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Mercredi 23 août 1944, 7h00 du matin, le gardien de la paix Chastagnier, d'une fenêtre du commissariat du Grand Palais, tire au fusil sur un convoi allemand qui roule sur les Champs Elysées.

Deux ou trois coups de feu lui répondent ... Son chef de service le commissaire Ballyot, se demandera, dans ses mémoires parus en 1970, pour quelle raison il a bien pu tirer d'aussi loin ...

A 8h00 de nombreux fantassins allemands appuyés par des chars venant de la Place de la Concorde investissent la rue Alexandre III (aujourd'hui avenue Winston Chruchill) et se mettent en position devant le bâtiment.

Quelques coups de canon à obus perforants écornent la façade, la porte du rez-de-chaussée résiste ... les policiers pris au piège répondent par des tirs de fusil et de pistolet sans grand effet sur les soldats bien protégés par les voitures blindées.

Sous la verrière du Grand Palais le suédois Jean Houcke craint le pire pour ses animaux ... Il vient d'y installer la ménagerie de son cirque ...

Dans les sous-sols qui servent de cellules quelques collaborateurs emprisonnés reprennent espoir ... Le brigadier de police B., arrêté et incarcéré la veille, demande une arme pour prêter main forte aux assiégés ... cela lui est refusé.

 

 

 

 

 

Henri Mosmeau

Le brigadier Tapin s'empare d'une caisse de grenades et, d'une fenêtre du premier étage arrose l'avenue de Selves. Les Allemands ne peuvent avancer.

Un obus de char frappe un pilier de pierre ... les gardiens Pichard et Prioux sont sérieusement blessés, Chastagnier plus légèrement.

Plusieurs coups de téléphone ont été passés pour réclamer des renforts ...

Un car de police secours venant d'un garage de la rue Marbeuf se présente sur le Cours de la Reine, derrière le Petit Palais. Une dizaine de gardiens en descendent mais sont immédiatement pris sous le feu des Allemands ...

René Audianne est blessé à la tête; il rampe jusqu'au parapet de la Seine et plonge ...

Géo Guignebault à la main emportée par une rafale de mitraillette.

Henri Mosmeau s'écroule, touché à mort.

 

Soudain les assiégés remarquent un engin bizarre qui s'approche lentement de la porte d'entrée principale ...

"Attention ! Sauvez-vous !" crie un officier allemand prisonnier à l'intérieur des locaux et qui observe le combat d'une fenêtre. "Ils nous envoient un char Goliath téléguidé rempli d'explosifs."

L'explosion est formidable, les battants de la porte sont soufflés, les piliers endommagés.

Sous la verrière un obus incendiaire a mis le feu aux ballots de paille de la ménagerie ... les chevaux, les éléphants, les tigres et les panthères s'affolent.

 

 

 

  Toute résistance devient inutile. Les soldats allemands investissent le bâtiment. Une longue colonne de prisonniers, mains sur la tête, prend le chemin de l'Hôtel Crillon.

Dans les sous-sols les soldats découvrent le cadavre d'un collaborateur abattu d'un coup de pistolet dans la tête et libèrent les autres. Le brigadier B. est interrogé; il refuse de désigner les responsables de cette affaire dans la file de prisonniers, sachant pertinemment qu'ils seront aussitôt fusillés. Une jeune femme hurle et crie vengeance, son ami a été tué par les policiers; sans doute le collaborateur retrouvé mort.

L'officier allemand qui avait vu le char Goliath intervient. Il affirme avoir été bien traité. Les policiers seront échangés contre des prisonniers allemands.

 

Henri Mosmeau était né le 10 avril 1916 à Saint Hilaire la Treille (87). Après son service militaire (sergent au 4ème régiment de Tirailleurs marocains) il vit dans la Creuse où il fait la connaissance de Simone Lagneau qu'il épousera en 1940. Le couple s'installe à Paris. Henri entre à la Préfecture de Police le 1er juillet 1941 et est affecté au commissariat du 8ème arrondissement.

Il sera cité à l'Ordre de la Nation et fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.

 

 

 

 

Il laisse deux petites filles, Nicole deux ans et Monique un an (photographiées ci-contre en 1952)

 

Un grand merci à Monique qui a bien voulu nous parler de son père et nous confier ses photos.

Parmi les victimes de cet épisode on peut aussi citer le gardien de la paix Jean Marsal, 35 ans, marié et père de deux enfants qui, bien que très malade depuis le 13 juin 1944, a absolument voulu rejoindre ses camarades du commissariat du 8ème arrondissement pour prendre part à l'insurrection. Victime d'un malaise cardiaque pendant l'échauffourée il décèdera à l'hôpital le 27 décembre.

 

 

 

 

 

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