Les États-Unis et la crise économique mondiale (1919 - 1941)

L'économie mondiale reste dominée par les pays industrialisés. Entre 1926 et 1929 : E-U + Allemagne + France + R.U. + Italie + Japon produisent 75% de la production industrielle mondiale (P.I.M).En 1928, à eux seuls, les États-Unis réalisent 42% de la P.I.M. et l'ensemble de l' Europe 45%.
La première guerre mondiale a fait perdre à l'Europe une part de sa prépondérance au profit des États-Unis. Les Etats-Unis vont connaître pendant les années vingt un forte croissance économique. Mais, frappé par la crise à partir de 1929, ils s'enfonceront pendant les années trente dans une terrible dépression où ils entraîneront le restant de monde capitaliste .

I. La prospérité des années vingt aux États-Unis

population des États-Unis en192O :106 millions; en 193O 123 millions.

A. Une seconde révolution industrielle.

· Commencée dès la fin du XIX° siècle, la seconde révolution industrielle a été stimulée par la guerre et elle s'épanouit dans les années vingt aux États-Unis, mais aussi, bien que dans une moindre mesure, dans les États européens déjà industrialisés.
· La seconde révolution industrielle est caractérisée par de nouvelles techniques de production :
1° la Taylorisation, c'est à dire l'organisation scientifique du travail par la suppression des gestes inutiles et l'utilisation rationnelle de l'outillage . (c'est le travail à la chaîne ). Cela permet une augmentation considérable de la production (quantité totale produite) et de la productivité (quantité produite par temps de travail).(de 1919 à 1929 + 72% en moyenne)
2° la Standardisation c'est à dire produire en grande quantité des modèles identiques . Cela permet une importante baisse des coûts de production et permet de vendre davantage. Par exemple 18 millions de voitures "Ford T" sont vendues entre 19O8 et 1927. Automobile standardisée, "le client ne peut choisir que la couleur... à condition qu'elle soit noire.", ironisait Henry Ford,

document 1
L'uniformité de la standardisation :

"Les 9/1O° des villes américaines st si semblables que c'est un ennui mortel d'aller de l'une à l'autre. A l'ouest de Pittsburgh, et parfois à l'est, c'est toujours le même chantier de bois, la même station de chemin de fer, le même garage Ford, la même crémerie, les mêmes maisons en forme de boîtes, les mêmes boutiques à deux étages. Plus prétentieuses, les nouvelles demeures témoignent de la même similitude dans leur recherche de diversité: mêmes bugalows, mêmes bâtisses carrées de stuc, mêmes briques à aspect de tapisserie. Les boutiques étalent les mêmes produits nationaux standardisés, recommandés par une réclame standardisée."

Sinclair Lewis "Main Street" 1920

· De nouvelles productions changent les conditions de vie : la plus spectaculaire est le grand développement de la construction automobile.

Document 2
L'automobile aux États-Unis

en 1929 aux E-U, 5 millions de véhicules sont produits, et 26 millions sont en circulation .

en 1929 nombre de voitures par habitant
E-U : 1 voiture pour 6 habitants aux E-U
France : 1 pour 44
Allemagne : 1 pour 196
Chine : 1 pour 29000

L'exploitation du pétrole en est stimulée. (mais la houille (le charbon) assure encore 75% de l'énergie utilisée en 193O) L'électricité voit son emploi se généraliser : éclairage des villes, électroménager, radio , cinéma . Développement aussi de l'aéronautique et de l'aluminium ainsi que de l'industrie chimique .
· La consommation s'élargit par la hausse des revenus et grâce à l'essor du crédit à la consommation .


· La société américaine est dorénavant à majorité urbaine et elle aspire au confort et à la recherche du plaisir.

B. Les républicains au pouvoir.


· libéralisme total.
Jusqu'en 1932, des républicains se succèdent à la présidence des États-Unis. Ils abandonnent le dirigisme économique mis en place par wilson pendant la guerre et ils favorisent un retour à un libéralisme total. Le gouvernement se limitant à l'administration, laisse le champ libre aux milieux d'affaires : c'est le gouvernement du "big business ". ("les affaires de l'Amérique c'est de faire des affaires" disait le président C. Coolidge)
La prospérité qui s'amorce dès 1922 semble leur donner raison.

· Les républicains laissent se développer une violente réaction puritaine antisociale et xénophobe.
- Les lois des quotas limitent l'immigration des Italiens et des Slaves . Les asiatiques sont refoulés.
La peur des "rouges" entraîne des violences policières contre les militants politiques et syndicaux.
- Les violence racistes se multiplient surtout contre les noirs (le Ku Klux Klan)
- Au nom de la morale la prohibition de l'alcool est décidée.
- Au plan extérieur, alors que le rôle mondial de l'économie américaine s'affirme, les États-Unis reviennent à la politique isolationniste d'avant-guerre. (les lois de neutralité de1935-1937 et la loi "cash and carry" en 1939)

C. Les limites de la prospérité.


· Mais les fruits de la croissance sont très mal partagés et les inégalités sociales s'accroissent. D'une façon générale, entre 1919 et 1929, les salaires augmentent moins vite (+17%) que les profits (+67%)et la production (+35%). De leur coté les agriculteurs (encore près de 3O% des actifs) sont victimes dans les années vingt d'une importante baisse des prix agricoles. Les noirs, les "petits blancs" et les nouveaux immigrés restent pauvres et mal intégrés . Ainsi beaucoup d'Américains restent à l'écart de la consommation de masse.

· Aussi dès 1927 des signes de mévente apparaissent. Une part grandissante des profits s'orientent vers la spéculation boursière ce qui provoque une hausse rapide et malsaine du cours des actions à la bourse de New-York....

consultez un schéma explicatif

II. La crise économique américaine et sa propagation.

1. la crise boursière.

le jeudi 24 octobre 1929 des masses de titres sont proposées à la vente à la bourse de New-York, Wall Street. Elles ne trouvent pas d'acheteurs. Les cours s'effondrent, c'est le Krach . Les banques engagées dans la spéculation doivent faire face à des demandes massives de remboursement des dépôts, certaines font faillite les autres ne font plus de crédit cela généralise la crise à l'ensemble de l'économie américaine : c'est le début de la grande dépression des années trente.

consultez un schéma explicatif

2. la propagation de la crise américaine au restant du monde.

La production et la consommation des États-Unis baissent fortement ce qui entraîne une diminution des importations. Les autres pays du monde sont ainsi frappés par la baisse de leurs exportations vers les États-Unis. consultez un schéma explicatif
En 1931 les États-Unis retirent leurs capitaux investis en Europe, cela provoque l'effondrement des économies d'Europe centrale (Autriche et Allemagne surtout) : 11 mars 31 faillite de l'Osterreichische Kredit Anstalt de Vienne. 12 juillet faillite de la Danat Bank en Allemagne,
puis la dévaluation de la livre Sterling en septembre 1931 entraîne des dévaluation en chaîne (commonwealth, Scandinavie, Portugal, Egypte , Amérique latine) et l'abandon du libre échange par l'Angleterre.

3. Les caractères de la grande dépression

c'est la dépression la plus profonde de l'économie capitaliste.:
- baisse de la production industrielle d'environ 4O%.
- baisse des prix (3O% pour les produits industriels, 5O% pour les matières premières et les produits agricoles)
- forte diminution du commerce international (baisse de près des 2/3).
- développement impressionnant du chômage et de la misère .

III. La lutte contre la crise

A. Aux États-Unis: le New Deal


- le républicain Hoover au nom du libéralisme refuse d'intervenir contre le chômage , la baisse des revenus , et la misère.
Il est largement battu aux élections de novembre 1932 par le candidat démocrate Franklin Roosevelt .


Franklin D. Roosevelt 1934 (cliché NYTarchives)

LA POLITIQUE DE ROOSEVELT
- Pour Roosevelt, l'une des causes de la crise est la mauvaise répartition des revenus .
Il faut selon lui une "nouvelle donne", un "New Deal" pour repartir. Il va improviser en 3 mois une politique résolument interventionniste (ou dirigiste ) pour "relancer" l'économie américaine pour "réamorcer la pompe" disait-il.

· L'État finance de grands travaux. Exemple l'aménagement de la vallée du Tennessee. Il verse subventions et indemnités aux agriculteurs. Il organise des secours pour les chômeurs et réforme la condition ouvrière, semaine de 35 heures, salaire minimum de 35 cents de l'heure. Il incite les industriels à limiter la concurrence (National Industrial Recovery Act ou N.I.R.A. et l'Aigle bleu).

· Le déficit budgétaire et la dévaluation du dollar vont permettre de financer ces dépenses.
La dévaluation est en même temps une mesure protectionniste car : 1. Les produits des États-Unis deviennent moins chers à l'étranger ce qui facilite les exportations américaines. 2. Les produits étrangers deviennent plus chers pour les Américains ce qui les élimine du marché intérieur des États-Unis.

- Les RESULTATS: une nette amélioration, mais la crise n'est pas complètement résorbée en 1939.

B. Ailleurs, déflation, autarcie ou relance.


- Partout des mesures protectionnistes ce qui aggrave la baisse du commerce international

- La politique de déflation: cherche à restaurer le profit par la baisse des coûts de production et des salaires, la baisse des dépenses publiques. C'est un échec partout, car cela ne fait que diminuer encore la consommation.

- Les États de dictature s'orientent vers l'autarcie et la guerre .

- Les politiques de relance , type New Deal, dont la théorie est élaborée par John Meynard Keynes , sont parfois appliquées mais trop timidement pour avoir des effets (exemple: voir la France du Front populaire)

Conclusion

la grande dépression a remis à nu toutes les contradictions et les conflits masqués par la prospérité des années vingt.
- le libéralisme est remis en cause et le dirigisme économique de l'État s'impose partout.
- La dépression avive les conflits sociaux . La dureté de la vie accroît l'audience des partis extrêmes qui remettent en cause le capitalisme. Le désarroi des populations permet l'arrivée au pouvoir de dictatures d'extrême droite comme en Allemagne.
- les égoïsmes économiques nationaux débouchent sur de nouvelles tensions internationales: les pays de dictature fasciste vont chercher dans la guerre la solution à leurs difficultés intérieures.

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