Les causes de l'intervention militaire massive des États-Unis
:
Texte de la commission des synthèses nationales de la CIA (9 juin
1964)
"La perte du Sud-Vietnam et du Laos au profit des communistes détériorerait
gravement la position américaine en Extrême-Orient, tout spécialement
parce que les Etats-Unis se sont engagés depuis longtemps, énergiquement
et publiquement, à empêcher une prise de pouvoir communiste
dans ces deux pays. L'échec ici serait dommageable au prestige américain
et saperait sérieusement la crédibilité de la volonté
et de la capacité des Etats-Unis à contenir l'expansion du
communisme ailleurs dans la région. Nos ennemis seraient encouragés,
et on verrait croître dans d'autres Etats la tendance à s'orienter
vers un accommodement plus marqué avec les communistes."
(...)
"Outre la joie immédiate du Nord-Vietnam d'avoir accompli ses
objectifs nationaux, l'effet principal concernerait la Chine communiste,
à la fois en stimulant sa confiance en soi déjà remarquable
et en augmentant son prestige en tant que leader du communisme mondial.
Pékin a déjà commencé à présenter
dans sa propagande le Sud-Vietnam comme une preuve de ses thèses
- le monde sous-développé est mûr pour la révolution,
les Etats-Unis sont un tigre de de papier et une insurrection locale peut
être menée jusqu'à la victoire sans trop de risques
de précipiter une guerre internationale majeure. L'issue au Sud-Vietnam
et au Laos soutiendrait de façon tout à fait manifeste les
conseils tactiques agressifs de Pékin en ce qu'ils s'opposent aux
positions plus prudentes de l'URSS. Jusqu'à un certain point, ce
phénomène tendra à encourager et à renforcer
les mouvements révolutionnaires plus militants dans diverses régions
du monde sous-développé."
Robert McNAMARA*, "Avec le recul. La tragédie du Vietnam
et ses leçons" 1996
*McNamara , secrétaire à la défense de 1961
à 1968 sous les présidents Kennedy et Johnson