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Le Chant des marais ou "Die Moorsoldaten"

Texte : Johann Esser/Wolfgang Langhoff
Musique :Rudi Goguel
Détenus au camp de concentration de Börgermoor. Ce camp ouvert le 20 juin 1933 en Frise occidentale (Nord-Ouest de l'Allemagne près de la frontière néerlandaise) « fonctionna » jusqu'en 1945

Le chant des marais est connu comme étant l'hymne des déportés, oeuvre collective écrite en 1933, elle symbolise la résistance par delà la souffrance, l'espoir et la dignité malgré l'avilissement et les tortures. Né de la boue dans laquelle le régime fasciste et totalitaire nazi voulait engloutir les hommes, il a été chanté dans tous les camps de concentration à travers l'Europe.


Die Moorsoldaten

écouter "Die Moorsoldaten" en allemand

Das Lied entstand im Sommer 1933 im KZ
Papenburg im Börgermoor in Ostfriesland.

Wohin auch das Auge blicket,
Moor und Heide nur ringsum.
Vogelsang uns nicht erquicket,
Eichen stehen kahl und krumm.

Refrain

Wir sind die Moorsoldaten
und ziehen mit dem Spaten ins Moor

Refrain

Hier in dieser öden Heide
ist das Lager aufgebaut,
wo wir fern von jeder Freude
hinter Stacheldraht verstaut

Refrain

Morgens ziehen die Kolonnen
in das Moor zur Arbeit hin.
Graben bei dem Brand der Sonne
doch zur Heimat steht der Sinn.

Refrain

Heimwärts, heimwärts jeder sehnet
sich zu Eltern, Weib und Kind.
Manche Brust ein Seufzer dehnet,
weil wir hier gefangen sind.

Refrain

Auf und nieder gehn die Posten,
keiner, keiner kann hindurch.
Flucht wird nur das Lenen kosten,
vierfach umzäunt ist die Burg.

Refrain

Doch für uns gibt es kein Klagen,
ewig kann's nicht Winter sein.
Einmal werden froh wir sagen:
Heimat, du bist wieder mein.

Refrain :

Dann ziehn die Moorsoldaten
nicht mehr mit dem Spaten ins Moor !

texte français du "chant des marais"

écouter le "chant du marais" en français

Loin dans l'infini s'étendent
De grands prés marécageux
Pas un seul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux

Refrain :

Oh! Terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher.

Dans ce camp morne et sauvage
Entouré d'un mur de fer
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d'un grand désert.

Refrain

Bruit des pas et bruit des armes
Sentinelles jours et nuits
Et du sang, des cris, des larmes
La mort pour celui qui fuit.

Refrain

Mais un jour dans notre vie
Le printemps refleurira
Liberté, Liberté chérie
Je dirai: Tu es à moi.

Dernier Refrain :

Oh! Terre enfin libre
Où nous pourrons revivre (bis)
Aimer - Aimer


Idée de travail interdisciplinaire : (histoire - français - allemand) Il serait intéressant de comparer le texte des deux versions de ce chant.


"Nuit et brouillard" de Jean Ferrat

écouter le début de cette chanson



Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent

Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été

La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir

Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux

Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues

Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers

On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare

Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais* les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent



*
twist : danse à la mode chez les jeunes des années 60


Jean Ferrat



(source "mémoire de la d.")

Une visite virtuelle s'impose sur le site de "mémoire de la d."

où vous trouverez beaucoup d'autres documents


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