Corrigé d'une visite au Louvre.

Caravage - 1571-1610

La diseuse de bonne aventure

Scène de genre. Peinture à l'huile sur toile. Dimensions (on indique toujours la hauteur puis la largeur en cm) ici : 99 x 131 cm

Couleur dominante jaune dorée cherchant à évoquer la couleur du soleil. La lumière vient de gauche, d'une fenêtre semble-t-il car son châssis se projette sur le mur en arrière plan. Le visage du jeune homme est en pleine lumière, celui de la jeune fille est en grande partie dans l'ombre. Le garçon richement habillé, pourpoint, gants, manteau, chapeau à plumes d'autruche appartient à la noblesse (épée au coté). La jeune femme habillée plus simplement est d'un milieu populaire, une "gitane" ? Le jeu de la lumière semble indi-quer que le garçon n'a rien à cacher (visage en pleine lumière), il offre d'ailleurs la paume ouverte de sa main. La gitane au contraire dissimulée dans l'ombre se demande peut-être comment tromper ce naïf. N'est-elle pas en train de lui prendre sa bague ?


Les aspects novateurs
Les personnages de Raphael et de Vinci sont idéalisés. Ceux de Caravage sont des personnages de la vie courante, ils sont représentés de façon réaliste. On dit que le peintre prit pour modèle une véritable bohémienne qu'il avait rencontré dans la rue. Le nez un peu lourd du garçon ou l'aspect un peu bouffi de la jeune femme par exemple ne correspondent pas à la beauté parfaite, idéale.

La mort de la Vierge. ( pour une analyse plus détaillée voir ICI )

tableau peint en 16O5-16O6. Caravage a alors 32 ans. Il lui reste moins de 5 ans à vivre.
Dimensions : 399 x 245 cm

Le sujet
Genre noble. Tableau à sujet religieux La Vierge est la mère de Jésus-Christ. Pour les catholiques, Marie, conçue exempte du péché originel (dogme de l'immaculée conception),aurait conçu Jésus tout en restant vierge par l'intermédiaire du Saint Esprit (doctrine de la conception virginale).

Une salle vide, pauvre. Aucun mobilier sinon un grabat, un méchante chaise et une bassine. Aucune décoration seul un drap rouge accroché au plafond qui forme comme un étrange dais. Cela donne une impression de dénuement, de pauvreté, cela renforce l'impression de tristesse. L'espace est clos, sans issue. Représentation réaliste d'un drame humain.
Les personnages représentent les apôtres du Christ et Marie Madeleine pleurant la Vierge Marie, morte, allongée sur un lit. Mais les modèles qui ont posé pour le peintre sont certainement tous des personnes réelles, certainement recrutées par le peintre dans la rue ou parmi ses compagnons d'aventures. La Vierge est une jeune femme aux pieds un peu boursouflés, au ventre gonflé. On a même accusé Caravage d'avoir pris pour modèle une prostituée! Au lieu d'avoir le visage tourné vers le ciel, vers l'espérance, la jeune femme a le visage tourné sur le coté. Seul élément surnaturel du tableau, l'auréole à droite de sa tête.

Le refus de l'oeuvre
Les commanditaires du tableau - le contrat de commande de ce tableau précisait: "peindre dans un délai d'un an un tableau représentant le Transitus Beatae Mariae Virginis..." - attendaient au contraire la représentation d'un lieu plus somptueux et des portraits idéalisés, mieux à même de rendre compte de la divinité ou de la sainteté des personnages. Ils attendaient aussi les symboles habituels de la résurrection prochaine. "Transitus" , désigne le passage de l'âme vers l'au-delà, ce que les orthodoxes appellent la Dormition. En effet dans les représentations traditionnelles de la mort de la vierge, à la place du drap rouge est souvent représenté un ciel qui s'ouvre avec le christ vêtu du rouge de la majesté et des anges qui attendent la vierge.) Or Caravage représente la vierge morte et la douleur des vivants, hommes et femme, ses proches. Rien n'évoque l'espoir triomphal d'une résurrection. C'est vraisemblablement la raison du refus des religieux.

Voici une représentation traditionnelle de la Dormition :

icône de la Dormition de la vierge. Fin XV° siècle. École de Novgorod (Russie) Ici le Christ , au centre, recueille l'âme de samère sous la forme d'un bébé emmailloté.




La mise en valeur du drame.

La lumière vient du l'angle supérieur gauche.

comme un "coup de projecteur".

La plus grande partie de la scène reste dans l'ombre. La plupart des personnages tournent le dos à la lumière et ne sont qu'effleurés par elle. Seule la Vierge a la moitié de son corps en pleine lumière. Ce clair-obscur accentue là encore le sentiment du tragique.

L'aspect dramatique de la scène est renforcé par l'attitude des personnages dont les attitudes montrent le chagrin (visages cachés dans les mains ou corps effondrés de douleur). La robe rouge-orangée de la vierge a pour rappel la draperie rouge, sorte de dais inquiètant qui semble planer au dessus la scène comme une menace.



La composition.
Le regard est constamment dirigé vers la Vierge. (voir une partie des trajets possibles sur le schéma fléché). Le regard suit ainsi un parcours en zigzag lentement descendant vers le visage éclairé de la vierge.


Le visage et le haut du corps de la Vierge sont en effet les parties les plus éclairées , les plus claires du tableau. Ces parties claires sont immédiatement cernées par des zones très sombres. C'est le contraste du clair-obscur. La juxtaposition de ces zones très sombres renforce encore l'impression de luminosité de ces parties éclairées. L'ensemble des parties les plus vivement éclairées du tableau s'inscrivent dans un grand triangle.



On peut aussi remarquer qu'en rabattant le petit côté du tableau sur le bas du grand on obtient les 2/3 inférieurs où sont inscrits tous les personnages.

De même le corps horizontal de la Vierge vers lequel tous s'inclinent correspond à la limite marquée par le rabat du petit côté sur le grand mais à partir du haut.



La main droite de la vierge occupe un point remarquable du tableau : le point d'or. En mesurant le rapport des distances de ce point aux côtés opposés, aussi bien horizontalement que verticalement on obtient approximativement 1,618.


On obtient ce même rapport en divisant le côté entier par le plus grand segment allant d'un bord au point d'or. On retrouve approximativement cette proportion en divisant le grand côté du tableau par le petit.

C'est un proportion harmonieuse utilisée depuis l'Antiquité. Elle aurait été utilisée par les architectes des Pyramides ou du Parthénon. Elle établit un jeu de rapports tel que la plus petite partie d'une ligne est dans le même rapport à la plus grande que la plus grande au tout.. Voilà peut-être encore un des griefs des religieux commanditaires du tableau, pourquoi placer en ce point prestigieux la main de la Vierge et non pas sa tête ?


L'influence du Caravage.

Simon Vouet. Non .Peinture claire, lumineuse. Des visages plutôt idéalisés. Exemple "la richesse"


Le Nain. Oui. Représentation de personnages de la vie courante. Il joue du contraste de lumière (clair-obscur). Exemple "intérieur paysan".


Nicolas Poussin. Non. Peinture classique et idéalisée.



Georges de La Tour. Oui. Affectionne les scènes d'intérieur à la flamme d'une bougie permettant de vifs contrastes de clair-obscur. Personnages non idéalisés.

"L'adoration des bergers".

Valentin de Boulogne. Oui. Personnages ordinaires. Clair obscur.

"Un concert"


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