Moins anecdotiques, les détails du calendrier
et des stratégies militaires commencent
à se préciser, sans quil soit possible de toujours
distinguer le plausible de la manipulation.
En tout cas, Américains et Britanniques,
qui testent tous les jours les défenses aériennes
irakiennes dans les zones dexclusion, préparent
une vaste campagne de bombardement
et lannoncent plus efficace et rapide
quen 1991. Ils comptent pour cela sur les progrès
réalisés depuis une décennie dans la précision
des munitions « intelligentes ».
Des milliers de missiles de croisière et des
bombardements incessants « devraient totalement
annihiler les forces irakiennes en un
mois », selon un officier britannique cité par
lagence Reuters. Certains imaginent même
que lintensité des bombardements suffira à
mettre à terre le régime de Saddam Hussein.
Il sagit manifestement du scénario de Paul
Wolfowitz, le secrétaire dEtat adjoint à la
défense. Il décrivait, il y a deux semaines, le
régime irakien comme « fragile, oppressif,
impopulaire
On peut le casser facilement ».
Selon lanalyste militaire américain John
Pike, une force blindée comprenant des chars
Abrams, comme celle qui a réalisé les manuvres
au Koweït, protégée par laviation et les
hélicoptères « pourrait être dans la banlieue
de
Bagdad à la fin du deuxième jour de loffensive ».
Lautre hypothèse fréquemment évoquée est
celle dun débarquement, afin notamment doccuper
rapidement la ville de Bassorah et ses
deux aéroports. Une opération amphibie réussie
permettrait de réduire considérablement le
risque dutilisation par Bagdad darmes chimiques
ou biologiques sur des concentrations de
troupes avançant dans le désert.
Accréditant la thèse dune attaque possible
à partir de février, une flotte britannique comprenant
un porte-avions appareillera au plus
tard pour le Golfe dans la deuxième semaine
de janvier. Elle comprendra plusieurs milliers
dhommes des Royal Marines. « Les Américains
nous ont demandé ces troupes, nous les
leur envoyons », a déclaré laconiquement un
officiel du ministère de la défense.
Eric Leser (Le Monde édition du 24 décembre 2002)
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