· Après 1945 des hommes politiques, comme le Français
Robert Schuman (lire sa déclaration du 9 mai 1950 page 258), voient
dans le rapprochement des intérêts économiques un moyen
de préserver la paix en Europe et d'y restaurer la prospérité.
· Après la création de la C.E.C.A. (Communauté
européenne du Charbon et de l'Acier) en 1951, la C.E.E. fut fondée
par six pays fondateurs dont la France (Traité de Rome 1957). Depuis
quatre élargissements successifs: en 1972, 1981, 1986 et 1996 font
passer la Communauté de six à 15 membres. (voir carte p 256)
· Ses buts à l'origine : unifier l'Europe pour contrebalancer
la puissance économique des Etats-Unis . Stimuler la croissance économique
et le développement des Etats membres en facilitant les échanges
entre eux.
· Le traité de Maastricht en 1992 transforme la CEE en Union
européenne (U.E.): une monnaie unique l'Euro est mise en place en
1999, création d'une citoyenneté européenne et début
de discussion pour tenter d'établir une politique étrangère
et de sécurité commune.
L'Union européenne s'élargit à certains pays européens
de l'Est comme la Pologne ou la République Tchèque (voir carte
ci dessous et p 273). l'Union européenne compte 25 pays membres depuis
le 1er mai 2004 et regroupe 450 millions d'habitants.
2. ESSENTIELLEMENT UNE UNION COMMERCIALE (pages 260 - 261)
· Une zone de libre échange entre les Etats membres : commencé
dès 1957 avec la mise en place progressive d'un « marché
commun », les dernières entraves à la libre circulation
entre les Etats membres sont tombées le 1er janvier 1993 avec "le
grand marché unique européen".
· La monnaie unique, l'Euro a remplacé les monnaies nationales
en 2002. Il doit faciliter les échanges intercommunautaires et devenir
une monnaie internationale concurrençant le dollar. (graphique
évolution du cours de l'Euro 1999-2004)
· Les autres politiques économiques sont encore limitées.
La plus développée est la politique agricole commune (la P.A.C.)
créée en 1962 qui en garantissant un prix minimum et en subventionnant
les exportations, a permis à l'agriculture de se moderniser et de
devenir largement excédentaire.
· Il n'y a pas d'Europe sociale, les différences de salaire
et de législation sociale entre les Etats se maintiennent, ce dont
profitent les firmes multinationales en délocalisant dans les régions
européennes où la main d'oeuvre est la moins coûteuse.
Cela risque d'entraîner une révision à la baisse de
la protection sociale dans les Etats où les lois sociales sont les
plus avancées.
Avec 450 millions d'habitants en 2004, l'Union Européenne à
25 est la troisième communauté humaine du monde derrière
la Chine et l'Inde. Par leur niveau de vie élevé les habitants
de la U.E. représentent un marché très important.
la première puissance commerciale du monde. (p262)
(40% du commerce mondial, mais seulement 15% si l'on ne considère
que les seuls échanges extracommunautaires soit légèrement
plus que les Etats-Unis). Les Etats de l'U.E. commercent surtout entre eux
(62% de leurs échanges).
Les produits industriels dominent dans les exportations et les importations.
L'U.E. importe beaucoup de matières premières et de produits
énergétiques. La balance commerciale est excédentaire
avec les Etats-Unis et déficitaire avec le Japon.
Une grande industrie soumise à la concurrence (p264)
L'U.E. est un grand foyer industriel mondial, mais il n'y a pas de politique
industrielle commune. A part des accords ponctuels comme Airbus Industrie
ou Ariane Espace. l'action de l'U.E. se limite à favoriser la concurrence
entre Etats et firmes en abaissant les protections de tous ordres.
L'industrie de l'U.E. est dominée par de grandes entreprises multinationales,
qui par des fusions, des regroupements cherchent à accroître
leur puissance internationale.
La concurrence internationale a entraîné le profond déclin
des industries traditionnelles (textiles, sidérurgie, construction
navales). Pour l' industrie automobile et les industries de pointe exigeant
plus de savoir-faire, de technologie (aéronautique, électronique,
chimie fine), la concurrence du Japon et des Etats-Unis est la plus redoutable.
Mais au total le potentiel industriel de l'Union reste considérable.
la seconde puissance agricole du monde. (p266)
la P.A.C. a atteint, et au delà, ses objectifs : Les rendements
(production réalisée par unité de surface ou par tête
de bétail) et la productivité (production réalisée
par travailleur en un temps donné) sont souvent les meilleurs du
monde.
L' U.E. est le second exportateur mondial de produits agricoles derrière
les Etats-Unis. Mais, revers du succès, les excédents de la
production agricole devenus trop importants, ont imposé une réforme
de la Pac pour réduire la production (baisse des prix garantis, quotas
laitiers, gel des terres, incitation à une agriculture moins intensive).
Un rôle mondial incomplet (p272)
· L'U.E. a une politique d'aide aux Etats du monde les plus démunis.
La Convention de Lomé a établi des relations économiques
privilégiées avec de nombreux pays d'Afrique, des Caraïbes
et du Pacifique (pays A.C.P.). Même si l'aide reste très insuffisante,
la U.E. vient au premier rang mondial dans ce domaine.
· L' influence culturelle s'exprime, entre autres, par l'espace de
la « Francophonie », ou celui du « Commonwealth », ainsi
que par sa richesse universitaire, scientifique, technique et artistique.
· Mais l'U.E. n'a qu'un faible poids diplomatique. L'Union n'est pas
un Etat, mais une association d'Etats, conservant chacun leur gouvernement.
Leurs politiques sociale, culturelle, judiciaire restent très différentes.
Malgré les engagements de Maastricht, l'U.E. n'a pas de politique
étrangère, ni d'armée commune. Ne parlant pas d'une
seule voix, l'Union ne peut donc pas rivaliser avec les Etats-Unis sur la
scène diplomatique internationale. C'est, par exemple, l'OTAN sous
direction américaine qui conserve le rôle essentiel de défense
territoriale de l'Europe.
La construction de l'union politique est difficile entre ces Etats habitués
à leur souveraineté par une longue histoire.
L'Union européenne, une puissance incomplète.
Un analyse récente sur le plan de la politique étrangère.
Les complexes de l'"Europe-puissance"
extraits d'un article paru dans LE MONDE le 19.04.01
LES EUROPÉENS ont-ils la volonté politique d'agir ensemble
sur la scène internationale et d'équilibrer ainsi, au moins
dans certaines parties du monde, l'approche souvent univoque et manichéenne
de l'Amérique ? La réponse à cette question ne
va pas de soi, et l'expérience montre que les ambitions de quelques-uns
sont presque toujours minées par l'impuissance collective de l'Europe.
Raison de plus pour souligner que l'"exception macédonienne"
constitue un sursaut encourageant : elle montre que, lorsque les Quinze
sont d'accord sur l'objectif à atteindre, ils trouvent les moyens
de peser sur le cours des événements. Le haut représentant
pour la politique extérieure et de sécurité commune
(PESC), Javier Solana, a multiplié les voyages à Skopje pour
inciter les communautés slave et albanaise au dialogue politique,
et cette insistance semble se montrer féconde.
(...) Mais vérité d'un côté de la Méditerranée
ne se vérifie pas de l'autre : la présence de M. Solana
à la rencontre israélo-palestinienne de Charm el-Cheikh, en
octobre dernier, fut trop vite saluée comme l'affirmation de la diplomatie
européenne dans la région.
Or celle-ci est relative : Shimon Pérès, le ministre
israélien des affaires étrangères, a rappelé
sans ambages que "l'Europe n'est encore qu'un ensemble d'Etats,
et les moyens d'action des Européens sont différents de ceux
des Américains". Si, au Proche-Orient, les Quinze ont trop
souvent démontré qu'ils agissaient en ordre dispersé,
c'est faute de partager une même vision du devenir de la région.
Comme cette carence se vérifie dans bien des régions du monde,
il n'est pas étonnant que la politique étrangère de
l'Europe pâtisse d'un manque de crédibilité : des
bouts de consensus ici et là entre Européens ne sont pas suffisants
pour tisser une politique étrangère commune.
(...)
Le concept de "stratégies communes" de l'Europe
étant très largement un faux-semblant, la propension des Européens
à cultiver leurs divergences fait qu'ils annulent mutuellement leur
influence, laissant de facto une sorte de monopole de politique étrangère
aux Etats-Unis. "Vous avez de multiples instruments diplomatiques, résume
ce diplomate américain, mais vous oubliez qu'une politique étrangère
c'est d'abord une stratégie, et vous n'en avez pas. Pour vous, aboutir
à un consensus à quinze est plus important que le fait de
savoir si vous avez fait avancer la politique étrangère de
l'Europe. Ce n'est pas étonnant : pour avoir une politique étrangère
globale, il faut avoir une vision stratégique. Quelle sorte de partenaire
global voulez-vous devenir ?" Pour fondée qu'elle soit,
cette analyse américaine serait plus crédible si Washington
ne manifestait pas rapidement son irritation lorsque les Quinze font mine
de s'affirmer collectivement hors de sa " tutelle bienveillante":
si les Etats-Unis approuvent officiellement l'émergence de la défense
européenne, c'est à condition que celle-ci ne remette pas
en cause la prééminence de l'OTAN.
(...)
MANQUE D'INTÉGRATION POLITIQUE
(...) Face aux attributs indéniables de l'"Europe-puissance",
les Américains ne comprennent pas toujours les "complexes"
de l'Europe. Puissance commerciale, économique et industrielle pouvant
rivaliser avec les Etats-Unis, puissance monétaire avec l'avènement
de la monnaie unique, demain sans doute puissance militaire, que manque-t-il
aux Quinze ? La réponse va de soi : un projet politique
et une vision commune. Le talon d'Achille de l'Europe, c'est son manque
d'intégration politique. Or un projet politique, cela suppose des
priorités.
Dans ce domaine, les Quinze donnent à la fois le sentiment de se
disperser et de ne pas assumer leurs choix : la véritable "politique
étrangère" de l'Europe ne doit-elle pas se concentrer
en priorité sur l'avenir du continent, c'est-à-dire sur la
"Grande Europe" qui va naître de l'élargissement ?
(...)
L'un des visages de la diplomatie de l'Europe, ce sont 40 000 diplomates,
répartis en 1 500 missions à travers le monde. L'autre,
ce sont les vingt-six collaborateurs du haut représentant pour
la PESC. La comparaison suffit à montrer que la politique étrangère
"commune" de l'Europe est encore dans les limbes. Tant
que les Européens n'auront pas défini ce que devrait être
leur projet politique collectif, il est à craindre qu'elle le restera.