IV Le rôle mondial des États-Unis

A. Les États-Unis dominent les échanges mondiaux

- Le dollar reste la monnaie du commerce international et depuis 1971 les autres pays sont soumis aux effets souvent négatifs de ses fluctuations de valeur.
- Le commerce extérieur américain est le premier du monde (environ 15% du commerce mondial). Mais la balance commerciale, depuis longtemps négative, connaît un déficit grandissant. Le taux de couverture n'a été que 78% en 1995. Le déficit commercial a atteint 300 milliards de dollars en 1999, soit 3,5 % du PIB.
# Les E-U importent du pétrole et de plus en plus de biens industriels d'équipement et de consommation. Ils exportent les produits de leurs industries de pointe et les produits agro-alimentaires.
# Leurs principaux partenaires sont la Communauté européenne, le Canada, l'Amérique latine et le Japon. Un accord de libre échange a été conclu en 1994 avec le Canada et le Mexique: l'ALENA.




B. Les multinationales, instruments de la domination mondiale

- La puissance économique des E-U repose aussi sur d'importants investissements à l'étranger réalisés par les firmes multinationales. La moitié du capital industriel mondial serait américain...
- Les multinationales installent des usines dans le Tiers monde pour profiter des plus bas salaires. Elles y contrôlent une part importante de la production agricole, minière et énergétique de ces pays. Les multinationales s'implantent aussi dans les pays développés (Europe) pour conquérir de l'intérieur, de nouveaux marchés.

C. La puissance politique et militaire.

- première puissance militaire mondiale, les États-Unis exercent un hégémonie militaire et diplomatique depuis l'effondrement de l'U.R.S.S. et du bloc communiste. Ils disposent de bases militaires sur tous les continents et leurs puissantes flottes de guerre sillonnent les mers du globe. Cet empire s'appuie sur des systèmes d'alliance comme l'O.T.A.N. et sur l'O.N.U.
-Les États-Unis utilisent souvent leurs forces militaires quand ils estiment leurs intérêts menacés, comme au Panama en 1989 ou en Irak en 1991.
- Cette influence mondiale, grâce à leur agriculture exédentaire, peut être renforcée par l'aide alimentaire.
- La puissance de leur technologie leur permet d'écouter les télécommunications internationales (réseau « Echelon ») et avec leurs satellites de télédétection de surveiller l'ensemble de la surface de la planète. (voir les relations internationales depuis 1945 : IV. vers un "nouvel ordre mondial" ?)

D. le rayonnement culturel

- La culture, le mode de vie américain, les valeurs américaines se diffusent dans le monde entier grâce aux médias US, (cinéma et séries télévisées), à la musique rock et ses dérivés.

E. Mais les États-Unis vivent au dessus de leurs moyens

Constamment incités par les médias à consommer toujours plus, les particuliers sont, en moyenne endettés à plus de 100% de leurs revenus. De même l'Etat a connu un déficit budgétaire qui est monté jusqu'à 4OO milliards de $ en 1992 soit 5% du P.I.B. Il a été résorbé depuis, mais en diminuant fortement le financement des services publics et de programmes sociaux. La dette fédérale s'élève à 7O% du P.I.B Ce déficit est financé par le placement dans le monde entier de bons du trésor américain. Puissance dominante les États-Unis peuvent ainsi se permettre de vivre à crédit !
(Les Etats-Unis ont la plus importante dette extérieure du monde : 1200 milliards de $ en l995).


le dollar boudé... Le Monde 31 mai 2002

baisse du dollar et hausse de l'Euro...(lire l'article du Monde daté du 8 janvier 2004)

aggravation du déficit commercial et retour au déficit budgétaire (lire l'article du Monde du 21 juin 2002)


sombres prévisions du journal financier de Lausanne l'AGEFI 24 février 2004


août 2005 : la pauvreté s'étend dans le pays à l'économie la plus puissante du monde ...

Fin août 2005, le Bureau national des statistiques (Census) des États-Unis recense 1,1 million de nouveaux pauvres aux Etats-Unis. Le nombre de pauvres atteint 37 millions en 2004 soit 12,7% des Américains. parmi lesquels 15,6 millions de " très pauvres" (5,4 % de la population américaine). Le seuil de pauvreté est fixé à 9 645 dollars de revenu annuel pour une personne seule, et à 19 307 dollars pour une famille de 4 personnes. Le taux de pauvreté chez les Noirs est plus élevé que dans les autres communautés. Le revenu moyen d'une famille noire est de 30 124 dollars par an, celui d'une famille d'origine asiatique de 57 518 dollars. Dans la population blanche, ce taux moyen est de 48 977 dollars par an. -
source : AFP


Document 1

"(...)Le monopole de la puissance globale reconquis par les Etats-Unis, depuis l'heureux effondrement de l'URSS en 1990, a exacerbé la conviction que leur destin se confond avec l'histoire de la liberté et la défense de leurs intérêts nationaux avec la démocratie. En témoigne avec éclat l'argumentaire développé par le porte-parole du président Bush pour commenter l'abandon du protocole de Kyoto et le plan national énergétique rendu public le 17 mai dernier :"Le président pense que le niveau élevé de consommation d'énergie correspond au mode de vie américain, et que l'une des tâches des élus est de protéger le mode de vie américain. Le mode de vie américain est béni."

Les débats sur le commerce avaient amorcé cette évolution, avec les lois Helms-Burton (1995) et D'Amato-Kennedy (1996), créant un régime de sanctions contre les entreprises, y compris non américaines, qui entretenaient des relations d'affaires avec Cuba d'une part, l'Iran et la Libye d'autre part, et ce en contravention explicite avec les principes du droit international comme avec les règles de l'OMC.

C'est néanmoins dans le domaine diplomatique et stratégique que l'unilatéralisme américain s'est emballé depuis la fin des années 1990, au point de bouleverser les relations entre les Etats-Unis et leurs alliés. L'administration Bush a encore durci cette diplomatie de rupture. Après le refus de signer le protocole de Kyoto de décembre 1997 qui prévoyait la réduction des émissions de gaz à effets de serre, la réunion de l'OCDE qui s'est achevée le 18 mai dernier a vu les Etats-Unis ouvrir un nouveau front, sous la forme de réserves expresses vis-à-vis des mesures de lutte contre l'évasion fiscale (liste de 35 paradis fiscaux arrêtée en juillet 2000) et le blanchiment, au nom du respect de la souveraineté nationale et de la libre compétition entre les nations sur le niveau des prélèvements.

Si l'on ajoute à ces initiatives les méthodes imposées pour l'endiguement de l'Irak de Saddam Hussein, et surtout la conduite des opérations militaires en Bosnie et au Kosovo, organisées en fonction des concepts contestables ("guerre propre" ou "guerre zéro mort") au détriment de l'efficacité opérationnelle et de la raison politique, la conclusion semble s'imposer d'une redéfinition brutale du leadership américain. Une redéfinition qui fait la part belle à l'isolationnisme au détriment de l'engagement international d'une part, à l'exercice de la puissance au détriment de la stratégie d'influence d'autre part.

D'où une série d'interrogations, qui, touchant à la seule puissance globale de ce début du XXIe siècle, dépassent les seuls Etats-Unis : le troisième après-guerre du XXe siècle, caractérisé par la disparition de toute menace frontale, est-il en passe d'emprunter la voie de 1918, marquée par le repli catastrophique des Etats-Unis sur eux-mêmes, plutôt que d'actualiser la réussite du modèle de 1945 ? Revenus au faîte de leur puissance avec la restauration d'une avance économique, technologique et militaire disparue depuis les années 1960, les Etats-Unis ne sont-ils pas en même temps exposés à la démesure, au risque de s'aventurer dans des combats douteux, dont l'expédition de la baie des Cochons ou la guerre du Vietnam, sur une tout autre échelle, ont donné l'exemple ? (...)

Nicolas baverez est économiste et historien. "
Etats-Unis : la tentation de la démesure "
LE MONDE | 25.05.01


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