CHAPITRE XXIII

Un Sommet : Le quadrille

1976

( Entrée dans Une Noire Foret )



           Je prie les éventuels lecteurs ( de Mimouche ) d’accepter mes excuses pour avoir arrêter à

1975 notre temps de relative tranquillité. J’aurais dû y ajouter le Quadrille des Lanciers que m’offrirent

Astrid et ses amis en 1976…Si cette réception fut empreinte de charmante mondanité et de gentillesse, il

reste que l’année en question fut pour moi le début des vraies inquiétudes, quant à la santé des miens.         

 

   Mes Parents avaient chacun 75 ans. Et je m’étais construits l’idée  que c’était la date limite que devaient

respecter leur projets. Et en effet, depuis l’achat du terrain de Fontainebleau, les espoirs de construction

marquèrent le pas. Or 1976 allaient révéler officiellement des interdictions de construire insoupçonnées

jusqu’alors.

 

   La sécheresse de l’hiver suivie par l’extraordinaire canicule dont on se souvient coïncidèrent avec un

tout autre problème. Mon Père dut avouer à ma Mère que de nouveaux troubles l’affectaient… qui devaient

l’astreindre à des lever nocturnes de plus en plus fréquents…C’était une bonne occasion de faire connaissance

avec le jeune Médecin nouvellement installé signalé par Faine. C’était le Docteur Roux ; et lorsqu’il entra pour

la première fois à La Glazière, j’étais loin de me douter qu’il serait le dernier Médecin de mes Parents.

                                                              

Ces Messieurs montèrent donc dans la chambre de mon Père. Il y eut consultation, qui aboutit à un diagnostic

sans équivoque. Il s’agissait de la Prostate et il fallait opérer. Au seul mot d’ « opération » mon Père se récria :

 

-« Docteur ! faite-moi ce que vous voulez, mais pas d’opération ! je ne peux pas quitter mes malades ».

       Sans doute peu habitué à voir  contester ses conclusions, et devant l’évident bon sens de cette contestation

Le Docteur se trouva pris de court et ne sut que répondre…

 

     De sorte que gêné par les éventuelles réactions de ses clients de La Glazière, nous ne connûmes du Docteur

Roux que les hésitations. Il est vrai que la Médecine est un art si difficile. Et peut-être se dit-il que ces clients avaient fait toute leur « carrière » avec son prédécesseur ;-et que sans doute il n’était là que pour en conduire

deux à leur fin naturelles ;-et que pour troisième, il ne pourrait se maintenir seul ici et relèverait donc d’un autre collègue ;-et que dans un tel cas, il fallait les laisser en paix.

 

   C’est par le Docteur lui-même et tout de suite après l’examen, que ma Mère et moi, apprîmes la nouvelle

épreuve de mon Père et le sacrifice qu’il faisait pour nous de l’opération souhaitable. En déclarant officiellement

le mal ainsi que le refus de mon Père, le jeune Médecin espérait peut-être obtenir un changement d’attitude obtenu par l’épouse. Rien n’y fit, là aussi l’interlocuteur se montra inflexible. Il demanda à Roux un palliatif

pharmaceutique. Depuis ce jour, on le vit prendre de la Prostatidosse.

 

   Est-ce le fait de ce savoir atteint ? es-ce l’effet de la prise continue de ces ampoules ? fut-ce la trop forte

chaleur ? Toujours est-il qu’à partir de1976, mon Père déclina. Il s’inclina aussi ; lui qui était si droit autrefois !

sa voussure se situait à la base dos et non entre les épaules. Il marchait maintenant, en regardant le bout de

ses pieds.

   Tenant à conserver une certaine vivacité dans sa démarche il trotinaiit croyant faire aussi vite. On

s’attacha à me préparer à l’éventualité d’une maladie de Parkinson. Quant à moi, j’aurais penché davantagvers une maladie d’Heillzeimer. Quoi qu’il en soit de ces pronostics, sa vie mentale commença à devenir

préoccupante,-elle devait le devenir encore davantage par la suite.

     Une tentation.

Pour la seconde fois mon pauvre Père allait se heurter aux mystères pourtant simples de la technique moderne.

L’Abbé Jeantet proposa d’apporter prochainement un fauteuil roulant électrique. Par téléphone, ma Mère accepta. Mit-elle mon Père au courant ?…L’arrivé du monstre fut saluer par un Père à la mine catastrophée,

alors que son Fils, éventuel pilote de l’engin, se prenait déjà à rêver des kilomètres parcourus en toute autonomie… 

    Avec son habituelle courtoisie, mon Père acquiesça et écouta toutes les explications qui lui étaient données.

Il s’agissait d’un fauteuil doté de deux accumulateurs chargés la nuit, piloté par un court manche à balai qui permettais toutes les manœuvres  imaginables. Sa charge électrique lui procurait une autonomie de 24 heures.

C’était la liberté !

 

     Fut-ce la fatigue intellectuelle ? Ou refus délibéré, comme je finis par le penser ? Quoique qu’il en soit

le Fauteuil fut placé devant une des deux armoires de la salle à manger,-autant dire sous mes yeux. Et malgré

l’aide des deux cousins dont j’ai déjà parlé à propos de la Miele, on ne toucha plus à ce fruit de discorde, et

combien tentateur !

 

    Ce véhicule semblait porteur de maléfices. Ni ma Mère ni moi ne pûmes ni ne sûmes nous en servir . Il

fut regarder de loin, comme une idole qu’on aimerait toucher mais qu’une vieille superstition interdisait                                     

d’approcher de trop près. Et pourtant, quel secours nous eut-il apportés ! soit à ma Mère conductrice

accomplie, soit à moi-même durant les années qu’il nous restait à vivre en Seine et Marne…

 

   Un jour pourtant, entre thé et dîner, je pus étrenner le fauteuil « Jouck » pour quelques allers et retour

sur la fameuse piste. Ma Mère avait sans doute insister auprès de mon Père pour me faire profiter de ce

siège ! Nous saisîmes l’occasion favorable d’une course au Chatelet, de mon Père et je pus évoluer pendant

une heure de long en large sur ce confortable véhicule ! à mon gré ! Mais à son retour, il me replaça ; avec

quel soulagement pour lui ! sur le vieux fauteuil vert qui devait être le mien jusqu’à la mort de ma Mère.

          

    Ma Mère m’expliqua quelques jours après qu’un sentiment de possession à mon égard avait dû se

sentir ébréché en lui lors de ses trop courts instants de mon autonomie. En 1987, Nicole Arnouat ; lors

du déménagement, ne trouva plus qu’un monceau de ferraille rouillé par 11 ans d’inutilisation. C’était

tout ce qui  restait d’un élégant moyen de locomotion.  

   Nous avions sans doute un peu vite oublié l’épisode de la machine à laver ! Ma Mère avait pu remplacer assez

vite Ghislaine, et les nouvelles servantes avaient presque systématiquement bouda la Miehle .  

 

   Cette nouvelle mésaventure avec la technique me fut une éclatante confirmation que nous avions désormais                           

à faire avec un « vieux Monsieur » devant lequel il nous faudrait aplanir les difficultés de l’avenir.

                 

            Quelques mots encore sur le Docteur Roux. Le jugement un peu sévère que j’ai porté sur

lui, vient de l’impossibilité où je fus de m’en faire un ami,- voir même un confident. Il était d’un abord

timide qui le rendait froid. Sans doute aussi était-il embarrassé par la complexité des trois cas

Maindreville ;-dont chacun déjà n’était pas simple.

   Un soir de printemps

 

         Un soir de ce printemps le ¨Passé rejoignit le Présent. Madame Brun, devenue veuve deux mois

plus tôt, s’annonça. Elle aussi voulait nous dire adieu. Adieux à la Politique autant qu’à ceux que son époux

avait soutenus – mon Père était du nombre.

 

                On se souvient de l’entretien au cours duquel Pierre Brun avait très innocemment placé mon Père

sur l’orbite agricole. ( Cela se passait en mars 1954 ). Le Conseiller Général qu’il était alors, avait fait du chemin.

Il mourut en février 1976 avec le titre et les fonctions de Vice-Président du Sénat. Mon Père et lui avait un an de

différence d’âge. Pour mon Père qui lui survivait, ce fut un coup pénible.

 

     Nous ne revîmes jamais Madame Brun. Elle avait profité d’un des derniers jours où elle disposait d’une

voiture officielle, pour s’acquitter du devoir de recommander son fils Richard au choix des Conseillers Municipaux, Grands Electeurs. Elle croyait que, comme au bon vieux temps, présentant elle-même son

Candidat , il passerait plus facilement et succéderait à la place de Conseiller Général laissée vacante par

la mort de son Père.          

    L’Histoire nous apprit qu’il n’en fut rien. Le vainqueur s’appela – et s’appelle toujours Pierre Le

Guen1.

 
Des Médailles somme toutes bien gagnés.                                                     

   En ce printemps 1976, le premier à changement d’heure, La Glazière se préparait à réunir en une fête

Famille tout ceux qui l’avaient habitée. Il nous fallait faire nos adieux officiels à Tuhault, en lui remettant

Deux médailles pour ses 25 puis 30 de présence parmi nous.

 

   Il y avait là les deux ménages Schelcher ; - ceux qui avaient le mieux connu le Garde et profité de ses

services au cours des journées de chasses d’antan. Naturellement, il y eut un discours de l’Oncle Rémi.

 

   De son Speech, je ne retiens que son « chapeau » au ton interrogateur :

 

-« Enfin, Tuhault, Monsieur Jean et moi, nous vous avions en quelques sortes confiés, Madame de Maindreville

Monsieur de Maindreville et Monsieur Martial, et voilà que vous les quittez ! Que se passe-t-il Tuhault ? Etiez-vous donc si mal ici ? »

 

   Etait-ce un reproche déguisé ? ou était-ce reprendre sous forme d’affectueuse taquinerie les persiflages

des habitants des Ecrennes ? Oncle Rémi ne put terminer son Toast sans émotion.

Il termina en remerciant le Garde de son aide précieuse pour les chasseurs, et soutien qu’il avait commencer

de donner aux Solitaires de La Glazière.

 

  Pour toute réponse le vieux paysan s’enferra et s’accrocha dans et à son unique Explication-Défense :

 

-« Ch’sais bien, Monsieur Rémi, qu’on laisse Madame de Maindreville et ces Messieurs tous seuls. Mais

   on est vieux, Ghislaine et moi. On aimerait se reposer ».

   Il lui était difficile en effet d’avouer à tout le monde que c’était pour des raisons familiales qu’il nous quittait.

 

    Ma Mère elle-même mit un an à pressentir la vérité. Par intuition ainsi que par les « on dit » sur nos vieux

serviteurs. Seules les lenteurs de l’Administration avait retardé d’un an cette remise de médailles. Tuhault

y avait droit dès les premiers mois de 1975.Et il avait souhaité que cette cérémonie eut lieu le plus tôt possible.

 

   Et ce furent les photos, immortalisant cette journée. Elle montrent un récipiendaire portant ses deux décorations et ayant sur les bras une des jeunes enfants de « Monsieur Yves », représentant la 4eme

Génération que le vieux Garde ne rencontrait que ce jour-là1.    

   La nuit étincelante.

 

     J’ai rapidement évoqué tout à l’heure la nuit de novembre 1975 où l’on avait dansé la Valse à La Glazière. La

Météo avait été particulièrement inamicale, voir détestable. A la vérité, cette nuit du 15 au 16 novembre fut noyée

par la dernière forte pluie avant longtemps. Le souvenir de cette pluie est resté marquant dans l’esprit des danseurs et des spectateurs, car, malgré le déluge, mon Père tint à raccompagner aux voitures chacun des

couples, sous l’abri d’un vaste parapluie rouge,-lui-même restant « en taille » comme il le disait.

 

   Il avait donc été convenu avec tous le groupe, de lui présenter à nouveau la Maison et son petit jardin par

une nuit plus sereine,- et dès le printemps, si possible. Les ébats musicaux devaient cette fois-ci se dérouler

au rythme du « Quadrille des Lanciers » et les professeurs de  la Maison Baraduc, véritable « institution » Maîtresse à danser du Siècle, avaient étés priés de dispenser leur art.

 

      Il nous revenait donc d’organiser l’accueil le plus commode possible et le plus léger qui soit,, à ces jeunes

Chorégraphes adeptes de la Muse Terpsichore. Malheureusement, l’émotion de la remise de décorations relatée

plus haut, jointe à la mémorable chaleur eurent raison de l’entrain de ma Mère,-quelques jours avant la date prévue qui était la nuit du 31 mai au 1er juin. Je ne sais pourquoi, il fallut recourir à une Infirmière Inconnue sans doute spécialiste du Synactène, médicament également inconnu. La médication était lourde et eut des effets fâcheux sur le foie de celle qui le recevait.

   Dans l ‘après-midi du 31, on demanda aux danseurs de la nuit de se transformer en  aide- jardinier  pour achever le maquillage de fête du jardin.

    Parmi les images joyeuses de cette soirée, quelques- unes restent gravés plus particulièrement devant mes

yeux. D’abord, assise pour un temps et dirigeant la manœuvre de quelques meubles qui auraient pu gêner les

évolutions futures. Elle se recouchera ensuite et ne se lèvera plus,. même pas pour assister à la « Danse Quarré », comme on dit au Canada. (C’était un nouvel accroc dans son état de santé, puisque six mois plus

tôt :-en novembre- elle présider le tourbillon des Valses depuis son fauteuil).

 

  Puis c’est Madame Verny, une des Mères organisatrices, qui vient me dire pour me tranquilliser que l’allongé 

avait bien prit son Foie de veau, la seule nourriture qui passa à l’époque.

 

   La troisième image qui restera véritablement gravé dans mon souvenir est celle de mon Père s’entretenant gravement,-je n’ose dire désespérément,-avec notre amie Peggy Aubé. Nous n’oublierons pas de nommer les

Mères de Familles qui, par leur présences cautionnaient cette charmante réunion : Madame Pierre Verny et

Paul de Fromantel. Elles contribuèrent : avec leur enfants à faire de cette nuit la nuit étincelante. Naturellement

étaient là les Aubé, les Christian Droulers, ainsi que les Pange, véritables poutres maîtresses de tout l’édifice

mondain Maindreville.

 

                Nuit étincelante ai-je dit. D’électricité d’abord et surtout d’élégance,- car les Modes des danseurs allaient

de pair avec la musique. Il y avait un uniforme bleu et rouge Hussard ( à cheval ), deux tenues de Polytechniciens. Les Dames, n’étaient pas non plus en restes d’élégance, je également tournoyer une grande

robe noire à col de dentelle qui devait avoir habillé une Arlésienne, (peut-être celle dont Alphonse Daudet rêva

 et combien de robes à mouvement de Crinoline.

 

     Ce fut une nuit débordante de gentillesse et d’attention aux autres. On ne dansa pas un seul quadrille, mais

une dizaine de fois le même. Cela dura de 20 heures à 7 heures du matin. Le tout se cloître par la Fête des Mères. Et ce fut prétexte à une délicate attention : la remise d’un bouton de rose à chacune des Dames qui

avaient encadré cette dernière réunion.                 .                                                                                             

 

  Durant cette soirée de plaisir, mon seul souci était , je le répète, ce lit dans lequel on avait réinstallé ma

Mère. Il était placé dans le coin gauche du salon, les habitués s’en souviennent,-sous la tapisserie. Et c’est

sous cette même décoration que rédigés ces souvenirs,-en 1993. Les abords de ce lit servaient de point de

ralliement aux danseurs qui se donnaient un instant de repos, pour commencer un petit frais à la Maîtresse

de Maison, ils s’enquerraient :

 

-«Est-ce que nous ne vous fatiguons pas trop ? Supportez-vous bien tout ce bruit ?»

 

 Délicat souci, et ils remerciaient d’avoir été invités et d’être ainsi ,traités. Nous n’y étions cependant pour rien….

 

        Malgré la joie ressentie, je garde de ces instants l’impression d’une fin. Ce fut en effet la dernière danserie

donnée à La Glazière. Les organisateurs, nos hôtes avaient-ils remarqué la fatigue de ma Mère, qui pourtant ce

soir n’était chargée que du soin de l’accueil. Des arrangements de famille permirent à l’un des trois groupe fondateurs de ces Nuits, de trouver un nouveau cadre à ses réunions. Il n’y en eut d’ailleurs plus qu’une seule.

La Glazière avait bien fermé définitivement ses portes à ces fêtes de Jeunesse, terminée ce soir par le joli jeté

de pétales du 1er juin 1976.

 

Ai-je songé à rappeler que ce Quadrille des Lanciers tirait son nom de celui qui fut exécuté par ses Lanciers

devant l’Impératrice Eugénie aux beau temps du Second Empire.

 

          Vers 7 heures du matin, trois ou quatre jeunes responsables de la fête et moi-même, nous faisions « serments et vœux » d’aller voir la « Dernière Valse », dernière-née des pièces de Françoise Dorin.  

 

 

Cette  pièce  était charmante et surtout très bien servie par Paul Meurisse ;-c’était toute une époque !

Il éclipsait tous les autres rôles, mêmes féminins, dont les noms m’échappant d’ailleurs,- de même

que l’intrigue…..Cette dernière manifestation parisienne devait avoir lieu le dernier Dimanche de juin

 et se terminer par un court souper, rue de l’Albony, chez les Fromantel.

 

     Mais revenons à La Glazière et à ses ennuies. A la vérité, ils ne se manifestèrent qu’à la fin d’un été

de paix, dont nous appréciâmes la chaleur. Cette chaleur précisément rendait inexplicable les traces d’eau

apparues dès septembre aux alentours du puits qu’avait fait creuser mon Grand-Père.

 

Le plombier consulté d’urgence descendit au fond. Une fois remonté sa conclusion fut terrible. Cette œuvre

de l’art hydrologique présentait de telles fissures que leur obturation serait ruineuse. Il conseillait donc de se

brancher sur l’eau de la ville,-Les Ecrennes en l’occurrence. C’était la voix de la sagesse. Mes Parents, se

la mort dans l’âme se résignèrent. Mais ils conservèrent un soupçon. L’homme avait-il le matériel nécessaire

pour travailler aussi bas, - 70 mètres ? Avait-il eut peur pour son personnel ? Mes Parents se posèrent toujours

la question.

Pour ma Mère, ce fut la première trahison de sa chère Glazière ; la seule qu’elle constata et dut accepter

pleinement. Plus tard, d’autres faiblesse dues à l’usure apparaîtront. Mais alors, le temps et les multiples

occupations se conjugueront et s’ajouteront à une lassitude croissante pour faire échec à toute entreprise

d’envergure. Peut-être l’avatar du puits fit-il un instant hésiter ma Mère sur la qualité du choix qu’elle avait

fait. Je n’en suis pas sûr. Un moyen plus communautaire et moins orgueilleux fut adopté et permit à notre

Glazière de continuer son chemin.

 

    La nature se plut-elle à relayer les vœux que nous formions pour nous décider à partir ? Les hommes

trouvèrent le moyen de résister à l’exhortation.

 

   De l’autre côté du monde, un vieil Idéologue asiatique s’éteignait en Mao Tsé Toung. Il avait bouger son Peuple

et marqué les idées de son temps. Ce vieux bonze chinois a trop fortement marqué son siècle pour que son départ laisse indifférent.

  Un regret.  

         Un regret mêlé de fierté, la tristesse de perdre Malraux occupera ces derniers mois de 1976.

 

                Oui, je sais, je peux choquer. Mais les têtes philosophiques et historiques étaient déjà si rares !

Ses entretiens télévisés avec Jacqueline Baudrier l’avaient rendu familier à plus d’un jeune ! En toute

Immodesties, il aurait été tentent d’être présenté à ce « Voleur Seigneurial ».1                                                                                                                    

 

 Le temps passe, le temps s’épuise, dit-on, les images que l’on appris à aimer ou au contraire à

accueillir avec circonspection disparaissant les unes après les autres. Seuls mes initiateurs restent

auprès de moi ; - sans doute inquiets eux-mêmes de voir disparaître leur illustre contemporains.

Pour les vieux jours de mes Parents, il leur faudra apprendre de nouveaux noms et prêter quelque

attentions à nouvelles appellations nationales. L’année dernière, c’était Franco qui disparaissait

après une mémorable et probablement atroce agonie. Cette année c’était Mao, chef d’Etat certainement

honni, mais dont la longévité forçait l’admiration. Suivit ensuite Malraux, un haut personnage, employé du

Gouvernement Français.

 

 

Ainsi s’achevait pour nous 1976. La Fausse Semblante, car elle avait dissimulé sous un masque de facilité,

et même de luxe, les premières marques de  claudication véritable du Système.

 

  Sur le plan national, il faut noter le remplacement du Premier Ministre Jacques Chirac par Raymond Barre.

Celui-ci servira jusqu’à la Fin de 1981, un Pouvoir devenu au fil du temps bien cotonneux.

 

 Chez nous, deux personnages qui se font pendant ont fait leur apparition dans notre horizon ; le Médecin

et la fidèle Jehanne ; ils allaient jouer, chacun à sa place, un rôle important dans notre quotidien.

 

Le Médecin, nous avons déjà dit son importance.

  Jehanne Thibaut, entra à La Glazière en février 1976, - deux mois avant la première consultation du

Docteur Roux. Elle devait nous accompagner durant 11 ans et ne nous quitter qu’à la portière de l’ambulance

appeler par ma Mère, sur le conseille,(enfin donné), par Roux en 1987. Elle arrivait vers 11 heures et rentrait

au Chatelet vers 15 ou 16 heures au mieux. Il nous restaient donc à vivre de longs moments sans aide véritable

qui posèrent bien des problèmes aux séquestrés de La Glazière1.

 

    Le 31 décembre, nous sommes ma Mère et moi, attablés au bureau en dos d’âne, pour le traditionnel envoi

des vœux. Mon Père pour sa part, assiste à l’enterrement de Madame de La Croix, mère d’une des co-fondatrice

des soirées que j’ai racontés. Sombres pressentiment à l’aube de l’Année qui s’ouvre dans 24 heures.

 

    Elle verra s’épaissir brusquement et par deux fois la Noire Forêt.

.

 

   J’ai choisi le titre de « Noire Forêt » pour faire la distinction avec cette « Forêt Noire » allemande que ma Mère                                         
visita en 1947, avec la Société Française d’Archéologie.

                                                                                                                                                           


1 A l’Instant de l’informatisation de ces pages, 2004 , j’ignore si Monsieur Le Guen est toujours en Politique. Comme il l’était alors que j’écrivais la première version de ces souvenirs.

 

 

 

1 Il mourra six ans plus tard, le 18 juin 1982. Nous y reviendront peut-être.

1 Ma Mère me dit même qu’elle regrettait d’être handicaper comme elle l’était car elle m’aurait emmener à

Ferrière pour être présenter au grand homme.(Il faut dire que par relation, je crois, elle pouvait se faire connaître

de Madame de Toulouse-Lautrec).    

1 Jehanne Thibaut survivra quatre et demi à notre départ. 

La descente du sommet fut plus périlleuse encore.