Sans surprise , l'année 2003 a été mauvaise pour
le tourisme mondial, affecté tout à la fois par le ralentissement
économique, par les événements géopolitiques
comme le conflit irakien ou par les problèmes sanitaires telle l'épidémie
de SRAS. Selon l'Organisation mondiale du tourisme, le nombre d'arrivées
de touristes, sur l'ensemble de la planète, aurait baissé
de 1 % entre 2003 et 2002.
La France n'échappe pas à cette tendance. Selon les chiffres
qui devaient être présentés mercredi 25 février,
lors du conseil des ministres, par le secrétaire d'Etat au tourisme,
Léon Bertrand, le pays a perdu, en 2003, 2 millions de touristes
étrangers, soit un recul de 2,6 % par rapport à 2002. Le tourisme,
dans la balance des paiements, reste très excédentaire (32,34
milliards d'euros), mais les recettes ont baissé de 5 %.
La France reste toujours, avec 75 millions de visiteurs, le premier pays
visité au monde, mais elle a été particulièrement
pénalisée par des événements domestiques, comme
la pollution des côtes après le naufrage du Prestige
ou la grève des intermittents, qui a entraîné l'annulation
de plusieurs festivals... La vigueur de l'euro par rapport au dollar n'a
fait qu'amplifier une situation déjà précaire.
Comme en 2002, les Américains ont en général boudé
l'Europe, et en particulier le territoire français (2,4 millions
de visiteurs, en baisse de 18,3 %). L'effritement de la valeur du billet
vert est la première explication de cette désaffection, qui
a pu être accentuée par la francophobie provoquée par
l'opposition française à l'intervention américaine
en Irak. Les touristes japonais se sont également faits rares (600
000 visiteurs, en retrait de 16,8 %), en raison, notamment, de la faiblesse
de leur monnaie et de l'épidémie de SRAS.
Tandis qu'en 2002 les baisses des clientèles américaines et
nippones avaient été compensées par une arrivée
plus forte de touristes européens, il n'en a rien été
en 2003. Les plus fidèles visiteurs restent toujours les Britanniques
et les Irlandais, mais ils sont moins nombreux (- 0,8 %, à 14,8 millions).
Sans changement dans le classement, les Allemands ont été
14 millions à venir, et les Néerlandais 12,5 millions.
Les Français, pour leur part, sont moins allés à l'étranger,
et leurs vacances sur le territoire national ont compensé une partie
du manque à gagner dû à la baisse de fréquentation
étrangère. M. Bertrand redoute que cette situation ne se prolonge
en 2004. Pour le secrétaire d'Etat au tourisme, il faut en conséquence
"s'inscrire dans une stratégie (...) qui soutienne
la compétitivité et l'attractivité de la destination
France". Un projet déjà initié par le comité
interministériel sur le tourisme (CIT) du mois de septembre 2003.
La préoccupation est apparemment grande : un nouveau CIT sur le sujet
devrait se tenir au printemps.
François Bostnavaron
article paru dans le journal "Le Monde" daté du 26
février 2004
consulter des sattistiques sur le tourisme en 2003