Comme pour la migration des flotteurs et des
nourrices, c’est le besoin d’argent, dû à la pauvreté du Morvan, qui
motive le déplacement saisonnier des charretiers et de
leurs attelages de bœufs. Les galvachers se louaient, de
mai à la fin novembre, avec leurs bœufs et leur
charrette pour effectuer des transports.
S’ils charroient essentiellement du bois d’œuvre et de
chauffage à destination des ports des rivières qui
mènent à la Seine et à la Loire, ils transportent aussi
toutes sortes de marchandises : vins de Bourgogne,
céréales, minéraux, matériaux de construction ou objets
manufacturés.
L’aire sur laquelle ce phénomène migratoire s’étend va
des zones les plus proches du Morvan (Nivernais, Berry,
Puisaye, Bourgogne et Bourdonnais) jusqu’à des régions
plus éloignées (Paris et ses environs, Champagne,
Ardennes, Lorraine et Picardie).
D’abord localisée dans la
région de Château-Chinon, cette activité originale s’est concentrée ensuite sur
le pays d’Anost, où le hameau de Bussy, point de passage obligé des charroyeurs,
est considéré comme la « capitale » des Galvachers.
Le départ, fixé au premier
mai, s’accompagnait d’un rassemblement chez le Cô, dernier aubergiste sur la
route d’Arleuf. Une complainte du XIXème
siècle témoigne de ces adieux : « Allons, Galvachers, en
avant ! Il faut quitter notre Morvan ! Montons la route,
Chassons le souci ; Buvons la goutte Chez le Côt à Bussy.» Le retour à
l'huis lointain ce faisait à la Saint-Martin et les boeufs étaient
vendus à la foire d'Anost le 1er décembre.
Au lendemain
du second Empire, l'apparition du chemin de fer amorce le déclin. Le nombre des
migrants diminuera progressivement jusqu'à la Grande Guerre pour s'éteindre
ensuite définitivement.
La race de bovins rustiques, dont l’existence est intimement liée à cette
pratique, disparaîtra au profit de la charolaise pour des raisons d'économie de
marché.
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