Rouen en ruines. Le 19 avril 1944, puis du 30 mai au 4 juin, en
prévision du débarquement du 6 juin les aviations anglaise
et américaine bombardent Rouen pour détruire les voies de
communications. © Roger Viollet
À minuit sept (O heure 7), le bruit des moteurs emplissant le ciel,
Sotteville fut illuminée par des fusées de couleur. Les Rouennais
qui, des hauteurs de Bois-guillaume ou du Mont Saint-Aignan, virent tomber
sur la rive gauche une pluie de bombes, penseront que les alliés
visaient la grande gare de triage. Mais, quelques minutes plus tard, des
fusées blanches projetèrent sur Rouen une lumière éblouissante.
Presque aussitôt les premières bombes éclatèrent.
L' alerte ne fut donnée qu'après ces explosions, probablement
parce que la Défense Passive avait pensé que la ville elle-même
ne serait pas menacée.
Suivirent cinquante minutes de terreur. Près de six mille bombes
furent jetées cette nuit-là sur la région, dont trois
cents sur la ville de Rouen. Trois escadrilles attaquèrent la cité,
suivant trois parcours parallèles. Chacune procéda par vagues
successives. Allumés par les fusées, des incendies éclatèrent
dans toute la ville. Sirènes, canons de la D.C.A., ronflement des
avions, bombes, cris des blessés, appels des pompiers, ce fût
une nuit infernale. Ceux qui la vécurent n'en ont conservé
que le souvenir d'un cauchemar. Toute la ville n'était alors que
flammes, décombres, cadavres.
Beaucoup d'habitants, qui s'étaient réfugiés dans les
caves, y avaient eté enterrés. Sous les maisons écroulées,
des femmes et des enfants étaient murés vivants.
André Maurois, Rouen dévasté, Nagel, 1948
Dresde, ville d'Allemagne orientale,
fut presque entièrement rasée dans la nuit du 13 au 14 février
1945, par l'un des plus grands bombardements aériens de la Seconde
Guerre mondiale.
N'offrant pas d'objectifs industriels majeurs, cette cité n'était
en réalité qu'un point stratégique de faible importance.
Elle abritait en revanche un nombre croissant d'hôpitaux civils et
de postes de secours militaires. Enfin, des milliers de réfugiés
venant du front soviétique s'y trouvaient rassemblés. Alors
que Dresde comptait avant la guerre 630 000 habitants, plus d'1 million
de civils, de réfugiés et de prisonniers de guerre s'y trouvaient
rassemblés début 1945. En rasant Dresde, les Alliés
cherchaient essentiellement à porter un coup mortel au moral de la
population civile au moment où le succès de l'invasion russe
ne faisait plus aucun doute. L'attaque de Dresde pouvait peut-être
aussi impressionner le gouvernement soviétique. Une première
vague de bombardiers de la Royal Air Force largua sur la ville une forte
quantité de bombes incendiaires. La seconde vague d'attaque lâcha
des centaines de bombes explosives de 2 à 4 t pour démolir
les habitations, puis des bombes incendiaires. Le 14, un 3ème raid
eut lieu, mené par 450 « forteresses volantes >,.américaines
. Le gigantesque incendie provoqué par les trois attaques successives
ne put être maîtrisé avant plusieurs jours. Les dégats
matériels étaient effrayants (75 % de la cité anéantis).
Et surtout 135 000 morts étaient dénombrés.