CHAPITRE
IV
La Virtualité
de
1957
Le symbole de la Virtulité La" 630 S" MasseyHarrs
Lorsque mon Père tentait d’analyser son expérience en agriculture il
disait avoir dû affronter
trois années initiales désastreuses. Ce jugement me
paraissait excessif. Certes, la première
année
avait connu
un ensoleillement très médiocre. Mais il me semble que ces douze mois-là ont
été moins
mauvais que les précédents. Le handicap
fondamental , à mes yeux, était constitué par les Lingier.
C’était un héritage lourd à porter.
Cet héritage ne consistait pas seulement en leur apathie. Il y eut pire.
Un ordre donné trop
tardivement un dimanche soir troubla les habitudes
d’Henri Lingier. Il remit à mon Père les clefs
principales de la ferme. Cela signifiait qu’il
donnait sa démission.
Après une nuit de réflexion, et sur l’insistance de ma Mère, mon Père se
décida à
Téléphoner à Daté :
-« Surtout ne le raccrocher pas »
suplia-t’il , il avait disait-il quelqu’un à présenter.(Ce que j’avais
deviner au cours de sa dernière visite il y quelques semaines
En effet
un homme très grand et très fort prit contact avec nous, vers le 15 février. Je
vis en Eugène Chauvaut
tout d’abord un guide et pour demain un bon
professeur ,aussi bien qu’un excellent soutient professionnel éventuel. Ce fut
ce que je dis à mes parents en commentant sa nouvelle arrivée. Elle était fixée
au 1er mars.
Il m’était sympathique.
Mais
à homme nouveau, outils nouveaux.. Tel fut le raisonnement que tint mon Père à
ses bailleurs de
fonds. Ce fut un excellent levier. Entrèrent donc à
la ferme, un tracteurs, deux remorques
à pneus, une tonne
à traitement, sans oublier le broyeur à fourrage et
la première moissonneuse-batteuse.
Ainsi équipée, La Glazière pouvait connaître un
nouveau départ et une nouvelle espérance.
Mais tout cela n’était que virtuel et optatif.
A coup sûr,
ma Mère, quoique ébranlée dans ses
premières convictions par la
vulnérabilité de mon Père, il y avait deux ans,-et
par la pénible et peu généreuse récolte de ces derniers
mois, retrouva son optimisme et sa confiance dans
l’avenir.
Le soir du 1er mars, elle me fit cette
remarque :
-« Enfin la ferme va tourner rond, et
peut-être même un jour, pourrez-vous
travailler avec Chauvaut ».
Mes
parents en prenant la décision d’exploiter directement La Glazière avaient
caressé le rêve de
Me procurer là une situation d’avenir. Et ma Mère,
avait réussit à me faire envisager ce projet
avec une
compréhension réaliste pour l’époque.
Les
choses allèrent tellement bien dans les mois qui suivirent que nous nous
permîmes d’embaucher
un stagiaire ( mon cousin Philippe du Vignault). Il
vint à La Glazière achever son rapport
d’étude sur
la castration scientifique des Porcs.
Est-ce à lui que je doit d’avoir trouver cet été-là
moins sombre que le précèdent ? Quoiqu’il en
soit sa présence conforta ma Mère dans le projet
qu’elle avait formé pour mon avenir.
Philippe du Vignault étrenna en grande partie le
matériel nouveau qui aida la moisson.
Sans doute frappée par ma prostration de l’automne
1956, ma Grand’Mère consentit
à la présence auprès de moi d’un nouveau compagnon :
un chien . Et ce fut Grisby. Chien Boxer.
-"Grisby! un Léraut"
Il entra non seulement dans la maison, mais aussi
dans nos vies. Il devait la partager pendant
Neufs ans. Il était un dérivatif et tint de
compagnon de tous de la façon la plus irréprochable.
Eugène Chauvaut eut une idée lumineuse,-celle que seules les gens de la terre peuvent
avoir. Il conseilla de faire coucher ce nouveau compagnon sur du linge qui avait été
réçement le
mien, afin qu’il se familiarisa avec mon odeur.
Ayant suivit ce conseil, il devint impossible à nos
visiteurs de me saluer trop affectueusement. Grisby
faisait trop bonne garde !
Fut
aussi notable cette année-là le passage d’une comète dans le ciel de
France ; probablement
celle de Halley, qui avait marqué déjà l’année
1914. Nous la regardions tous les trois par la fenêtre
de la cuisine, pendant nos dîners de mai ou juin.
En
bons agriculteurs, nous comptions les années par ou mauvaises récoltes. Celle
de
Cet été-là reste dans mon souvenir comme ayant été correcte. Un vrai début en
agriculture…
En tout cas meilleure qu la précédente et nous
trompa sur la suivante…
Pour
des questions d’horaires de repas, trop stricts d’un côté et trop élastiques du
nôtre
nous nous éloignâmes de Grand’Mère. Nous déjeunions
et dînions seuls dans le petit corps
de bâtiment qui faisait suite à la Tanière.
On l’appelait le Caveau. Y passèrent
beaucoup d’amis qui acceptaient bien simplement
notre joyeuse hospitalité.
Des
difficultés ancillaires avaient conduit ma Mère à prendre la queue des
casseroles. Malgré
un état de santé déjà précaire. Est-il nécessaire
d’ajouter que les visiteurs mettaient souvent la
main à la pâte. Et c’est là que fut célébré dans la
discrétion le 25ème anniversaire de mariage de
mes parents. C’était le 17 septembre 1957 Une jeune
amie Ecossaise, de passage en France
Jean Buckner, prononcez « Djinn »,
s’était charger du côté matériel, Achat du cadeau : Une
Assiette en Etain, l’Argent étant trop cher pour
nos deux moyens avec les deux dates gravés.
C ‘est à cette table familiale que fut enregistré le succès du
matériel nouvellement arrivé. Dans
ce matériel, il faut mentionner le
« Silorator », propre à
récolter et réduire en poudre le fourrage
destiné aux bêtes. Les résultats obtenus ne
devaient pas être si médiocres, puisque pour la première
et unique fois de son histoire la ferme servit de
cadre à un dîner, point final de la moisson 1957.
Il
réunissait touts ceux qui y avaient participé. J’y vis une raison d’espérer.
Elle était peut-être
Illusoire.
A quelques
semaines de ce dîner et au cours d’une conversation de mes parents sur la ferme
mon Père eut sur Chauvaut ce jugement :
-« Je trouve qu’il s’embourgeoise,
Chauvaut » !
Ma Mère lui répondit évasivement..
Ce qu’on
peut dire avec une quasi certitude. C’est que Chauvaut avait été fortement
ébranlé par les réaction
pessimistes et moroses de mon Père. Ainsi que ses
perpétuelles interrogations face à une Nature difficile. voir
hostile.
Si j ‘ai poser ainsi le problème c’est que
Chauvaut vint un jour faire part à ma Mère de son étonnement :
-« Il ne faut pas que Monsieur de Maindreville
se mette dans des états pareilles ! Il y a du retard, mais
tout va bien » .
Ma Mère et
moi, lui apprîmes qu’il suffisait
effectivement d’un rien pour déclencher son découragement.
Notre brave interlocuteur resta sans réponse.
Il choisit alors peut-être de modérer sa marche
tout en restant à nos côtés. Ce qui précède n’est qu’une
opinion personnel, car nous n’avions rien remarquer
d’analogue chez Eugène, quand mon Père avait eu
ce commentaire sur le Chef de culture.
Et comment
oublier les premiers jours que Grisby passa auprès de nous ! par ses
pitreries, il contribua
à créer la légende du célèbre petit couloir.
Et
faut-il ajouter à tout cela la joie que j’eus de revoir l’abbé Jeantet !
C’était après un an de séparation
de vraies retrouvailles ! on m’avait habituer
à ne plus les espérer…
Malgré ce
bienheureux retour, cette fin d’année me parut dépourvue d’intérêt.
Mes
parents s ‘étaient momentanément séparés : mon Père à la Glazière et
ma Mère à Paris.
Je vécus donc quelques temps en tête à tête avec mon
Père à la Glazière. Le régime alimentaire
s’en ressentit ;-forcément. Et je garde de ce
bref duo un souvenir de grande faim..
et une envie
de cigarettes ! jamais éprouvé
jusqu’alors !
On m’avait
promis une courte permission parisienne. Durant les quelques jours qu’elle
dura, son repos n’empêcha ma Mère de veiller aux
nécessités matérielles.
La nuit de Noël se passa en compagnie des Jean
à courir tout Paris à la poursuite d’une
Messe de Minuit. Nous la découvrîmes finalement
dans le 8ème ! tout près de notre point de départ…
A l’extérieur, l’Europe se remettais doucement
des blessures de l’an dernier.
Genève, ville éternelle de la Paix servait encore
une fois de cadre aux entretiens de paix.
Pendant que
l’Europe libre pensait ses plaies les Soviétiques confirmait
victorieusement leur
idéologie et avance scientifiques en envoyant le
premier satellite dans l’espace. « Spoutnik »
allait tourner ainsi durant pas mal de temps au
dessus d’un monde encore éberlué par cette
audace.
Faite silence le moment est historique...