Élections en Turquie : un parti islamiste a la tête du pays.

Le raz-de-marée populaire qui a porté au pouvoir, dimanche 3 novembre, le Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, remodèle totalement le paysage politique turc en balayant 16 des 18 partis en lice pour ces législatives, dont les trois membres de la coalition sortante. Avec 363 des 550 sièges à la Grande Assemblée nationale et 34,22 % des voix, l'AKP a non seulement obtenu une majorité suffisante pour gouverner seul, mais il ne lui manque que quatre voix pour pouvoir modifier la Constitution. Le Parti républicain du peuple (CHP), social-démocrate, est la seule autre formation politique qui sera représentée à la Grande Assemblée. Malgré la présence de Kemal Dervis, ancien ministre de l'économie, parmi ses candidats, le parti fondé par Atatürk n'a obtenu que 19,41 % des voix et 178 sièges. Neuf députés indépendants prendront également leur place dans ce Parlement presque entièrement renouvelé.

45 % de l'électorat n'est pas représenté
Les résultats des élections turques du 3 novembre illustrent à la fois, selon des observateurs, les défaillances du système politique et électoral et les insuffisances de la démocratie. La barre de 10 % des voix nécessaires pour entrer à l'Assemblée nationale qui a été introduite pour limiter le nombre des partis et empêcher l'entrée de partis dits radicaux, c'est-à-dire kurdes, islamistes ou d'extrême gauche, exclut une part importante de l'électorat. Ainsi le parti pro-kurde Dehap, malgré un score impressionnant en Anatolie du Sud-Est, n'a réuni que 6,2 % des voix à l'échelon national, et ne sera donc pas représenté au Parlement. C'est aussi le cas de tous les électeurs qui ont voté pour les 16 partis qui n'ont pas obtenu 10 %. Au total, les votes de 45 % de l'électorat ne seront pas pris en compte. « Je m'attends à de nouvelles élections anticipées, car Erdogan* représente un noyau de crise », explique Eser Karakas, professeur de sciences économiques et doyen de l'université Bahçesehir. « Près de la moitié de l'électorat n'est pas représenté au Parlement, lequel manque donc de légitimité. »

extrait du journal "le Monde" 5 novembre 2002

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Recep Tayyip ERDOGAN, chef du AKP, qui vient de remporter les élections.


source L'Express 7/11/2002


Recep Tayyip ERDOGAN, chef du AKP et Abdullah GÜL n°2 du parti, futur premier ministre ?
© M.Sezer/AP-Sipa press

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