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Dimanche 13 août 1944, les allemands désarment les gardiens de la paix des commissariats de Saint Denis et d’Asnières. Tandis que le Directeur de la Police Municipale, Hennequin, parlemente avec les autorités d’occupation, les policiers reçoivent l’ordre de disparaître dans la nature pour échapper à de nouvelles arrestations. Les allemands reviennent sur leur décision, le service normal reprend dès 13h30. Lundi 14 août, le Préfet de Police Bussière, qui a eu vent d’un prochain mouvement de grève, exhorte son personnel à accomplir son devoir en restant en service.

Mardi 15 août, les policiers abandonnent leurs uniformes et leurs postes, suivis peu après par les personnels techniques … la Préfecture de Police est paralysée, les commissariats sont vides. Bussière organise bien quelques réunions pour convaincre ses troupes, va jusqu’à limoger Hennequin, placarde le 16 août un ordre de reprise du travail … rien n’y fait. La police est en grève ! Les parisiens sont surpris, les allemands sont obligés d’assurer eux-mêmes la circulation …

 

Le Comité de Libération de la Police Parisienne, se félicitant de la forte proportion de grévistes, insistant sur l’union des trois principales organisations de résistance (Front National, Police et Patrie et Honneur de la Police), appelle tout policier à engager le combat. Pas un « boche » ne doit se promener tranquillement dans les rues de Paris, pas un camion chargé de ravitaillement, de munitions ou d’essence ne doit quitter la capitale pour ravitailler le Front de Normandie.
Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 août, Fournet fait contacter individuellement un maximum de policiers : rendez vous est fixé sur le Parvis Notre Dame pour trois mille d’entre eux, les autres rejoindront leurs services respectifs.

 

Samedi 19 août, tôt le matin une dernière réunion se tient au Jardin des Plantes. Plutôt que d’attendre les ordres du Comité Parisien de Libération, Fournet, Pierre et Lamboley décident d’investir la Préfecture.  Les gendarmes et les équipes nationales, chargées de la garde de l’édifice depuis le début de la grève, n’opposent aucune résistance. Le Préfet Bussière est démis de ses fonctions ; plusieurs chefs de service sont arrêtés, le responsable N.A.P (noyautage de l’administration publique de la résistance), Boucher, prend possession de la Caserne de la Cité au nom du général de Gaulle, juché sur le toit de sa voiture rangée dans la cour intérieure qui sera baptisée cour du 19 août.

Un drapeau tricolore est hissé sur les toits …

Le colonel Rol Tanguy, chef régional des FFI, venant à passer par là ne peut que constater ; mais après une rapide discussion avec les responsables il reprend les choses en main et donne ses ordres. Les policiers font partie intégrante des FFI.

Le Parvis de la Cathédrale Notre Dame

devant le 7 boulevard du Palais

A dix heures trente une première voiture allemande tente de se faufiler boulevard du Palais, elle est immédiatement mitraillée; à midi onze cadavres allemands jonchent le sol. A quatorze heures un char allemand venant de la Place du Châtelet tire sur l’immeuble qui fait l’angle du boulevard du Palais et de la rue de Lutèce et l’enflamme, puis par le Quai de Corse et la rue d’Arcole vient se mettre en position sur le Parvis Notre Dame. Six autres chars viennent l’épauler. Ils ouvrent le feu sur la porte Est de la Préfecture. Un gardien de la paix parvient, en rampant, à incendier l’un d’entre eux d’un cocktail Molotov.

A quinze heures, un appel est lancé à tous les commissariats : « Préfecture attaquée … envoyez des renforts ! » ….

Il y aura bien un moment de flottement dans la soirée, les munitions commencent à manquer, le maigre armement ne suffira pas à contenir une attaque en force … mais les responsables reprennent leurs troupes en main.

boulevard du Palais

Jusqu’au 24 août les allemands viendront tirailler sur la Préfecture, de nombreuses escarmouches se dérouleront sous ses fenêtres, plusieurs barricades, en barrant l’approche, seront attaquées. Le champ de bataille de la Préfecture de Police s’étend de la Place Saint Michel à la Place du Châtelet, du Pont Neuf à la Montagne Sainte Geneviève, tout sera mis en œuvre pour que ce symbole de l’insurrection parisienne ne tombe pas. Cinq chars allemands seront incendiés au cocktail Molotov et à la grenade, Parvis Notre Dame, Place du Châtelet et Place Saint Michel ; sept cent cinquante prisonniers, dont un général et un colonel seront amenés ; deux cent quarante huit d’entre eux serviront de monnaie d’échange. Dix FFI seront tués dans le bâtiment.
L'ordre donné aux gardiens de la paix de quitter leur uniforme tout en conservant leur carte de réquisition et leur arme de service, sera lourd de conséquences. Arrêtés, contrôlés et fouillés dans la rue, nombreux sont ceux qui, ainsi désignés comme "terroristes", sont immédiatement abattus ou, regroupés au Fort de Vincennes par exemple, et fusillés. Le brassard de la Résistance dont ils sont souvent munis ne leur sera d'aucune protection. La garnison allemande a le sentiment qu'après quatre années de "cohabitation forcée", voire de "collaboration active" dans certains cas, les forces de l'ordre se retournent traîtreusement contre elle.
 

D'autres perdront la vie en combattant sur les barricades, en attaquant des convois allemands, en exécutant des coups de main, en participant à la réduction des derniers points d'appui allemands aux côtés de la 2° Division Blindée.

 

Certains, enfin, seront tués en procédant aux premières arrestations de collaborateurs, miliciens et autres suspects désignés par les autorités FFI.
Voici, jour après jour, les circonstances dans lesquelles sont morts ces policiers.
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