Ben Bella (né en 1916).
Ahmed Ben Bella est fils de paysan. Engagé dans l'armée française,
il s'illustre pendant la Seconde Guerre mondiale où il est médaillé
à titre militaire. Après 1945, il milite dans les mouvements
indépendantistes algériens et s'illustre par des coups de
main qui lui valent d'être condamné par les autorités
françaises. Il s'évade et se réfugie au Caire. Il est
un des neuf chefs qui fondent le F.L.N. et décident l'insurrection
algérienne, en novembre 1954. En 1956, son avion est intercepté
et il est interné en France. Mais son prestige est tel qu'il influe
sur les négociations de paix.
Après les accords d'Evian (1962), il devient le chef du gouvernement,
puis le président de la République algérîenne.
Il nationalise les terres et engage son pays dans la voie du socialisme.
Il est au sommet de sa popularité, lorsqu'un coup d'État l'écarte
du pouvoir en 1965. Il est longtemps détenu dans un lieu secret et
rentre enfin d'exil en 1990.
(in V. Zanghellini et alliés. Belin 1993)
La guerre d'Algérie (1954 - 1962)
pages 124-125 et 282-283
Pourquoi les Algériens, habitants de la colonie la plus intimement
liée à la France depuis 13O ans, ont-ils, au prix d'une longue
guerre, voulu devenir indépendants ? Pourquoi les Français
n'ont-ils pas su préserver l'avenir du million d'entre-eux vivant,
souvent depuis plusieurs générations, sur le sol algérien
?
Les origines de la guerre.
Colonisée par la France à partir de 183O, l'Algérie,
en l954, est considérée par les Français comme un prolongement
de la France au delà de la Méditerranée. Elle est alors
constituée de trois départements (Oran, Alger et Constantine).
Mais la société algérienne est bien différente
de la société de la métropole. Parmi les 9 500 000
habitants en 1954, on distingue deux ensembles séparés:
# Les musulmans, la population autochtone, constituent près de 9O%
de la population totale. Avec une forte fécondité ils sont
en accroissement démographique rapide. La plupart sont des ruraux,
exploitant les terres les plus pauvres ou travaillant comme ouvriers agricoles
dans les exploitations européennes. Beaucoup connaissent le chômage
ou la misère. Moins de 20% de leurs enfants sont scolarisés.
Les musulmans sont tenus à l'écart des responsabilités
et n'ont pas de véritables droits politiques.
# A leur cotés vivent un million de colons européens . (les
pieds-noirs). La plupart habitent en ville. Mais leur niveau de vie est
très modeste par rapport à celui de la métropole. Au
sommet de cette société européenne quelques "gros
colons" souvent grands propriétaires terriens. Ces derniers
contrôlent les circuits économiques et font l'opinion. Les
Européens, pour la plupart conservateurs, sont opposés à
toute réforme qui donnerait l'égalité des droits aux
Musulmans.
Ainsi la situation politique est bloquée. Des organisations nationalistes
algériennes se sont constituées dans les années trente.
Depuis le soulèvement anti-européen de Sétif le 8 mai
1945, elles sont interdites et réprimées. Mais le refus de
toute réforme politique réelle va pousser leurs militants
à radicaliser leurs positions.
La guerre
Une insurrection éclate le 1er novembre 1954. Elle est le fait
de militants nationalistes regroupés dans un Front de Libération
Nationale (le F.L.N.).
Le gouvernement
français réagit par la guerre et l'envoi de l'armée
(y compris rapidement le contingent). L'armée doit entreprendre une
difficile "pacification" et quadriller le pays pour écraser
les rebelles. Ces derniers trouvent souvent appui auprès des populations
civiles musulmanes. Inexorablement les violences de la guerre (assassinats
aveugles d'un coté, répression et tortures de l'autre) créent
un fossé de haine de part et d'autre.
En 1958, des rumeurs de négociations inquiètent les Européens.
Pour eux l' Algérie doit rester française. Ils se soulèvent
le 13 mai à Alger . L'armée d'Algérie se rebelle à
leur coté et son chef le général Salan, sous la menace
d'une invasion militaire, impose au pouvoir républicain de Paris
l'appel à de Gaulle . La IV° république s'effondre. De
Gaulle au pouvoir, continue la guerre, et l'armée française
réduit les forces armées du F.L.N., qui doivent se réfugier
au Maroc et en Tunisie. Mais si la guerre est militairement gagnée,
politiquement, elle est perdue, car les masses musulmanes sont passées
peu à peu du coté du F.L.N. Au plan international, la France
est isolée et sa politique coloniale est dénoncée.
Aussi de Gaulle modifie-t-il progressivement sa politique. D'abord favorable,
comme les Européens, à une forme d'Algérie française,
il est amené par l'échec de réformes trop tardives
à accepter une complète indépendance de l'Algérie.
Cette évolution provoque une nouvelle mutinerie d'une partie des
chefs de l'armée. (Avril
1961, le putsch des généraux et son échec) qui
en liaison avec les extrémistes européens (les "ultras")
de l'Algérie française constituent l'organisation terroriste
O.A.S. L'O.A.S. multiplie violences , destructions et assassinats. Ces exactions
ruinent les dernières chances de réconciliation entre les
deux communautés.
Les négociations entre la France et le F.L.N. aboutissent en mars
1962 aux accords d'Évian. Ils permettent un cessez-le-feu et l'organisation
d'un référendum sur l'idée d'indépendance. Pour
l'empêcher, l'O.A.S. multiplie les violences contre les musulmans
visant à entraîner une rupture des accords et une reprise des
combats. Après cette politique suicidaire, les pieds-noirs n'ayant
plus alors que le choix entre "la valise ou le cercueil", fuient
massivement le pays. L'indépendance complète de l'Algérie
sort du référendum le 3 juillet 1962.
Pour arriver à ce résultat : huit ans de guerre, autour de
500.000 morts du côté musulman et près de 32.000 du
côté français (dont 28 500 soldats).