(document remis à tous les élèves inscrits au concours 2003)

CONSEILS POUR LES ÉLÈVES DE MOULIN DES PRÉS
PARTICIPANT AU CONCOURS NATIONAL DE LA RÉSISTANCE.

Rappel du thème de cette année:
"Les jeunes dans la Résistance."


Principes de travail
Travaillez méthodiquement
: Un principe général : aller du plus général au particulier. Cela veut dire qu'avant de vous lancer dans la recherche sur sur tel ou tel résistant, sur telle ou telle organisation de résistance, sur tel ou tel acte de résistance vous devez connaître les événements généraux de la période 1933-1945, et les grandes lignes de la situation particulière de la France sous l'occupation . Pour prendre une image cette démarche ressemble au début d'un film western : le film commence par un vaste paysage de désert et de montagnes dans le lointain, (l'ensemble des évènements les plus importants de la guerre) puis le "zoom" se rapproche progressivement d'une partie du paysage où l'on commence à distinguer un minuscule cavalier au galop (la situation particulière de la France pendant la guerre, occupation, gouvernement deVichy et collaboration, conditions de vie difficiles, la résistance), enfin le zoom se rapproche encore et permet de voir en gros plan la tête du cavalier et la sueur perlant à son front... (les jeunes dans la résistance).
Ainsi vous aurez progressivement vu le contexte, le cadre général dans lequel se place votre sujet d'étude. Grâce à cette étude préliminaire vous serez à même de comprendre et donc de réfléchir au plan de votre mémoire sur les origines et l'évolution de la résistance. et vous pourrez alors rechercher, comprendre et sélectionner les documents et témoignages nécessaires pour réaliser votre dossier sur l'aspect particulier "les jeunes dans la Résistance".

Comment faire ?
1. commencer par étudier le plus simple les pages de votre manuel d'histoire sur l'Allemagne nazie et les origines de la guerre (pages 64 à 78) Vous aurez ainsi les grands traits l'idéologie nazie et du régime totalitaire de l'Allemagne hitlérienne qui vont précipiter le monde dans la guerre.
Vous lirez ensuite le chapitre 4 du manuel:
# les grandes phases de la guerre mondiale (pages 80 à 87),
# les conditions de l'occupation hitlérienne en Europe (pages 88 à 93 et 111),
# l'histoire particulière de la France pendant la guerre (pages 94 à 101). Vous accorderez une attention particulière aux pages 98 à 101 sur la Résistance française.
2. Ensuite vous pourrez passer aux ouvrages plus spécialisés sur la Résistance.
Sur ce dernier point les ressources de la documentation du Collège sont importantes. Livres, revues, CDROM. Vous pourrez aller aussi à la bibliothèque du XIII° ou auprès d'une association de résistants vous faire indiquer les ouvrages de témoignages, ou de biographies.

J'inviterai des résistants à venir au collège discuter avec vous et vous apportez leurs témoignages. Vous pourrez de votre côté recueillir d'autres témoignages auprès de personnes que vous connaissez. Vous pourrez contacter les associations de résistants pour demander de rencontrer des résistants.
Dans tous les cas avant ces rencontres, vous préparerez soigneusement vos questions pour ne rien oublier en vous aidant du questionnaire que je joins à ce petit dossier.

Précision importante :Pour la confection pratique du dossier, et pour le rendre le plus vivant possible, il est bon qu'il contienne des reproductions de documents. Dans tous les cas, il faut que chaque document que vous avez choisi, figure dans le dossier au bon endroit et que ce document soit accompagné d'un titre et d'une légende explicative que vous aurez vous même rédigés, exposant en quoi ce document est intéressant pour préciser ceci ou cela. Surtout ne vous contentez pas d'accumuler des photocopies sans accompagnement personnel.
Vous pouvez aussi illustrer votre travail par des dessins personnels.

Calendrier de travail :
L'organisation de votre travail : tout doit être terminé pour le début mars 2003. Cela vous semble encore loin, mais attention le temps passe très vite. Commencez dès maintenant, travaillez progressivement et n'attendez pas les dernières semaines !
· D'ici à la rentrée des vacances de la Toussaint, vous devez avoir terminé le point 1 décrit plus haut.
· Puis en novembre -décembre, vous aborderez le point 2, vous réunirez alors tous les documents et les informations nécessaires à votre dossier dont vous établirez un plan détaillé. (vous me présenter ce plan à la rentrée des vacances de Noël, début janvier)
· En janvier vous ferez les rectifications nécessaires à votre plan et compléterez votre documentation.
· En février, vous rédigerez en fonction de votre plan et vous composerez matériellement le dossier (rédaction au propre, soit manuelle, soit sur ordinateur, insertion des documents avec leur titre et légende, etc.)
Vous me présenterez votre dossier au retour des vacances de février au plus tard pour que j'ai le temps d'en prendre connaissance et de vous signaler le cas échéant d'apporter tel ou tel complément ou rectification.

Des documents de première importance à consulter:

=> Des CDROM à consulter à la documentation
· CDROM "La Résistance" en France, réalisé par la Fondation de la Résistance. (fondamental)
· CDROM "Mémoire de la Déportation", de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

=>Des livres :
Jean-François MURACCIOLE Histoire de la résistance en France 1993 PUF Que-sais-je n°429 Yves DURAND La France dans la seconde guerre mondiale 1989 Armand Colin

=>Des cassettes vidéo à emprunter au Cabinet d'Histoire du Collège (sur la liste jointe avec ce dossier les casettes indiquées par une flèche sont particulièrement importantes à visionner.)

===> des sites internet comme par exemple:
celui du collège : http://mapage.noos.fr/moulinhg , puis sur la page d'accueil cliquer sur le lien "concours de la résistance"
FNDIRP : http://fndirp.com
Fondation pour la mémoire de la déportation : http://WWW.fmd.asso.fr
Bienvenue sur le site Charles de Gaulle : http://charles-de-gaulle.org
Mémoire net : http://hpwww.ec-lyon.fr/hpserv/carip/memoire-net/index.html
partisans.ifrance.com : http://partisans.ifrance.com/partisans
Mémoire et espoirs de la résistance : memoresist-mer@club-internet.fr
Amis de la fondation mémoire et espoir de la résistance : http://www.afmd.asso.fr


=> Quelques adresses utiles où vous trouverez documentation et possibilité de rencontrer des témoins :

· Fondation de la Résistance.
Hôtel des Invalides. 30 Bd des Invalides 75007 Paris. Tel 01 47 05 73 69
· Musée de la Résistance nationale
88 avenue Marx-Dormoy. 94500 Champigny-sur-Marne Tel 01 48 81 00 80
· Fédération nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes.
10 rue Leroux 75116 Paris Tel 01 44 17 38 22
Cette association à une section qui tient une permanence à la mairie du XIII°, le jeudi après midi.
· Association nationale des anciennes Déportées et Internées de la Résistance.
241 Boulevard Saint-Germain 75007 Paris. Tel 01 45 51 34 14
· Association des amis de la fondation Mémoire et Espoirs de la Résistance
31 boulevard Saint Germain 75005 Paris tel 01 43 25 84 98
· Musée de l'Armée. Hôtel des Invalides. 75007 Paris
· Musée Jean Moulin.
23 Allée de la 2°D.B. Dalle Jardin Atlantique gare Montparnasse. Tel 01 40 64 39
· Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance de Paris
79 r St Blaise 75020 PARIS 01 44 64 80 60

Résistance et déportation : le contexte historique

(extraits du dossier "Mémoires de la Résistance et de la Déportation" du Musée de la Résistance Nationale paru en 1998.)

Le XXème siècle restera dans l'histoire celui de deux Guerres mondiales.
Ces deux conflits présentent de grandes différences particulièrement dans les représentations du souvenir et de la mémoire de la collectivité nationale.

Le premier conflit est classique.

Les monuments aux morts de la Première Guerre mondiale, présents dans toutes les communes de France, à l'image du tombeau et de la flamme du soldat inconnu symbolisent le souvenir national d'un conflit militaire sans précédent par son ampleur et ses deuils, mais de type classique entre États.
Le second conflit est traversé par une dimension idéologique majeure.
Face à l'idéologie barbare de domination de l'Allemagne hitlérienne et de ses alliés, les États et les peuples se sont dressés pour la défense de la liberté et les droits de l'homme.
Lors de la Deuxième Guerre mondiale, après l'armistice de juin 1940, ceux qui poursuivent le combat, à l'extérieur autour du général de Gaulle et de la France libre, ou à l'intérieur, sont des volontaires et des rebelles.
En métropole, ces hommes volontaires, sont des soldats sans uniforme. Ils sont français mais aussi immigrés ou étrangers. Nombreux sont des jeunes et des femmes. Dans l'ombre de la clandestinité, ils mènent une guerre nouvelle, la Résistance. Sur tout le territoire national, ils affrontent un ennemi (l'occupant nazi et l' État français) sur tous les terrains qu'il occupe : militaire, économique, politique, idéologique. C'est une guerre totale contre l'oppression établie par l'Allemagne nazie, ses alliés, ses complices. Ce combat livré, au coeur même du dispositif ennemi, nécessaire et décisif pour la libération de la Nation et la reconquête de ses libertés, a dû faire face aux appareils répressifs de l'occupant et de l' État français de plus en plus liés dans la collaboration.

Le bilan est lourd.

Plus de 140 000 déportés : 76 000 juifs victimes de la persécution raciale ; 65 000 « politiques » essentiellement des résistants. Dans toute la France des milliers d'autres sont torturés, fusillés, mas-sacrés dans les prisons et les camps. Sont réprimées toutes les actions qui vont à l'encontre des objectifs de l'occupant et du gouvernement de Vichy, dans tous les domaines de la vie sociale (confection de presse clandestine; organisation de manifestations, de grèves, de sabotages; actions de démoralisation et de renseignements ...). L'aide aux persécutés et le soutien à la Résistance sont eux aussi toujours sanctionnés. Dans les mois qui précèdent la Libération cette répression s'alourdit considérablement. Les exécutions de maquisards pris les armes à la main se multiplient, les massacres de populations civiles, considérées comme complices de la Résistance, se développent sur tout le territoire. Oradour-sur-Glane en est l'exemple symbolique.

La répression

Au lendemain de l'effondrement national de l'été 1940, les Français vont relever d'une double autorité
· Autorité militaire allemande en zone occupée, exercée par le M.B.F. (Militarbefehlhaber im Frankreich). Il siège à Paris à l'hôtel Majestic, relayé par des Kommandantur dans les villes et les régions.
Le M.B.F.édicte des ordonnances; utilise ses propres services de police comme l' Abwehr (contre-espionnage) , la Feldgendarmerie (police militaire de campagne). Les coupables sont jugés par les tribunaux militaires.
. L' « État Français » dont le gouvernement siège Vichy, mais qui administre la France entière (sauf les trois départements de l'Est annexés et la zone interdite (Nord-Pas-de-Calais) où son autorité est plus limitée. Toutefois, l'occupant peut s'opposer à une décision de Vichy s'il l'estime contraire à ses intérêts.
Gouvernement autoritaire, le gouvernement légifère sous -contrôle. Il renforce considérablement les services de police, surtout de la police politique (R.G. Renseignements Généraux), avec leurs B.S. (Brigades Spéciales). Il s'efforce aussi d'utiliser des services de 1' armée d'armistice.
Le système de l'internement, par simple mesure administrative, sans jugement, dans des camps spéciaux, peut frapper largement les "suspects" .

La répression répond aux objectifs fondamentaux de l'une et de l'autre de ces autorités. Ils apparaissent nettement dès le début.
===> Pour l'occupant : la guerre qu'il mène est le souci premier.
- La répression frappe naturellement ceux qui aident les adversaires du Reich (réseaux de renseignements, auteurs d'actions dirigées contre la Wehrmacht)
- Mais, plus largement, l'occupant veut utiliser au maximum les ressources du pays pour les besoins de la Wehrmacht et de 1'économie de guerre allemande . Il faut donc obtenir la docilité des Français, les priver de tout moyen d'expression et d'action. Les ordonnances rendent passibles du tribunal militaire l'exercice de toutes les libertés républicaines.

====> Pour l' Etat Français,
c'est la Révolution Nationale qui est la tâche fondamentale : l'établissement sous l'égide du Maréchal, d'un régime autoritaire qui supprime la République et restructure la société selon un ordre hiérarchique. La répression frappe tous ceux qui s'opposent à la Révolution Nationale présentée comme la condition du redressement français : ils sont l'Anti-France . On y trouve pêle-mêle Gaullistes, hommes du Front Populaire, communistes, syndicalistes, francs-maçons étrangers et juifs.

Dès le début, les liens existent entre les deux types de répression.
- Parallélisme, en premier lieu, la suppression de toutes les libertés.
- D'après l'armistice, les fonctionnaires français doivent collaborer avec les autorités allemandes pour faire respecter les réglementations allemandes.

La répression va s'accentuer de plus en plus avec l'évolution générale de la guerre et le développement de la Résistance.
l'occupant

A l'appareil militaire, s'ajoute, à partir du deuxième semestre 1941, la Police Politique nazie: le S.D. (Sicherheitsdienst : police secrète d'Etat) auquel on donne généralement le nom de Gestapo ( à l'origine du système répressif dès 1933 en Allemagne). Le S.D. est présent dans toutes les régions sous la forme de Commando (K.D.S.). Il est entièrement pris en main par la S.S. (Schutzstaffel), formation d'élite du parti nazi. A partir d'avril-mai 1942 le S.S. Oberg dirige l'ensemble des polices allemandes en France.
Les méthodes de répression se renforcent :
- Les condamnations à mort des tribunaux militaires se multiplient ( « Avis » ).
- Les autorités militaires appliquent le système des otages, souvent tirés des camps d'internement de Vichy : première grande fusillade, près de 100 otages, le 22 octobre 1941 (à Châteaubriant--Nantes); le 23 (à Bordeaux).
- A partir de fin 1941. la déportation dans les camps de concentration nazis est utilisée comme moyen de répression, en même temps que sont organisés les premiers convois de juifs.
- Dans la deuxième moitié de 1943, la Wehrmacht interne directement sur le terrain.

L'Etat Français

* Développement de l'appareil policier
_ surtout R.G. et B.S. dans toute la France
_ création d'un corps spécial, les G.M.R. (groupes mobiles de réserve)
- polices spécialises: police antijuive; police anticommuniste; service des menées antinationales, etc...
* Développement de polices parallèles issus de groupements fascistes. La principale, la Milice, devient, le 30 janvier 1943, une organisation légale chargée de participer activement au redressement politique social, économique, intellectuel et moral de la France .
* Des Justices d'exception s'ajoutent l'appareil de justice ordinaire, surtout les Sections Spéciales créées en août 1941 pour juger les communistes et les anarchistes , puis tout ce qui est baptisé « menées antinationales » .
* En 1944, l'Etat Français n'est plus qu'un État policier où règne la Milice, dont le chef Darnand est nommé responsable au maintien de l'ordre.

La Collaboration devient de plus en plus étroite, à partir de 1942. Les accords entre Oberg et Bousquet (secrétaire général de la police de Vichy) harmonisent l'action des polices allemandes et vichystes dans toute la France. Cette collaboration donne à la lutte contre la Résistance une redoutable efficacité (travail en commun des R.G. et de la Gestapo) -, elle permet aussi d'accélérer la mise en oeuvre en France du processus conduisant au génocide des juifs.

A partir du printemps 1944, la répression prend un caractère terroriste et une dimension de masse. G.M.R. et Milice combattent aux côtés de la Wehrmacht contre les maquis. C'est le temps des assassinats individuels et collectifs, des atrocités et des massacres dans la population, considérée comme complice de la Résistance.

La Résistance, pourquoi , Comment ?

Le fait est là : près d'un demi siècle après la Seconde Guerre Mondiale si l'on dit de quelqu'un qu'il a « été dans la résistance » , qu'il a « fait de la résistance » ou qu'il fut « un résistant » , nul ne s'étonne de la concision du propos. D'emblée, avec sympathie, indifférence ou hostilité, les mots « résister », « résistant », « Résistance » sont acceptés, compris, reconnus avec l'immédiateté d'un sens que, pourtant, aucune formulation ne parvient à épuiser.

Contre quoi résister ?

Ainsi que le rappelle l'étymologie, il n'est de résistants et de Résistance qu'en réaction à une situation imposée et refusée.
A partir de 1'été 1940, tout habitant de la France est confronté une situation inédite : la défaite, l'occupation et la partition du pays au cours d'un conflit dont l'enjeu n'est pas la énième révision d'un statu quo antérieur. Par la guerre totale qu'ils ont déclenchée, l'Allemagne, l'Italie et le Japon entendent établir à leur profit un Ordre Nouveau mondial caractérisé par l'asservissement et la destruction de nations entières. Domaine réservé de l'Allemagne nazie et accessoirement de l'Italie fasciste, l'Europe est l'objet d'un pillage systématique de ses ressources matérielles et humaines; oppression qui s'accompagne de l'extension des méthodes de gouvernement hitlériennes et des applications de l'idéologie raciste meurtrière justificatrice de la conquête.
Ennemi héréditaire de l'Allemagne, et donc à terme vouée disparaître, la France est, dans l'immédiat des plans de guerre nazis, une pièce maîtresse dont l'utilisation est la clef du succès de la croisade antibolchévique destinée à détruire l' Etat soviétique. En conjonction avec ce projet, le gouvernement français, présidé par le maréchal Pétain, ordonne l'arrêt des combats, signe une convention d'armistice le 23 juin 1940 et, par une politique de collaboration active, s'efforce de convaincre l'Allemagne nazie qu'elle n'a pas de meilleur allié que la France. Sous le couvert de Révolution Nationale, l' Etat Français soumet la population à un régime dictatorial soucieux de la participation de la France à la construction de l'Europe hitlérienne.
Dans ces conditions, il n'est pas un seul point du territoire français, pas un atome du corps social, pas une dimension de la vie des populations qui échappe aux poids de l'occupant et de ses relais. En même temps les formes prises par cette oppression ne cessent de varier dans un espace compartimenté (zone « annexée », « interdite » , « occupée » , « zone dite libre » , etc ... ), et selon une chronologie « étroitement tributaire des événements militaires (débarquement allié en Afrique du Nord, bataille de Stalingrad, etc ... ). A la fois potentiellement une et nécessairement plurielle, la Résistance est ainsi contrainte de tenir et de coordonner des fronts aussi multiples que mouvants.

En outre, l'effondrement des institutions républicaines et le détournement de la légalité et de l'appareil d'Etat au profit de Vichy prive cette Résistance de points d'appui matériels et moraux essentiels. Ainsi, les premiers refus sont-ils le plus souvent portés par des individus isolés - Parti communiste excepté - , dont l'entrée en action fait progressivement boule-de-neige. Naissent ainsi des formations originales - Mouvements et réseaux -, qui forgent leur identité dans le combat résistant, sans s'arrêter aux classiques clivages sociaux, politiques et culturels. Tous sont également contraints de puiser la légitimité de leur action dans cette action elle-même, continuellement battue en brèche par une propagande adverse qui presente les résistants comme des agents de 1'étranger et/ou des terroristes .

Comment résister ?

par la propagande
Le front idéologique et politique est l'un des premiers occupés, car les plans du IIIème Reich comme ceux de Vichy exigent la docilité des Français - d'où une mise en condition impitoyable excluant l'expression de toute pensée libre. Faire entendre leur voix, dissiper illusions et mensonges pour convaincre est donc un objectif essentiel des résistants. Graffiti, papillons, tracts et journaux clandestins mobilisent pendant toute la durée de la guerre les militants de tous milieux et les professionnels de 1' écrit - écrivains, journalistes, dactylos, tireurs à la ronéo, imprimeurs, etc... Les lourdes pertes subies dans ce secteur attestent de l'importance de ce travail.
par la lutte syndicale.
Le front économique et social est lui aussi essentiel. La France doit être l'un des principaux fournisseurs de la machine de guerre hitlérienne, ce qui implique pillage et exploitation du pays. Les limiter c'est empêcher que l'économie française tourne plein rendement au profit de l'occupant, c'est aussi défendre les intérêts matériels d'une population privée de tout. D'où l'importance des actions animées par le mouvement syndical et les formations socio-professionnelles résistantes - notamment les groupements féminins. Soucieuses d'empêcher tout ce qui pourrait compromettre le bon fonctionnement de l'appareil productif français, les autorités occupantes et vichystes répriment durement actes de sabotage, mais aussi lockouts, grèves et manifestations revendicatives - en particulier ouvrières et paysannes.
Résister dans le cadre de son métier.
Plus largement, c'est l'activité professionnelle de toute la population qui fonctionne comme enjeu, lieu et source privilégiés de résistances : enseignants, écrivains, artistes luttant contre les attaques portées à la culture française, tant par Vichy que par l'occupant -, médecins alarmés par la destruction physique de la nation (terme choisi par le programme du CNR) ou se risquant à soigner les soldats sans uniforme, etc... Et jusqu'au sein de l'appareil répressif que juristes et agents des forces de l'ordre s'efforcent de faire dysfonctionner. Autant d'actions dont l'accumulation concourt à briser les liens entre l' Etat Français et la société civile, à asseoir la légitimité et l'autorité des organisations de la Résistance dans la population, à reconstruire en résistance la vie nationale elle-même.
par l'action militaire.
Bien que décisif, le front militaire n'est pas au départ le plus important et il ne se renforce que progressivement. Ses combattants ont chacun leur spécificité: engagés volontaires dans les Forces Françaises Libres de de Gaulle -, partisans de la guérilla organisés dans les Francs-Tireurs et Partisans ou dans les Groupes Francs réfractaires au Service du Travail Obligatoire devenus maquisards -, recrues de l'Arme Secrète préparant le jour J -, officiers de l'armée d'armistice affiliés à l'Organisation de Résistance de l'Armée -, sans oublier les agents de renseignement rattachés aux services anglo-saxons, ceux de la France Libre ou aux réseaux des Mouvements.
par le secours aux évadés, aux victimes de persécutions, aux aviateurs abattus, etc...
Individuelles ou organisées, les actions de solidarité sont une dimension permanente du combat résistant : aide aux prisonniers de guerre; mise en place de filières d'évasions ou de passages aux frontières -, aide aux victimes des persécutions antisémites, racistes et xénophobes, aux résistants internés et à leurs familles -, secours procurés aux réfractaires au Service du Travail Obligatoire ; approvisionnement des maquisards, etc...

Qui sont les résistants ?

Le résistant n'est pas un être abstrait. Chacun réagit, avec sa personnalité, contre ce qui lui apparaît insupportable et le choix de s'engager dans l'action interdite est nécessairement dicté par des motivations fondamentales, à la hauteur des enjeux et des périls encourus. Chacun puise dans ses convictions philosophiques, religieuses et politiques, dans ses engagements sociaux antérieurs, les raisons d'entrer en résistance où l'on risque sa vie.
On trouve en force, dès le début, ceux qui avaient compris et combattu le danger que représentait pour les libertés et l'existence même de la nation, le fascisme avec au premier rang l'Allemagne nazie. Nombre d'entre eux ont participé aux actions antifascistes de l'entre-deux-guerres, en particulier celles animées par les organisations politiques et syndicales associées un temps au sein du Front Populaire. Les valeurs de gauche sont donc un puissant fondement de l'action résistante. Elles lui donnent son double contenu de défense des libertés et du progrès social, inséparables de la défense de l'indépendance nationale. Ce sont ces principes que retiendra le programme d'action du Conseil National de la Résistance. Toute la gauche n'entre cependant pas en résistance, certains de ses éléments rejoignent même le vichysme, voire la collaboration.
D'autres Français, qu'on ne peut classer à gauche, sont, eux aussi, debout dès le début contre l'ennemi. Ils n'ont pas participé au Front Populaire - voire ils l'ont combattu -, mais ils ont pris conscience du danger majeur que représentait l'Allemagne nazie pour la France. Ils ont désapprouvé la politique d' apaisement face aux agressions des États fascistes et notamment les accords de Munich. En 1940, il leur est impossible de supporter l'humiliation de la défaite et l'abaissement national que constitue la capitulation du gouvernement en place. Parmi eux, des officiers d'active ou de réserve qui considèrent comme de leur devoir de continuer la guerre contre l'Allemagne en reconstruisant une armée, à l'extérieur ou à l'intérieur, ou en aidant les armées alliées. Cette tendance est amplifiée par les événements de l'automne 1942 : l'occupation allemande de la zone sud font disparaître les illusions sur la oit-disant fonction protectrice du régime de Vichy et sa capacité à préparer la revanche.
De même, malgré l'engagement de l'Eglise catholique aux côtés du régime pétainiste, des petits groupes entrent immédiatement, en tant que chrétiens, dans le camp de la Résistance. Ils dénoncent l'incompatibilité entre la foi chrétienne et le fascisme, ils s'emploient mobiliser des milieux portés par leurs convictions religieuses à combattre la barbarie de l'ennemi, par exemple les grandes persécutions antisémites de l'été 1942.

Croyants et non-croyants, gens de gauche et gens de droite , dans la diversité de leurs trajets, tous ces combattants volontaires ont exprimé cet esprit civique de responsabilité individuelle envers la collectivité dont s'est nourri la Résistance et à travers elle, la plupart des grands courants de pensée philosophiques, religieux et politiques.

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Recueillir un témoignage

Si les témoins constituent des sources d'information exceptionnelles, il est indispensable de pouvoir compléter chaque témoignage par une ou plusieurs autres sources d'information (autres témoignages, archives, travaux historiques). Le croisement des informations permettra d'avoir une vision plus large du thème choisi et de faire apparaître d'éventuelles incohérences, de possibles manques, de probables découvertes inédites.

Cependant, lors de 1'entretien, au moins dans un premier temps, il peut être plus intéressant de laisser parler librement le témoin, sans forcément le contredire sur des points que l'on sait discutables, quitte à lui poser des questions plus précises une fois son témoignage achevé. Cette démarche présente deux avantages. D'une part, elle permet d'obtenir une information brute, qui n'est pas influencée, même involontairement par celui qui recueille le témoignage. D'autre part, le témoignage n'est pas vécu comme un interrogatoire, même bienveillant, ce qui peut faciliter les reprises ultérieures.

Plan des questions pour recueillir une témoignage.

La situation du témoin avant guerre
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Situation familiale.
- Situation scolaire ou professionnelle.
- éventuellement engagement politique ou associatif.

L'engagement dans une action de résistance
Les motivations de cet engagement.
Ce qui est apparu insupportable dans la situation de la France et pourquoi:
la présence d'un occupant (allemand ou italien) ;
l' État Français (Vichy) ;
les difficultés de la vie quotidienne -,
la suppression des libertés et la répression de la Résistance ;
les mesures xénophobes et antisémites -,
les menaces de réquisition de la main-d'oeuvre (Relève, STO) ;
l'occupation de toute la France en novembre 1942, etc ?
Les voies de l'entrée en Résistance
Par quel contact , Amis, collègues de travail, famille
Quelle(s) organisation(s) de Résistance ?
Maintien de l'appartenance à une organisation existante avant-guerre et devenue clandestine ou entrée dans une organisation clandestine n'existant pas avant-guerre (Mouvements, Réseaux ... ) ?
les actions de résistance
- Conditions de vie quotidienne et personnelle (légalité, clandestinité : contraintes et risques) durant tout le temps de l'action résistante ?
- Type(s) d'activité(s) résistante(s) et responsabilité(s) ? Faire raconter au témoin le plus concrètement possible cette ou ces activités.
- Que savait-il des autres mouvements ou organisations de résistance ?
- Comment a-t-il vécu les combats de la libération en 1944 ?

Eventuellement l'arrestation et la déportation
-
Situation du témoin au moment de son arrestation
- Circonstances de l'arrestation : pourquoi, quand, où, comment, par qui ?
- Conséquences de l'arrestation (interrogatoire, jugement, détention, etc.).
- lieu et conditions de la détention
- lieu et conditions de la déportation
- Conditions de la libération

La mémoire de la résistance
- le témoin est-il membre d'une association de résistants
- ses motivations pour avoir accepté de témoigner
- quelles sont les valeurs qui justifient à ses yeux aujourd'hui encore son engagement d'alors



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