Mesdames, Messieurs,
La démocratie repose sur l'exercice du libre choix des citoyens
pour élire leurs responsables politiques. Ce droit de choisir s'exprime
à travers le droit de vote, droit essentiel de l'individu en tant
que détenteur d'une fraction de la souveraineté nationale.
Ce principe constitutionnel a été consacré il y a plus
de deux siècles dans la Constitution du 24 juin 1793. Mais il
fallut attendre le 23 avril 1848 pour que soit instauré le suffrage
universel.
Depuis plusieurs années, à chaque scrutin, il apparaît
que le nombre des abstentionnistes ne cesse de croître. Les citoyens
n'exercent plus ce droit fondamental. Ils ne remplissent plus le devoir
civique qui leur incombe 63,1 % d'abstention lors du référendum
sur la Nouvelle-Calédonie en 1988, plus de 30 à chaque élection
législative depuis cette même année, 53,25 % aux
élections européennes de juin 1999 et 69,3 %
au référendum du 24 septembre 2000 relatif au quinquennat.
En outre, aux élections présidentielles de 1995 et de 2002,
le vote blanc et nul approche les deux millions de suffrages. A l'élection
législative de 1997, au second tour il atteint le record de 6,32 %.
A celle de juin 2002, il a été de 4,33 %. Enfin
aux élections européennes de 1999, les votes blancs se
situent toujours à un niveau très élevé :
5,93 % des votants et 2,8 % des inscrits.
A cette manifestation de désintérêt évident pour
la chose publique, d'hostilité très forte à l'encontre
des femmes et des hommes politiques et d'indifférence à l'égard
de la vie démocratique s'ajoute la montée des attitudes contestataires.
Car quand nos concitoyens décident de voter ils ne trouvent plus
d'autre voie que celle du vote extrémiste pour exprimer leur mécontentement
face aux choix proposés.
Ce double phénomène met gravement en péril la démocratie
tout entière car il amène à douter de la légitimité
des élus. Voter est non seulement un droit mais un devoir civique.
La loi a pour obligation de permettre à chacun d'exprimer son choix.
Or, certaines règles qui régissent le droit de vote sont aujourd'hui
inadaptées. Deux peuvent être citées. La première
est inscrite dans l'article 30 du décret du 2 février
1852, reprise dans la loi du 29 juillet 1913 devenue l'article L. 66
du code électoral. Elle reconnaît l'existence du vote blanc
sans pour autant lui donner une quelconque valeur juridique. Il ne se distingue
pas en ce sens ni du vote nul, ni de l'abstention. La seconde porte sur
l'absence de reconnaissance du vote obligatoire.
Le vote blanc est le fait pour un électeur d'accomplir son devoir
civique en participant au scrutin mais de refuser d'opérer un
choix entre les options qui lui sont proposées ou les candidats en
lice. Soit parce qu'il n'a pas d'opinion définitivement arrêtée
sur la question posée, soit parce qu'il désire exprimer son
insatisfaction face aux alternatives qui lui sont soumises. Le vote blanc
est donc un acte positif qui apparaît comme un mode normal d'expression.
En ce sens, l'électeur qui vote blanc n'est pas un abstentionniste
car il fait l'effort de se déplacer aux urnes. Mais en l'absence
de valeur juridique, il ne voit pas son geste pris en considération.
(...)
Article 1er
Après l'article L. 2 du code électoral, il est inséré
un article L. 3 ainsi rédigé :
«Art. L. 3. - Le vote est obligatoire pour tous les Français
répondant aux conditions visées à l'article L. 2
du présent code.
«Tout électeur qui n'aura pas pris part aux opérations
électorales tendant à l'élection du Président
de la République, des députés, conseillers municipaux,
régionaux ou généraux, des représentants au
Parlement européen ou aux différentes consultations par
voie de référendum sans motif reconnu trois fois dans un délai
de cinq ans est radié des listes électorales pour une période
de cinq années.»
Article 2
Après le premier alinéa de l'article L. 58 du code
électoral, il est inséré un alinéa ainsi rédigé
«Sur cette même table, le maire met à la disposition
des électeurs des bulletins blancs de format identique aux bulletins
des candidats pendant toute la durée du scrutin.»
Article 3
L'article L. 65 du même code est complété
par un alinéa ainsi rédigé :
«Les bulletins blancs sont décomptés distinctement et
entrent en compte pour la détermination des suffrages exprimés.»
(...)
486 - Proposition de loi de M. Dominique Paillé sur la reconnaissance
du vote blanc comme suffrage exprimé
------------------------------------------------------------------------
retour sommaire
éducation civique
retour page d'accueil