huile sur toile, 105,8 x 84,6 cm
Pour Anaïs.
J'aimerais me balader avec toi. Marcher le long de la mer. Sentir le vent déposer sur nos lèvres, un goût de sel. On s'achèterait des gaufres qu'on mangerait sur un banc rongé par l'air iodé. On regarderait les gamins jouer près des dunes. On suivrait les vols incertains des mouettes, dans le bleu d'un ciel sans nuage.
Et on vivrait, toi et moi, un moment parfait. Aussi beau qu'un tableau de Rothko.
On se raconterait des histoires de filles, des trucs futiles qui n'intéresseraient que nous. Et on parlerait de nos hommes pendant des heures. Les anciens, les futurs, ceux qui nous ont fait pleurer, ceux qu'on rêverait de rencontrer et d'aimer. Tu m'écouterais en passant les doigts dans ta longue chevelure de sirène. Je t'avouerais : "Si tu n'étais pas ma cousine, je te détesterais. Tu es si jolie, douce, sensible... Tu as tout pour toi, c'est dégueulasse". D'abord étonnée, tu finirais par sourire.
Et on vivrait, toi et moi, un moment parfait. Aussi beau qu'un tableau de Rothko.
J'en connais un qui te ressemble. On dirait vraiment qu'il a été peint pour toi. Composé de bleus, de bruns et de verts, il est d'une harmonie subtile, aérienne, élégante. J'y vois un banc, le ciel, l'océan. Une sorte d'invitation à la méditation. Je pense toujours à toi en le contemplant. Je me dis que tu n'aurais pas dû partir, que c'était injuste, absurde. Si soudain.
J'ai du mal à admettre qu'on ne vivra plus, toi et moi, un moment parfait. Aussi beau que ce tableau de Rothko.
Momina Septembre 2004
