Tableau de la géographie de la France - 1903

De Vézelay, belvédère naturel, on voit à une lieue vers l’est le paysage, tout bourguignon jusque-là, changer d’aspect.

Le Morvan vu de Vézelay

Le Morvan s'annonce comme une croupe à peine accentuée en saillie, mais qui contraste par son uniformité, sa tonalité sombre avec le pays calcaire. Lentement il s’élève vers le sud, d’où seulement, vu du bassin d’Autun, il présente l’aspect d’une chaîne.

Le pays dont les différences s'accusent ainsi est bien une de ces contrées à part qui, pour le cultivateur ou vigneron des " terres plaines ", éveillent l'idée d'une vie ingrate, et dont les usages, les cultures, les patois constituent pour lui un monde étranger.

Ce n’est pas que le Morvan soit considérable par sa hauteur ni par son étendue ; mais, fragment mis à nu du massif primaire, il oppose aux belles cultures des plaines qui l’avoisinent la pauvreté d’un sol siliceux, privé d’éléments fertilisants, moins propre aux moissons et à l’engraissement du bétail qu’aux arbres et aux landes, aux genêts à balai, aux grandes digitales, aux taillis de hêtres et de chênes.

Ce n’est pas ici l’aspérité des pics qui rebute la circulation : le Morvan, arasé depuis les âges les plus anciens, quoique temporairement envahi dans la suite par diverses transgressions marines, n’a plus que le socle de ses anciennes cimes ; il ne présente guère à la surface que des croupes d’un modelé large et d’apparence parfois presque horizontale.

Les grandes routes, à l’exemple des voies romaines, n’ont pas eu de peine à s'établir sur la convexité des parties hautes. Mais ce qui manque, c’est la chose dont dépend vraiment la physionomie d’un pays, car elle règle le mode d’habitation et les relations quotidiennes : la circulation de détail.

Entre ces croupes il n' y a que des ravins ou des vallées trop étroites ; une infinité de petites sources imbibent les vallons et les creux, y suintent en vernis ou marais semés d’aulnes et de joncs, noient les prairies, creusent d’ornières profondes les sentiers raboteux, multiplient des ruisseaux qu’on ne pouvait jadis traverser que sur des troncs équarris ou des pierres disposées au travers.

C'est ce qui a tenu isolés ces petites fermes ou ces hameaux entre leurs sentiers couverts, leurs ouches ou petits terrains de culture aux abords des maisons, leurs haies d'arbres et leurs ruisseaux.

Ce n’est pas ici l’aspérité des pics qui rebute la circulation : le Morvan, arasé depuis les âges les plus anciens, quoique temporairement envahi dans la suite par diverses transgressions marines, n’a plus que le socle de ses anciennes cimes ; il ne présente guère à la surface que des croupes d’un modelé large et d’apparence parfois presque horizontale.

Saint-Père-sous-Vézelay

Les grandes routes, à l’exemple des voies romaines, n’ont pas eu de peine à s'établir sur la convexité des parties hautes. Mais ce qui manque, c’est la chose dont dépend vraiment la physionomie d’un pays, car elle règle le mode d’habitation et les relations quotidiennes : la circulation de détail.

Entre ces croupes il n' y a que des ravins ou des vallées trop étroites ; une infinité de petites sources imbibent les vallons et les creux, y suintent en vernis ou marais semés d’aulnes et de joncs, noient les prairies, creusent d’ornières profondes les sentiers raboteux, multiplient des ruisseaux qu’on ne pouvait jadis traverser que sur des troncs équarris ou des pierres disposées au travers.

C'est ce qui a tenu isolés ces petites fermes ou ces hameaux entre leurs sentiers couverts, leurs ouches ou petits terrains de culture aux abords des maisons, leurs haies d'arbres et leurs ruisseaux.