de 9 personnes : cinq FFI non identifiés tués; les occupants de la voiture Yvan El Daroff, Gary Brûlé, tués, un troisième non cité grièvement blessé et enfin sur la plaque du dessous René Année, sapeur pompier

 

Sur le site du Centre régional de documentation pédagogique de Champagne Ardenne on peut découvrir cette photo (prise par le même habitant du 126 mais quelques instants plus tard). A terre six corps. Celui, signalé par la croix, est Jean Jacques Désiront, 23 ans, originaire de Reims. Un homme  récupère une roue de la traction, un autre observe les cadavres. Deux allemands ou les FFI qui ont fait fuir la patrouille ?

 

Nous avons donc :

dans la voiture :

-Edmond Bouchetou, grièvement blessé, évacué sur l'hôpital Bichat où il restera 12 jours entre la vie et la mort.

-Yvan Penetier El-Daroff, 21 ans, étudiant originaire de Reims

-Gary Brûlé, 21 ans, étudiant

parmi les FFI du 10° arrondissement :

-Jean Jacques Désiront, 23 ans, originaire de Reims

-Edmond Mus, 44 ans

-René Année, 22 ans, de la 2° compagnie du Régiment de Sapeurs Pompiers de Paris (son décès sera enregistré le lendemain au Val de Grâce)

Au dessus de ces deux plaques il y en a une troisième, commémorant la mort du gardien de la paix Claude Dupont, 36 ans, tué le 24 août vers 19h30 en tentant de réduire au silence des miliciens qui tiraient sur les passants du carrefour Barbès.

Son décès est bien enregistré au poste de secours de la rue d'Albouy le 24 août, il ne fait donc pas partie des FFI mentionnés sur la plaque.

Il reste donc deux FFI à identifier.

Je ne suis pas le seul chercheur intéressé par cet épisode. En effet cette photo fascinait les grands parents de Frédérique Loup qui aimerait bien savoir pourquoi ils n'en parlaient qu'à voix basse en présence de leur fille (voir son site).

Alors si vous possédez un quelconque élément n'hésitez pas à me contacter ... La Libération de Paris

Mercredi 17 mars 2004 :

Le frère de Yvan Penetier-El Daroff nous communique des documents qu'il garde précieusement depuis soixante ans

(voir)

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