Sujet du devoir individuel pour l'académie de Paris :
« A partir de l'étude de monuments et plaques commémoratives
de Paris, dégagez ce qui vous semble caractériser les actions
de la Résistance face à l'occupation et aux persécutions
perpétrées de 1940 à 1945.
Dites la leçon de morale civique que vous en tirez. »
Lise M. classe de 3ème D. année 1998-1999
Premier prix départemental et national
En France, il y a plusieurs dizaines de milliers de plaques, stèles,
monuments à la mémoire des héros de la Seconde Guerre
mondiale, des militaires mais aussi des personnes civiles qui ont combattu
pour que la France vive libre. La présence de plaques n'est pas seulement
une matérialisation du souvenir mais aussi un message pour la société
qui doit tant à ces héros.
Les plaques illustrent la grande diversité des hommes et des femmes
résistants : origine sociale, profession, âge, nationalité,
opinion politique ... Par exemple, entre Jean Arthus qui avait 15 ans quand
il a été fusillé et l'abbé Hénocque qui
en avait 73 à la même époque, Danielle Casanova, communiste,
et Marie--Madeleine Fourcade, de droite et mme d'extrême--droite,
l'avocat Léon-Maurice Nordmann et le Père Chenault, le groupe
Manouchian composé d'étrangers et le journaliste Pierre Brossolette...
Avant de faire ce concours, je passais regulièrement place de l'abbé
Hénocque ou devant la plaque d'Yvonne Chevallier sans vraiment réfléchir
à l'importance de leurs actes. Mais néanmoins, ce premier
aperçu est infiniment mieux que si la connaissance de leurs actes
était seulement réservée aux spécialistes, Cela
permet aux passants d'avoir une idée des actions des résistants.
Aujourd'hui encore, on continue à honorer la
mmémoire de ceux qui résistèrent à l'occupation,
par exemple par l'inauguration d'une plaque à la mémoire du
groupe Manouchian dans le 20e arrondissement ou celle du Mémorial
de Caen, ces dernières annèes, qui constitue une ambition
bien sûr beaucoup plus large.
Pour poser une plaque à la mémoire de quelqu'un, il faut que
la personne soit morte. Ainsi, on n'a pas encore pu honorer la mémoire
de certains résistants encore vivants ou morts récemment,
comme Jean-Pierre Bloch.
Dans 1'étude de toutes ces plaques, stèles, monuments, on
peut se poser une question : pourquoi ces hommes et ces femmes se sont-ils
engagés dans la Résistance et ont-ils ainsi risqué
leur vie ?
L'armistice n'avait pas été suivi de la paix, mais d'une occupation
totale du territoire français. Les Allemands contrôlaient tout,
raflaient les magasins et les marchés et privaient les Français
de leurs récoltes. Les Français étaient plongés
dans la famine, la misère et l'incertitude du lendemain.
Le régime de Vichy n'était guère plus glorieux, puisqu'il
se lança dans la collaboration, anticipant même les désirs
des Allemands. Pétain le « sauveur de la France » prône
un retour aux valeurs traditionnelles, exprimées dans la devise «
Travail, famille, patrie » et par la Révolution
nationale. L'Etat instaure un Statut des Juifs, puis accepte leur déportation
par des rafles comme celle du Vélodrome d'Hiver le 16 juillet 1942.
Contre ces actes honteux, une voix se 1ève : le Général
de Gaulle demande aux Français de continuer a se battre, par l'appel
du 18 juin 1940. Des Français vont alors le rejoindre en Angleterre.
Plus tard, Jean Moulin unifiera la Résistance par la création
du C.N.R. (Conseil national de la résistance).
Des Français ont compris qu'il était de leur devoir et même
de leur intérêt de résister à l'ennemi, pour
que la France vive libre, mais aussi pour que les Français retrouvent
leur dignité d'hommes et de femmes.
Parmi ces héros, un exemple m'a particulirement frappée :
Pierre Benoit. Né en 1925, il avait donc 14 ans lors du commencement
de la guerre. Il est en seconde au lycée Buffon dans l'année
scolaire 1940-1941. Son père est un officier de police judiciaire
et sa mère directrice d'école maternelle. Scolairement, Pierre
est capable, mais il néglige ce qui ne l'intéresse pas. Il
aime la peinture et la littérature, et est attiré par la politique
d'extrême-gauche. Avec quatre camarades du lycée Buffon, Jean
Arthus, Jacques Baudry, Pierre Grelot et Lucien Legros, ils commencent à
distribuer des tracts et ramasser des armes. Après l'arrestation
du professeur Burgard, résistant fervent, ils organisent une manifestation
de protestation pendant la récréation, a la rentrée
d'avril 1941. Recherchés par la police, ils doivent quitter le lycée
et leur famille et entrer directement dans la Résistance clandestine.
Ils multiplient leurs actions : attentats...
Arthus, Baudry, Grelot et Legros sont arrêtés en juin 1942.
Ils sont condamnés aux travaux forcés. Pierre Benoit, lui,
est condamné a mort par contumace. Seul, il redouble d'activité.
Nommé responsable d'un groupe F.T.P. sous le nom de « l'étudiant
», il s'installe dans la forêt de Fontainebleau d'où
il organise sabotages et attentats contre les Allemands.
Pierre Benoit est arrêté en août par la police française
à la gare Saint-Lazare, et livré aux Allemands. Il rejoint
ses amis à la prison de la Santé . Ils sont fusillés
le 8 fvrier 1943 au champ de tir d'Issy-les-Moulineaux, en chantant.
Une rue du 13e arrondissement porte le nom de « rue des Cinq Martyrs
du lycée Buffon » en leur mémoire. Une plaque dans le
lycée Buffon honore également leur mémoire. Elle porte
ces inscriptions :
« A la mémoire des Lycéens Résistants
fusillés le 8 février 1943
Jean Arthus 15 ans
Jacques Baudry 18 ans
Pierre Benoit 15 ans
Pierre Grelot
LucienPierre Grelot 17 ans
Lucien Legros 16 ans »
Un autre exemple de courage et de dignité Georges Dudach, né
en 1914. Sportif, employé de banque puis étudiant et enfin
journaliste, il a partout une activité militante incessante. Il est
membre du Comité des Jeunesses communistes,
Mobilisé, il est envoyé au Sahara, puis démobilise,
il s'occupe de la Résistance dans les milieux étudiants, artistiques
et littéraires. Il est l'un des organisateurs du Front national des
écrivains. Arrêté, il sera fusillé au Mont-Valérien
le 23 mai 1942.
Une plaque dans le 13e arrondissement, au square Albin-Chesnot, porte ces
mots :
« Ici habitait
Georges Dudach
patriote
fusillé au Mont-Valérien
le 23 mai 1942
à l' âge de 27 ans »
Une autre plaque à la mémoire de Célestino Alfonso,
qui faisait partie du groupe Manouchian, au 16 rue de Tolbiac, honore sa
mémoire :
« A Célestino Alfonso
F.T.P.F.
fusillé par les Allemands
le 22 février 1944
à l' age de 27 ans »
Il existe encore d'innombrables plaques posées un peu partout dans
les rues de Paris. Il faut continuer à se rappeler ces combattants
de l'ombre, non seulement parce qu'on leur doit tant, mais aussi pour que
les Français n'aient plus jamais à payer le sacrifice de leur
vie pour que la France devienne libre.
Ces résistants ont joué un rôle très important
dans la défaite nazie et la libération de notre pays, en faisant
parfois des gestes anodins mais aussi de plus d'importance comme aider les
alliés en leur fournissant des renseignements, saboter les trains
allemands, commettre des attentats contre l'ennemi...
Toutes ces actions montrent une forme de courage, de civisme et de patriotisme
sans borne, c'est pourquoi il faudra toujours s'en souvenir.
Les résistants ont aussi contribué, à la libération,
a augmenter les niveaux de vie selon les projets du C.N.R. (vote des femmes,
sécurité sociale, ... ).
Souvenons-nous éternellement de ces exemples de dignité exceptionnelle.
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