CHAPITRE  XXX

 

Une Jeune Femme Essaya

 

1983

 

 

   Le départ des Lados, était fixé aux premiers de Janvier. Il se fit dans la satisfaction pour une part, et dans le

soulagement pour l’autre.

 

     Il sera amusant de noter une observation pleine d’ironie et  d’humour affectueux de Dominique sur le mécanisme de la fatigue
chez ma Mère au moment où elle célébrait dans l’allégresse l’entrée en fonction
de ce troisième couple de Gardiens.
Durant les six premiers mois, ils étaient tous parfaits… Puis ceci ou cela
commençait à clocher ; enfin pendant les dernières semaines,

ils n’étaient plus bons qu’à donner la pâté à nos chiens… Et encore.

 

Ainsi allait le mécanisme de l’usure…

 

     En changeant ainsi constamment de Gardiens-Infimiers, ma espérait la complaisance affectueuse   

qu’elle trouvée durant de longues années de la part de mon Père. Il se voulait, comme on le sait, notre

seul, infirmier après Dieu », si j ‘ose dire.

         Il était bien évident que ma Mère ne retrouva, et ne pouvait retrouver, une telle qualité de soins. Chaque

fois, la déception qu’elle rencontrait déforma ses jugements brusqua ses décisions.

 

         Quant à moi, je garde bon souvenir des 14 mois durant lesquelles cette jeune femme, Ghislaine Carruel

passa à nos côtés. Même si un état de santé mal défini (probablement du à une Lombalgie) maintint le ménage

et ses cinq enfants dans l’ancien logement de Tuhault bien au-delà du temps officiel de leur service. Et ceci ne

manqua pas d’envenimer l’atmosphère.

 

   Pour compléter le portrait de cette jeune femme, il ne  faut pas oublier de dire qu’elle avait son permis conduire.  

Ceci l’autorisait utiliser la voiture du ménage. Et c’est grâce à ce moyen qu’elle avait pu venir « en stage » dès le mois de novembre 1982.
Et c’est encore grâce à cette voiture qu’elle pu élargir son horizon et nous rapporter le soir les mille petit faits qu’elle pouvait recueillir
pour nous les rapporter deci-delà et nous les le soir. C’était autant
d’air frais qui passait dans l’air un peu vieillot qui était le nôtre,-en toute bonne fois…    

 

Mais les meilleures choses ont une fin. D’autres soucis accablèrent la Régente, pour nous en distraire Mademoiselle de  Montbelle

nous fit connaître le ménage d’un de ses cousins… 

 

Anne et  André de Ravinel

 
Ce fut à l’occasion d’une prise de sang, effectuer par Mademoiselle  que ma Mère entendit prononcer le nom du Colonel de Ravinel .

et de femme Anne.

 

     Ma Mère pensa se faire aider par le Colonel, pour résoudre au mieux les questions de limitation, ou de

passage, qui l’occupaient depuis quelque mois. Le Colonel André de Ravinel commandait en second, je crois,

l’Ecole d’Application Motocycliste de la Gendarmerie, basée à Melun. Ayant pris connaissance du dossier  le

Colonel mit d’abord en piste le Brigadier-Chef ( le Chef ). :

 

-Madame, j’en parlerais au supérieur de votre poste de Gendarmerie,  le « Chef » Marceau, ajouta l’Officier

supérieur, manifestant ainsi sa bonne mémoire, il viendra vous voir, et vous verrez ensemble ce qu’on peut

faire.

 

   Le Brigadier vint donc. Je revois encore très bien ce Sous-Officier venu du Châtelet, installé en tenue

noir et bleue, au pied du lit de ma Mère, lui rappelant quelque détailles juridiques que l’âge, où l’ignorance

des nouvelles loi votée, lui avait fait oublier, ou négligés.

 

   Comme les petits détailles marquent nos souvenirs, je fut plein d’admiration pour les gants bruns du

Brigadier. Ils étaient superbes. Ils rehaussaient la tenue réglementaire. Ils dénotaient en cette  fin de siècle

et dans. nos campagnes, le souci touchant et suranné d’entourer d’une certaine majesté la défense du Droit

et de la Loi.

                             

   Cette « affaire » mourut sans grand bruit1. Chacun acceptant ce qu’il ne pouvait combattre plus ouvertement.

Elle nous permit de faire la rencontre d’amis, charmants et de leurs jeunes enfants.

 

Toute la famille devait devenir et demeurer  habituée de La Glazière jusqu’en avril 1984. Ils furent même les

artisans d’une nouvelle relations en nous présentant  à leur ami et confesseur, Le Père Supérieur Général des

Prémontrés. Il accomplissait une période à l’Aumônerie Militaire de la Gendarmerie.    .

 

     Malgré ses lourdes obligations, il passa une fois notre porte et sa seule présence fut une Bénédiction pour notre duo solitaire .

Au cours de sa visite la conversation tomba sur un article de «  paris match » consacré à la Sœur Pasqualina qui assurait

le service particulier de Pie XII. D’une belle voix chaude bien faite pour chanter Vêpres et eut fait rêver Alphonse Daudet,
il nous dit qu’il avait rencontrer La Sœur et que l’article de l’hebdomadaire était plein d’exagérations.
Ma Mère s’en doutait pour avoir lu d’un peu près l’article en  
question.

 

   Je ne vis hélas le Père qu’en clergyman, mais le Colonel de Ravinel me dit l’avoir vu revêtu de son

costume régulier au cours d’une messe de Minuit. Il s’agissait d’une sorte de chape blanche fermée

par une chaîne d’Or, et la tête recouverte d’un capuchon monastique.

 
Le 15 août des Reclus.

 

Au cours des évènements vicinaux évoqués plus haut, de quels coups de vent ;-dissimulés ou non,

Ghisleine Carruel, fut-elle avec nous le témoin ? La mort et quelques accidents particulièrement

embarrassants encombrèrent notre année.

 

    Un beau Dimanche de mars, Paris apprit à ma Mère le décès de sa Belle-Sœur Madame André de

Maindreville, née Gisèle Saydoux, dont mes Parents avaient fait ma Marraine.

Elle était mère de Jean-Michel et de Marie-France, disparus successivement en 1954 et en 1962.

Tante Gisèle s’éteignit le 3 mars à La Celle Saint Cloud dans la maison même où était mort mon

Père, il y avait trois ans. C’était elle qui avait conduit son Beau-Frère, mon Père, à l’autel le jour

de son mariage.

 

     Fut-ce ce même Dimanche ou l’un des trois autres,-mais également en mars-que ma Mère fut

appelée au téléphone. C’était Orgeval cette fois-ci, qui annonçait le décès de Pramod Kumar, le

compagnon d’Anne Schelcher. Ils s’étaient connus au cours des années 70. La Roue Indienne

ayant tourné pour chacun de nous et à un rythme et dans un sens différents ; ce qui m’avait

empêché presque de le connaître.

      

   La saison s’écoulait sans autres larmes. La présence de Ghilaine Carruel à nos côtés à l’heure

de grande écoute fut l’occasion pour ma Mère et pour moi d’une nouvelle découverte de la Télévision.

Dans mon souvenir ce fut à ce moment que fut diffusé le premier épisode de « Chateauvalon ». Ce fut

un  scandale pour la vieille téléspectatrice qu’était ma Mère, peu initié aux intrigues policières. Elle trouva

la série trop clinquante et trop empêtré dans les milieux de l’argent. Le lendemain ce fut mon tour de zapper

ou de fermer les yeux devant l’énigmatique Roman « Shogun ».  

  

   Pourtant ce fut ma Mère qui finalement se mit à attendre avec impatience le mercredi soir : elle m’entraînait

Avec un émerveillement, pour moi incompréhensible dans les rues de « Dallas ».Ce goût devait lui rester jusqu’en 1987.

 

   Sur le plan sportif, ce temps fut celui des Internationaux de Tennis de Paris. Nous la finale avec Yves

Schelcher de passage. Yannick Noah rapporta à la France une victoire attendue depuis longtemps.

Et cela nous amena aux premiers jours de juillet. Du Vatican venait une rumeur : le Pape viendrait passer

à Lourdes les prochaines fêtes de l’Assomption, afin de remercier la Vierge de l’avoir épargner et d’avoir

facilité sa guérison.

 

    Laissons Lourdes à ses préparatifs pontificaux pour retrouver la maison. Elle fut toute étonnée de voir 

resurgir un peu de son passé en la personne d’Alice Penot. C’était la femme du Garde-Chasse que mon

Grand-Père avait trouvé à La Glazière lorsqu’il avait acheté la Propriété. Et les Penot furent les premiers

occupants de ce qui devenir plus tard notre « Tanière »,-à gauche de la grille d’entrée. Il m’est difficile

d’évoquer ce ménage, car ils nous quittèrent très tôt-entre janvier et mars 1945. J’étais enfant, et dans

mon souvenir ils ressemblent plus à des silhouettes qu’à des personnes caractérisés. Je me rappelle

pourtant qu’Alice était brune et  vive. Elle m’appelait son Petit Lapin ou plus couramment son Poulet….

     Ma Mère dont la mémoire était plus fidèle que la mienne m’a dit souvent que le Garde était un peu

couard ; il redoutait l’atmosphère assez belliqueuse de l’époque ( 1939 – 1944 ). Que de fois ma Mère

qui était alors jeune Mère, et qui avait le sommeille léger et vigilant, n’avait-elle pas été obligée de héler

le Cerbère pour lui signaler des bruits anormaux venus de l’Allée des Pommiers. Ils avaient en général

pour auteur quelque prédateur à plumes ou à pattes violateurs de clôture. En effet, dans cette Allée mon

Grand-Père avait fait installer un élevage de faisans1 Or toutes les dispositions relatives à la chasse
avaient sautés pour Faits de Guerre ou d’Occupations. Il fallait alors que Madame
Penot accompagne

son vaillant mari qui arborait son visage Cerbère en tremblant, pour opérer une reconnaissance en « territoire ennemi » !

 

 Bien entendu, on ne fit pas allusion à cette petite faiblesse devant notre visiteuse,- toute heureuse que sa

Résidence pour jeune gens du 3ème âge ait organisé une « sortie » dans la région.  Elle s’était faite une joie

de retrouver encore une fois le chemin de La Glazière et d’en revoir les derniers habitants.

 

                Ghislaine Carruel, avons-nous dits, fut témoin de mort diverses et aussi d’ accidents divers.

La mort passera et repassera en fin d’année, mais les incidents sont les plus les plus fréquents.

 

  Ainsi, le 14 août, alors. que je participais par Télévision interposée à l’accueil que Lourdes faisait au Pape,

le téléphone se mit à sonner. Respectueusement absorbé par le spectacle de la cérémonie à la fois simple

et émouvante, je ne pris pas garde à cette interruption. Ma Mère m’ayant rejoint pour la fin du reportage, elle

m’apprends l’objet de ce coup de téléphone :  Jehanne est tombé dans l’escalier de sa cave et s’est cassée

la jambe. Elle ne pourra donc revenir avant longtemps. Nous ne la revîmes régulièrement qu’aux tout premiers

jours de décembre 1983.

 

 Très spontanément, Ghislaine Carruel proposa de reprendre la queue des casseroles à la place de notre

Chef en titre. Cette nouvelle occupation la fit entrer dans les détails de la cuisine, mais en outre dans le

désordre dû à la multiplicité des tâches confiées par ma Mère à la seule Jehanne….

 

La jeune Ardennaise en fut littéralement scandalisée et ne put se retenir de manifester devant ma Mère une

Indignation qu’elle croyait partagée. Aïe ! c’était toucher directement à un des monuments maternels….    

Sentant le terrain glissant, elle ne réserva plus qu’à moi ses découvertes avec des commentaires appropriés.


-C’est fou ! Votre Maman (ou Madame) ne sait pas dans quel état de saleté est sa cuisine !

 

Cette situation et ces réflexions s’étendirent sur la fin du troisième trimestre et sur la presque totalité du

quatrième. Ils finirent par introduire une méprisante rivalité entre nos deux collaboratrices.

 

Mais revenons aux fêtes de ce 15 août-là que le Pape célébrait en France. Notre grand moyen de nous unir

à sa Prière était naturellement la Télévision. En regardant le Pape prier à la grotte,- silhouette blanche sur

fond gris-noir,- image pacifiante s’il en est, je ne pus m’empêcher de mener une double réflexion 

 

-En l’état de santé où j’étais reverrai-je un jour ce Pape ? et cela me paraissait très aléatoire.

 

-La seconde réflexion suivait de près la première : La fragilité du système qu’avait édifié par ma Mère

l’accident survenu à Jehanne n’était-il pas un avertissement, en même temps qu’un coup de semonce 1 ?     

 

  Une divergence dans nos vues.

Le Pape s’en retourna à Rome, nous laissant, ma Mère et moi, devant nos problèmes quotidiens. L’un

d’eux fut complexe et douloureux.

Notre chien Basile était moins sage que ne l’avait été son  grand aîné Grisby. Pour parler clair, il était

sensible à la « Saison »… et y répondait dans la mesure de ses possibilités, et de notre étourderie.

 

   Par bonheur, il avait toujours retrouvé le chemin de la maison, et y avait toujours reçu l’accueil affectueux

que l’on suppose.

 Un soir de septembre donc, ayant vu une fenêtre ouverte, il en profita pour s’en aller ; vers l’aventure..

 maisonnée rendue soucieuse par ce genre d’escapades, s’endormie tout de même paisible,- non sans

 avoir laissé ouverte une porte.. Basile, en effet, ayant pris l’habitude de rentrer discrètement, pourvu qu’on

lui laisse un accès disponible… Mais cette fois-ci une sonnerie interrompit le sommeil de ma Mère.  Il était

à peu près 7 heures du Matin. C’était un motard des petites aubes qui avait lourdement roulé sur quelque

chose. Il avait remarqué au cou de la victime une médaille-adresse, et cet ami des bêtes téléphonait pour

donner l’alerte.  

 

          Ma Mère connaissait sa région ; elle put localiser le lieu de l’accident ; il se situait derrière Les Ecrennes.

On le sait ma Mère réfléchissait vite. Elle téléphona à Hardeiller, pas encore parti pour sa journée de chasse.

Il accepta d’aller mesurer les dégâts.

 

   Bientôt il nous rapportait un pauvre chien  dont la patte avant-droite paraissait déboîtée. Un Vétérinaire fut hâtivement trouvé à Tomery,

dans la grande banlieue de Fontainebleau.  Les radios lui montrèrent que le membre était vilainement cassé.

Ma Mère voulait tout faire pour conserver à l’animal une jolie apparence.

Malheureusement le Vétérinaire annonça un jour qu’il se trouvait devant un choix difficile : ou raidir la patte,

ou amputer. Mais il y avait une troisième solution vers laquelle il semblait pencher : la piqûre libératrice…
Ma Mère me posa la question. Devant un bon mois d’insuccès orthopédiques, je m’étais formé une opinion.

J’étais partisan de la piqûre pour de multiples raisons. D’abord mon état de prostration s’effrayait des réactions

 encore vives du chien ; je les avais mesurées avant l’accident. Ensuite le handicap de ma Mère, déjà sévère,

s’alourdissait de mois en mois.   Il lui interdisait de les introduire, Basile, et son compagnon que nous avait

donné Roux, au cours d’une précédente fugues auprès de nous. Il s’appelait Stéto et leurs vitalité s’additionnaient.…
En outre je pensais à l’éventuelle souffrance de la pauvre bête…

A ma Mère je parlais surtout de cette souffrance. Mais devant ma vision réaliste des choses, elle se récria !

 

-Basile a connu et amusé votre Papa. Cela me ferait de la peine de m’en séparer ; c’est le dernier souvenir

drôle qui me rattache à votre Père…

 

Cette réaction maternelle quoique compréhensible, me laissa surpris et méditatif. J’escomptait une approbation

de ma Mère. Je demeurai de en plus interrogatif devant l’avenir1. Je lassai donc faire. Mère le verdict qu’elle

souhaitait. On nous rendit donc un compagnon qui marchait sur trois pattes.(La quatrième étant raidie définitivement ).
La bête boittra jusqu’en 1987 date à laquelle d’autres évènements survinrent  j’ reviendrai
tout à l’heure.

Joies et Douleurs Mêles;        .                                                                                                                                           


Nous traversâmes l’automne au milieu de ces soucis.. Mais des joies s’y mêlèrent.  Ainsi, il revint à ma

Mère, étant l’aînée de sa génération, le bonheur d’entourer son cadet de deux ans, Oncle Jean, dans la

célébration de son 80 ème anniversaire. Un déjeuner fut l’occasion de partager un gâteau orné d’une seule

bougie chargée de réunir en elle toute l’expérience acquise.Nous devions revoir les deux ménages ;

- cette fois au complet-dans les dix jours qui suivirent ils passèrent brièvement à La Glazière, en route pour  

Provins Saint Brice où l’on enterrait Madame Tournade. C’était la Belle-Mère de Tuhault et à La Glazière, c’était une figure !

bien que mariée, elle avait élue domicile auprès de son gendre et de sa fille. .C’était pour prêter main forte à celle-ci

au moment ses repas de chasse. Ce n’était qu’un prétexte saisonnier ; mais elle en usait durant douze mois entier…

Il faut noter que le cancer de Ghislaine Tuhault se réveilla  au cours de l’année 1984, à la suite de chagrins

successifs et accumulés. Elle disparaîtra à l’automne de cette année-là. En quatre ans, cette famille aura donc

à peu prés totalement disparu : Monsieur Tournade étant décédé quelque jours avant mon Père.
La mort, décidément infatigable va faire un retour offensif, en frappant Oncle Paul Résal, avant-dernier Beau-Frère vivent de mon Père.

 

Elle s’éloignera  ensuite – de nous, durant trois ans. Mais elle n’en affûtera que mieux sa faux pour

l’abattre trois fois encore sur nous en 1987, - et d’une main plus experte, atteignant mon affection la plus vive….

 

   Le nez des Chinois.

 

        Terminons-en avec 1983.

   

  Pour les Fêtes de fin d’année, la 3ème chaîne nous offrit une version télévisée des aventures et des découvertes

de Marco Polo. C’était une réalisation franco-italienne. De l’intrigue je ne dirai rien ; mais l’acteur qui in canait

l’Empereur de Chine possédait un fort  petit nez.

 

    L’une des deux dames qui m’entouraient, ma Mère ou Ghislaine Carruel, se plut à le remarquer. Ma Mère

aussitôt développa le sujet et nous apprit que tel homme pourvu d’un grand nez était autrement bien.. doté

et vice-versa….. A quoi peuvent bien rêver les vieilles dames ! je restai perplexe. Et ce fut là le dernier

enseignement  que je reçut d’une vieille dame proche de son éternité.

 

   Avant de revoir Jehanne à ses fourneaux, nous l’avions reçue en visiteuse, appuyée sur des cannes

anglaises et secouru d’un plâtre de marche. Elle pensa sympathique d’aller remercier sa jeune suppléante.

Elle entra dans sa CUISINE. Elle y trouva l’autre et, j’ajoute, la propreté de la jeune Ardennaise. Et Ghislaine

ne se fit pas faute d’évoquer l’état général de la succession qu’elle avait assumée.

 

Dès lors, une méprisante rivalité s’établit entre nos deux collaboratrices. Ce qui explique les bruits dénués de

charité – c’est le moins qu’on puisse dire – qu’à partir de novembre me rapporta ma Mère sur le ménage.

Peut-être ma Mère les accueill-it’elle avec un peu de légèreté et sans preuves… Il se serait agi « d’appariations »

et de revente sur un Marché de plein air. Mieux vaut ne pas approfondir..

 

     Sans doute est-ce pour cela que  ma Mère montra une hâte presque joyeuse à convoquer un

Huissier de Justice résident au Châtelet, pour qu’il constate l’abandon de leur logement par les

Carruel.

  

 Ne fouillons pas trop le détail de ces choses. Il reste que pendant un an, nos soi à ma Mère et à

moi, furent assurés de la plus scrupuleuse façon que j’ai rencontrée au cours de ces années de

solitude à deux.

 

 Non seulement cette jeune femme se pencha sur nos misères physiques, mais en outre elle essaya

par sa gaieté de secouer nos états d’âmes trop lourdement embourbés dans des regrets qu’il ne servait

à rien d’entretenir.
C’est peut-être cette année-là que ma Mère, moyennement apaisé, se mit à parler à Dominique de Maindreville

des «Lions de Juda », ou de toute autre utopie d’établissement d’un Institut Religieux à La Glazière. Dans son

rêve,  ce devait parer à toute éventualités dont l’urgence se révélait pressante.            

                               

Ils étaient loin les rêves de me voir de nouveau corseté. Devant les propositions professionnelle trop hardiment

énoncés du Professeur Guillaumat, ma Mère avait obtenu un nouveau délai de grâce. Jusqu’après les Fêtes

1982. Très courageusement, ma Mère téléphona à Coubert début janvier 1983. La secrétaire lui apprit que

Monsieur François avait quitter l’établissement –désirait-t’on prendre un nouveau rendez-vous avec Monsieur… ?

(Son Nom m’échappe). Ma Mère remercia et raccrocha. Elle me persuda aisément que continuer nous eut

obligés à tout reprendre à zéro. Ni elle ni moi nous nous en sentions la force. De plus nos récents contactes

avec les Médecins l’avait persuader que tous nouveaux essayages ouvrirai la voix à des tentatives médicales

risqués pour ma santé en général et mon moral déjà bien atteint. Le départ du Docteur François éloigna définitivement

ce genre de noires chimères.                                                                                                                                                                                                                                                                           


1 La mort de ma Mère elle-même mettra fin à ces petits tracas.

1 Transformer du fait de la guerre en élevage de poules de basse-cour, plus indiqué en ce temps de disette.

1 Quelques années plus tard, Jehanne fit une nouvelle chute dans les mêmes conditions. Un Cancer s’installa

entraînant sa mort en 1992. ( Ma Mère et moi, n’étions plus à La Glazière depuis 7 ans l’inquiétude était passé

mais qu’eut été si…  

1 A la relecture de ces lignes une conclusion me viens ;au cours de ses années de veuvage, ma Mère fut sans

prise de vertige (bien qu’elle ne l’avoua jamais),  en considérant notre solitude à deux. Ces instants de vertiges

ont peut-être altérer certains de ses jugements ?



Réussit-elle ? l'histoire ne le dit pas.