Jean-Baptiste Greuze étude de la composition de "L'accordée de village "

pour voir un corrigé plus précis voir ICI

Les figures "vont en ondoyant " dit Diderot. Prenez les têtes des personnages, reliez-les par une ligne, vous obtenez en effet comme un dessin de vagues.


les figures vont " en pyramidant" dit Diderot. La composition pyramidale est la forme de composition la plus utilisée depuis la Renaissance. Dans ces compositions pyramidales les personnages sont disposés de façon à ce que leur corps reconstituent une sorte de pyramide dont le sommet est situé sur la médiane verticale du tableau. (Dans votre recherche vous en avez vu de magnifiques exemples avec le portrait du chancelier Séguier, ou encore dans "la vierge aux rochers " de Vinci


ou encore "la belle jardinière " de Raphael)


.Ici dans ce tableau de Greuze, on peut déceler plusieurs " pyramides " :

celle dont la tête du fiancé, bien isolée sur le mur du fond (n'est-il pas encore l'étranger dans la famille) est le sommet et dont les côtés vont rejoindre les angles infé;rieurs du tableau.

Mais la pyramide principale est plus grande, elle aussi a pour axe la médiane verticale. Son sommet est l'étoffe retombante de l'étagère (à rapprocher de l'étoffe rouge de la mort de la Vierge ou des parasols du chancelier , n'est pas là aussi une sorte de dais, bien modeste certes, mais dont le rôle de mise en valeur du sujet principal reste le même ?). Les cotés de cette pyramide voient s'aligner six personnages (quatre à gauche, deux à droite).


Autre pyramide bien visible constituée par les trois personnages de droite.


Autre encore celle à gauche dont la fiancée occupe le sommet, mais dont le coté droit plus raide passant par les mains des fiancés va rejoindre le bas de la médiane centrale.


Remarquez aussi que l'angle du mur à gauche correspond exactement au petit coté rabattu sur le grand, ce qui délimite un vaste carré. La lumière qui vient du haut à gauche est parallèle à un coté de ces pyramides, elle éclaire de face le visage du père qui semble ainsi invoquer le ciel pour qu'il protège cette union.



Le fiancé est aussi le personnage qui relie les deux groupes de personnages: car si sa tête se détache isolée, son bras droit enlace celui de sa "promise". Cela exprime le sentiment d'amour des deux jeunes gens. La fiancée, ne touche la peau du jeune homme que du bout de deux doigts (contraste avec l'étreinte qu'elle reçoit de sa mère et de sa soeur). L'autre main du jeune homme tient le sac d'écus, elle est comprise entre les deux mains tendues du père. Expression du contrat que consigne le notaire (tabellion) assis à la table.


Vous pourriez trouver un autre itinéraire de lecture en suivant les directions des regards., tous suivent des lignes obliques qui renforcent la structure pyramidale de l'ensemble.

la plupart convergent vers le fiancé, la promise et sa soeur regardent au sol. Les deux enfants regardent les poussins.


L'ensemble de la scène, mur du fond, personnages se déroule en parallèle au plan du tableau. L'artiste, comme Poussin et Le Brun recherche la frontalité. Les couleurs, où dominent gris bleu et ocre, sont simplement rehaussées d'un rouge rompu et de blanc (symbolisant la pureté et l'innocence sur les vêtements de la fiancée). Les couleurs comme la composition ont donc une allure classique. (les toiles de Watteau et Boucher au contraire, fuient la frontalité, leurs scènes sont des morceaux d'espace oblique, d'un angle proche au premier plan on s'enfonce, à l'angle opposé, dans les lointains. Et la gamme des couleurs chaudes est largement développée. )

Dans cette oeuvre c'est le réalisme de la représentation qui a touché Diderot. Contrairement au tableau de Boucher où l'on ne peut imaginer de rencontrer de frêles jeunes filles à la peau aussi fragile, nues dans la forêt, celui de Greuze se situe dans un cadre vraisemblable, celui de la maison modeste mais déjà confortable d'un "laboureur", les vêtements sont ceux des paysans de l'époque. Mais pour Diderot ce réalisme n'aurait que peu de valeur s'il ne servait à exprimer les sentiments. C'est le "pathétique" qui est à ses yeux la vrai valeur de cette oeuvre. Mais c'est pourtant ce "pathétique" qui la rend moins réaliste, car l'artiste a dû rassembler en un seul moment des expressions, des attitudes qui n'ont pu, au mieux, que se succéder dans le temps. D'ailleurs malgré l'apparente autonomie des figures Diderot dit bien "chacune fait ce qu'elle doit". C'est donc, sous les apparences du réalisme, une scène codifiée aux attitudes conventionnelles, qui n'est au fond pas plus naturelle que celle de Boucher. Mais son sujet n'a plus la superficialité un peu friponne du peintre rococo, mais la gravité attendrie du peintre social, ami de la vertu et du devoir.

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