OCTOBRE (OKTIABR) (1928)

Réalisation et scénario SM EISENSTEIN



En collaboration avec Grigori ALEXANDROV
D'après le livre "Dix jours qui ébranlèrent le monde" de John REED

Directeur de la photographie Edouard TISSE
Décors Vladimir KOVRIGUINE
Production Sovkino
Distribution Audiphone

Durée de 73 à 138 minutes (selon les versions) (version présentée 100 minutes )
 
La distribution

Lénine (l'ouvrier) E. NIKANDROV
Kerenski Vladimir POPOV
Le ministre Terechtchenko Boris LIVANOV


Tourné pour le 10° anniversaire de la révolution d'Octobre
Film muet. Musique de Dimitri Chostakovitch
Consultez le dossier de votre livre d'Histoire sur "le cinéma engagé d'Eisenstein" pages 50 et 51


On peur dire qu'OCTOBRE est la première "superproduction" du cinéma soviétique. Des moyens considérables furent mis à la disposition d'Eisenstein, dont LE CUIRASSÉ POTEMKINE (1925) venait de connaître un triomphe, afin qu'il puisse terminer le film pour le dixième anniversaire de la Révolution d'Octobre. Des milliers de figurants, ouvriers, soldats, marins, participèrent au tournage de certaines scènes, telles la prise du Palais d'Hiver, l'intervention du croiseur "Aurore", la manifestation et la fusillade sur la perspective Nevsky. La pénurie d'électricité était telle que des quartiers entiers de Léningrad furent plongés dans l'obscurité pour permettre aux projecteurs d'éclairer les scènes de nuit. Malgré tous leurs efforts, Eisenstein et son équipe, qui avaient commencé le tournage le 13 avril 1927, alors qu'ils étaient en pleins préparatifs de LA LIGNE GÉNÉRALE (1928), ne purent achever le film dans les temps et furent battus, sur le poteau, par Poudovkine dont LA FIN DE SAINT-PÉTERSBOURC, également commandé pour le dixième anniversaire, fut présenté, devant Staline, lors des cérémonies commémoratives.
Le tournage simultané des deux films n'alla pas sans susciter de nombreuses difficultés comme le raconta Poudovkine : "Je bombardais le Palais d'Hiver depuis l'"Aurore" pendant qu'Eisenstein le bombardait depuis la forteresse de Pierre et Paul. Une nuit j'abattis une partie des balustrades du toit et fus atterré des conséquences possibles. Mais, heureusement, la même nuit, Serge Mikailovitch brisa deux cents vitres des appartements privés. "

Sur les quelque cinquante mille mètres de pellicule impressionnés, trois mille huit cents mètres constituèrent la première version du film, dont toutes les scènes où apparaissait Trotsky, qui venait d'être exclu du Parti Communiste et exilé, durent être coupées à la demande expresse de Staline. C'est une version de deux mille huit cents mètres qui fut donc présentée pour la première fois au public soviétique, qui l'accueillit assez mal, le 14 mars 1928. On put lire dans "Lef", la revue du poète Maiakovski, ami d'Eisenstein : "Eisenstein a eu tort de se prendre pour un génie et OCTOBRE est un échec. " C'est dans ce film que Lénine apparut pour la première fois à l'écran sous les traits, fort ressemblants, d'un acteur non professionnel, l'ouvrier Mkandrov.
Une partition originale d'Edmund Medsel avait été composée pour accompagner les images muettes du film. Lorsqu'il sortit en France en 1967, dans une version sonorisée, on utilisa des extraits de la musique de Chostakovitch.

(Cette fiche est issue de la série n°085 de la collection des fiches de monsieur Cinéma) (085/16)
http://www.mcinema.com


quelques images du film "Octobre"

Eisenstein " was next called upon by Sovkino, the Soviet film agency, to make a film for the tenth anniversary of the October Revolution. The film, October (also called Ten Days that Shook the World), included important experiments with what Eisenstein called "intellectual montage," or the use of metaphorical devices to elaborate filmically certain ideas. But much more important was that this film, a history of the 1917 revolution, was being made during the height of the fight against the bureaucracy by the Left Opposition. Eisenstein was instructed -- in the last stages of editing the film -- to summarily slice out of October many of the leading participants in the revolution, notably Leon Trotsky. This Stalinist falsification resulted in an estimated one-third of the film being cut. Eisenstein's long-time collaborator Alexandrov reports that late one night, during the last stages of editing the film, Stalin unexpectedly came by the studios and was shown certain sequences, including a speech by Lenin. Stalin ordered that sequence, Amounting to about 3,000 feet, to be cut, saying, "Lenin's liberalism is no longer valid today." extrait de "Eisenstein" by Martin Jukovsky (Published in the September 1978 issue of Labour Review)



Eisenstein lors du montage du film



autre film célèbre de S. Eisenstein réalisé pour le 20° anniversaire de la révolution de 19O5

"le cuirassé Potemkine" 1925

Un jugement sur la portée du film "le cuirassé Potemkine"

Le cinéma: un danger pour les masses ?

Vous insistez dans votre lettre sur ce fait que le film dont il s'agit (Le cuirassé Potemkine 1) a été examiné et a obtenu le visa de la Commission supérieure de censure, raison suffisante pour que le gouvernement prussien n'ait aucun motif de prononcer une interdiction.
( ... )
Il faut se représenter l'action du film sur une foule. On me rapporte de tous côtés que toutes les scènes qui font ressortir la brutalité des officiers provoquent des applaudissements frénétiques et que dans les quartiers ouvriers les spectateurs qui s'abstiennent d'applaudir sont roués de coups, jusqu'à ce qu'ils se lèvent et participent à ces démonstrations. Le film est le moyen de propagande le plus efficace dont on dispose actuellement. Il agit bien plus que des réunions ou des représentations théâtrales, car il s'adresse à des millions de spectateurs. Si en ce moment il n'y a pas de danger immédiat d'émeute, je me demande cependant si cette propagande effrénée, faite pour ébranler l'autorité nécessaire des officiers de la Schupo ou de la Reichswehr, ne pourrait avoir des suites funestes pour l'Etat.


Lettre de Stresemann (2) au président du Conseil de Prusse Braun (21 mai 1926)
(extrait de "Les papiers de Stresemann", t.2, Paris: Plon, 1932-1933.)

(1) Film soviétique de Sergue'i Mikhailovitch Eisenstein réalisé en 1925. Il relate la mutinerie des marins du cuirassé Potemkine, et le soutien de la population d'Odessa à cette révolte. Chargé de commémorer la Révolution de 1905, ce film devint le symbole de la révolution soviétique, et de manière plus large, de la révolution prolétarienne. Il eut un grand succès international et reste un classique du cinéma.
(2) Gustav Stresemann (1 878-1929), ministre des Affaires étrangères allemand de 1923 à 1929, défendit ardemment la réinsertion de l'Allemagne dans l'Europe et son entrée à la Société des Nations (en 1925). Il reçut le prix Nobel de la paix en 1926.



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